Le premier tour des élections législatives de 2020 au Mali, s’est tenu le 29 mars dernier. Sur les 1451 candidats qui briguaient les 147 sièges de l’Assemblée Nationale, 427 étaient des femmes. Ce qui équivaut à 29,44 % et se rapproche du taux de représentation de 30%, fixé par la Loi n° 2015-052/ du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l'accès aux fonctions nominatives et électives. C’est un net progrès par rapport à l’élection législative de 2013 où elles ne représentaient que 13,67% de l’ensemble des candidatures.
Vers les 30%
Le 30 avril 2020, la Cour constitutionnelle a publié les résultats définitifs du deuxième tour des élections législatives 2020. 147 députés ont été élus dans les 55 circonscriptions électorales, dont 42 femmes dans 26 circonscriptions électorales. Soit un taux de 28,57% contre 9,52% pour la législature 2013-2020. Cela signifie que le nombre de femmes élues a triplé, un énorme progrès vers une représentation égale. Selon Catherine Renee Andela, la Cheffe de l’Unité Genre de la MINUSMA : « Ces résultats reflètent les efforts de plusieurs acteurs dont la MINUSMA. Ainsi, les femmes ont souvent eu peu accès à des informations correctes sur le COVID-19 et moins de moyens pour s’en protéger. Comme dans les situations de conflit, la sécurité des femmes a été affectée de façon disproportionnée par rapport à celle des hommes ».
Contribution de la MINUSMA l’Unité à cette augmentation
Conformément aux mandats successifs de la MINUSMA qui lui demande, notamment de tenir compte de la problématique femmes-hommes dans tout son mandat et de porter assistance aux autorités du Mali pour assurer l’inclusion, la participation, et la représentation des femmes, de 2013 à ce jour, l'Unité Genre a été active dans le processus politique incluant le processus de paix au Mali. Dans ce contexte, l'Unité a facilité le dialogue entre les organisations de femmes, et la mise en place d’un réseau de femmes leaders (La Plateforme des Femmes leaders) qui est mobilisé pour toutes les actions en faveur de la participation politique des femmes.
Elle a soutenu le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille à mettre des actions positives en avant pour accroître la participation et la représentation des femmes dans l'arène publique. En 2015, l'Unité a soutenu auprès des organisations de la Société Civiles féminines, le plaidoyer en faveur du projet de loi devenue la Loi 052 du 18 décembre 2015 promouvant un minimum de 30% de l’un des deux sexes dans les fonctions nominatives et électives. L’adoption de cette loi est un point de repère, qui sans aucun doute, contribue à assurer une plus grande implication des femmes dans les affaires publiques.
En vue de contribuer à la promotion de la participation des femmes aux élections, l'Unité Genre a fourni des appuis au « Cadre de Concertation des Femmes des Partis Politiques » visant à identifier les besoins prioritaires des femmes candidats potentielles en 2015. Elle a également soutenu la réalisation des ateliers de renforcement des capacités de potentielles candidates aux élections communales, régionales et du district de Bamako. Un appui financé par les fonds fiduciaires des Nations Unies en 2016, avec l’élaboration et la distribution d’un "guide de la candidate". Plus de 440 femmes potentielles candidates, de divers bords politiques, venant de toutes les régions, ont été formées dans ce cadre, sur le processus électoral et la loi 052 a été vulgarisée. « Cela a induit des changements positifs. Le pourcentage des femmes élues aux élections municipales est passé de 9% en 2009 à plus de 25% en 2016 avec l’application de ladite loi, » a déclaré Mme Andela.
En outre, lors de l’élection présidentielle de 2018, la MINUSMA en collaboration avec d’autres partenaires, a contribué à l’élaboration de l’agenda des femmes du Mali. Celui-ci constitut un mémorandum commun des femmes de la société civile malienne à l’endroit des candidats, contenant 12 domaines avec des besoins prioritaires. Plus de 800 femmes ont pris part à ce processus, ce qui a permis une large vulgarisation de la loi 052 dans toutes les régions du Mali.
Des inégalités persistantes
Les campagnes électorales des femmes candidates ont été affectées par la détérioration des conditions de sécurité et les risques sanitaires liés à COVID-19. Ceux-ci ont contribué à limiter la mobilité des candidates et des électrices. Ainsi, les femmes ont souvent eu peu accès à des informations correctes sur le COVID-19 et moins de moyens pour s’en protéger. Comme dans les situations de conflit, la sécurité des femmes a été affectée de façon disproportionnée par rapport à celle des hommes.
En revanche, la participation des femmes a été positivement influencée par des facteurs tels que la mise à disposition de moyens de transport pour les électrices vers les bureaux de vote, grâce notamment à des associations de femmes dans certaines circonscriptions électorales de la région de Mopti. La mobilisation des électrices pendant les campagnes électorales des candidates a également contribué à plus de participation des femmes au scrutin. Le Groupe Pivot Droits et Citoyenneté des Femmes dont l’observation de ces élections était centrée sur la participation des femmes, recommande une accentuation des actions de sensibilisation citoyenne et de formation, pour contribuer à rehausser le taux de participation des femmes lors des prochaines échéances électorales.