Depuis les premières résolutions sur la protection des civils en 1999 (la résolution 1265 et la résolution 1270), qui encadraient les opérations de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL), notre rôle dans la protection des civils s’est considérablement renforcé. Cette mission constitue désormais un devoir primordial pour plus de 95 pour cent des Casques bleus de l’ONU actuellement déployés.
Le plus souvent déployés dans les zones où les populations civiles sont le plus en danger, les Casques bleus de l’ONU protègent les personnes les plus vulnérables dans les conflits, notamment les populations déplacées ou celles qui fuient leurs maisons, ou qui sont menacées en raison de leur religion, de leur âge, de leur appartenance ethnique ou de leur sexe. Les Casques bleus s’acquittent de cette importante tâche dans des environnements de plus en plus complexes : MINUJUSTH (Haïti), MINUSCA (République centrafricaine), MINUSMA (Mali), MONUSCO (République démocratique du Congo), MINUSS (Soudan du Sud), MINUAD (Darfour), FINUL (Liban), et FISNUA (Abyei).
La protection des civils incombe à tous les Casques bleus : civils, policiers et militaires. Elle se fait en collaboration avec les acteurs humanitaires et dans le respect des principes humanitaires. Le personnel militaire de maintien de la paix ayant un mandat de protection des civils (personnel militaire et de police) a l’autorité et la responsabilité de fournir des services de protection dans la limite de ses capacités et dans les zones où il est déployé, partout où le gouvernement manque de moyens ou de volonté pour assurer cette protection.
Les Casques bleus civils, policiers et pilitaires oeuvrent à la protection des civils de trois principales manières
- Par le dialogue et l'engagement
- Par la fourniture d'une protection civile
- Par la création d'environnements protecteurs
La protection des civils consiste à bien plus qu’à assurer une protection physique. En effet, la prévention constitue également un aspect crucial de la protection. La coopération avec les acteurs locaux est essentielle pour faire face aux menaces qui pèsent sur les communautés. Une mission de maintien de la paix participe au dialogue et à la sensibilisation politique, notamment à l’appui à la réconciliation, aux accords de paix ou à la médiation, à la liaison avec le gouvernement, ou à la résolution des conflits locaux.
Notre mission consiste également à mener des activités qui favorisent la création d’un environnement protecteur, telles que celles visant à restaurer et à étendre l’autorité de l'État, qui aide à renforcer la sécurité et à protéger les civils contre la violence. Le personnel de l’ONU déployé dans nos missions travaille en partenariat avec les gouvernements pour améliorer les institutions et systèmes juridiques nationaux et promouvoir l’équité et la justice à travers l’état de droit.
Le renforcement de la protection passe aussi par la mise en place d’initiatives ciblées en faveur de la protection des populations les plus vulnérables, conformément aux solides mandats conférés par le Conseil de sécurité sur le sort des enfants en temps de conflit armé et la violence sexuelle liée aux conflits.
Nouvelles approches en matière de résolution des conflits locaux
Depuis la fin des années 1990, les dynamiques des conflits intra-étatiques et les types de menaces qui mettent les civils en danger n’ont cessé de changer et d’évoluer. Par conséquent, en nous acquittant de notre obligation de protection des civils, nous avons développé un certain nombre d’outils spécifiques que nous continuons à perfectionner pour améliorer notre capacité à exécuter nos missions de protection des civils.
Aujourd'hui de nombreuses opérations de maintien de la paix, notamment la MINUSCA, la MONUSCO, et la MINUSS, ont déployé avec succès des assistants chargés de la liaison avec la population locale. Il s’agit d’un personnel local bien au fait des dynamiques des conflits locaux, des nuances culturelles et des langues locales, qui travaille souvent dans plusieurs régions du pays. Les assistants chargés de la liaison avec la population locale constituent un formidable atout pour notre travail, puisqu’ils sont chargés de créer des réseaux d’alerte locale pouvant jouer le rôle de système d’alerte rapide ou faciliter les interventions rapides des Casques bleus dans les communautés. Ils œuvrent également à l’élaboration de plans de protection communautaire, qui répertorient les menaces pesant sur les communautés vulnérables et fournissent des orientations plus générales aux Casques bleus dans le cadre de l’exécution de leurs missions de protection locale.
De nouvelles stratégies de résolution des conflits locaux qui facilitent et appuient les accords de paix et les cessez-le-feu au niveau local sont en cours d’adoption en République centrafricaine, tandis qu’au Mali, le personnel civil et en tenue entreprend des initiatives intégrées pour lutter contre les violences et les tensions communautaires en adoptant des approches novatrices en matière de justice et de réconciliation. En RDC, la MONUSCO fait face à une multiplication des zones de protection, et dans le même temps, à une réduction des ressources, en acquérant une nouvelle mobilité et en adoptant une approche de protection intégrée, qui tire parti d’une conjugaison adaptée d’approches civiles, militaires et politiques.
Malgré de grands progrès, il demeure crucial d’améliorer l’exécution de nos missions de protection des civils et de renforcer notre engagement en faveur du maintien de la paix conformément à l’initiative Action pour le maintien de la paix .
À propos de la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies
Le 29 mai marque la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies. Ce jour, les Nations Unies honorent le plus de un million d’hommes et de femmes ayant servi sous le drapeau de l’ONU avec fierté, distinction et courage depuis le premier déploiement en 1948. Nous rendons également hommage aux plus de 3 800 Casques bleus qui ont perdu la vie au service de la paix, y compris à 119 soldats de la paix tombés au champ d’honneur qui se verront décerner la médaille Dag Hammarskjöld à titre posthume cette année.
L’Assemblée générale a choisi le 29 mai, car c’est à cette date qu’en 1948, le Conseil de sécurité a établi la première opération de maintien de la paix de l’ONU, l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) au Moyen-Orient. La Journée internationale a été adoptée en 2002 par la résolution 57/129. Aujourd’hui, plus de 88 000 militaires et policiers provenant de 124 pays, auxquels s’ajoutent près de 14 000 civils, sont déployés dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU à travers le monde. Nous les remercions pour leur service et pour leur sacrifice.