Bienvenue aux Nations Unies
  • (Photo : MINUSCA)

Défenseurs de la paix : Téné Maimouna Zoungrana, éliminer les obstacles liés au sexe dans le secteur pénitentiaire et correctionnel

Plus d’un million de soldats de la paix ont participé à des missions de paix sous le drapeau de l’ONU, mais ils ne sont pas seuls à œuvrer en faveur de la paix. Le maintien de la paix repose sur des partenariats solides et divers. À l’occasion de la Journée internationale des Casques bleus célébrée le 29 mai, nous vous présentons dans cette nouvelle série la voix de soldats de la paix et de partenaires à travers le monde.

Édité par : Maya Kelly et Urjasi Rudra

Téné Maimouna Zoungrana est une agente pénitentiaire, originaire du Burkina Faso, qui travaille pour la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA). Elle a brisé de nombreux stéréotypes et obstacles sexistes dans un milieu typiquement masculin. Aujourd’hui, elle forme et inspire d’autres femmes dans le secteur correctionnel et est nominée pour le prix « Trailblazer Award for Women Justice and Corrections Officers » (Prix de la pionnière récompensant les femmes fonctionnaires de la justice et des services correctionnels) de 2022.

Téné Maimouna Zoungrana est la coordonnatrice des équipes de sécurité à la prison centrale de Ngaragba, la plus grande et la plus tristement célèbre des prisons de la République centrafricaine (RCA). L’établissement compte 1 335 détenus, soit 69 % de la population carcérale totale du pays. L’un des rôles principaux des forces du maintien de la paix consiste à collaborer avec les partenaires nationaux et à renforcer leurs capacités à assurer l’ordre public et l’efficacité des systèmes judiciaires. En sa qualité de formatrice et coordinatrice principale des activités d’intervention rapide, elle aide, aux côtés de son équipe de 42 agents, le personnel pénitentiaire national à gérer les incidents et les crises. Téné Maimouna Zoungrana est chargée d’introduire des modules de formation à l’intervention rapide dans le programme national de l’administration pénitentiaire de la RCA.

« Dans mon milieu professionnel, à savoir le secteur de la sécurité, les femmes sont souvent reléguées au second plan, voire ignorées, en raison des visions stéréotypées selon lesquelles les hommes sont plus aptes à effectuer ce travail. Mon courage, ma force et ma vocation pour ce métier m’ont permis de surmonter les obstacles et de m’affirmer avec assurance dans ce secteur. 

Je pense que ma persévérance est l’une des clés de ma réussite dans ma fonction de formatrice et coordinatrice principale des activités d’intervention rapide à la prison de Ngaragba en RCA. Là où d’autres collègues se montrent réticents, je me porte volontaire pour diriger. Cette attitude a contribué à dissiper certains préjugés concernant les compétences des femmes dans ce milieu professionnel. Je m’investis pleinement dans les tâches qui me sont confiées, souvent plus que mes collègues masculins.

Aujourd’hui, mes collègues m’admirent et m’encouragent à poursuivre dans cette voie. L’intérêt d’autres femmes de la MINUSCA et de l’administration pénitentiaire centrafricaine s’en est trouvé renforcé, et certaines d’entre elles ont choisi de se former et de travailler dans le domaine de l’intervention rapide.

Dans le but de multiplier le nombre de femmes affectées à des rôles non traditionnels, j’organise des réunions d’équipe visant à sensibiliser les femmes à participer activement aux tâches que certains considèrent comme convenant (mieux) aux hommes. J’invite les femmes à participer à des formations conçues pour leur ouvrir des portes et leur permettre d’accéder à des milieux autrefois considérés comme réservés aux hommes. Je leur confie également des tâches au même titre qu’aux hommes.

Ma plus grande fierté est le recrutement et la formation initiale de 300 agents pénitentiaires professionnels civils, dont 50 femmes, qui font partie de l’équipe d’intervention rapide de l’administration pénitentiaire mise en place en 2022.
 En montrant l’exemple en qualité de commandante de l’équipe d’intervention rapide de l’unité correctionnelle de la MINUSCA, je contribue à faire évoluer la place et l’image de la femme... dans le secteur de la sécurité. 
Ma nomination au Trailblazer Award for Women Justice and Corrections Officers est un grand honneur et m’encourage à redoubler d’efforts. Aux côtés de toutes les autres femmes pionnières, nous avons la responsabilité de porter le flambeau et de briser les stéréotypes, les préjugés et les obstacles sexistes que rencontrent les femmes dans le secteur des services correctionnels et de la sécurité. »