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Soudan du Sud : l'ONU inquiète du sort des civils menacés par une offensive militaire à Aburoc

Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Zeid Ra'ad Al Hussein, a demandé jeudi au gouvernement du Soudan du Sud d'arrêter toute offensive militaire vers Aburoc, sur la rive ouest du Nil, dans la région du Haut-Nil.

Entre 35.000 et 50.000 personnes vivent dans cette zone, dont la plupart sont arrivées ces dernières semaines après avoir effectué des trajets terrifiants de 150 km à pied. Des déplacements qui font suite aux attaques de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) contre des localités au sud de la ville d'Aburoc.

Les civils à Aburoc se retrouvent maintenant dans des zones contrôlées par les rebelles du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan en opposition (SPLM/A-IO) et sont désormais sous la menace d'une offensive militaire du SPLA.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'inquiète du sort de ces personnes vulnérables dans la mesure où les groupes rebelles maintiennent une présence à proximité des zones occupées par des civils, mettant clairement leur vie en danger en cas d'attaque des forces armées gouvernementales et autres éléments associés.

Le HCDH s'inquiète également du fait que le SPLA aurait déployé de nouvelles recrues de l'ethnie Dinka dans la région du Bahr el Ghazal occidental alors que les civils d'Aburoc sont principalement d'origine ethnique Shilluk.

« Les civils d'Aburoc courent le risque d'être victimes de graves violations des droits de l'homme, de violence interethnique et de déplacement », a déclaré le Haut-Commissaire Zeid. « Ce sont des civils qui ont fui des villes comme Tonga et Kodok, au sud, dans les circonstances les plus atroces, forcés de marcher dans la brousse jusqu'à 150 kilomètres et sous des températures élevées. Beaucoup d'entre eux sont morts en cours de route en raison de la déshydratation et de l'épuisement. Ceux qui ont pu atteindre Aburoc y sont arrivés fatigués et effrayés. Ils sont à présent exposés à de graves violences mais doivent faire face à la pénurie de nourriture, d'eau et de soins de santé ».

Le Haut-Commissaire a rappelé que « ce sont des femmes, des enfants et des hommes qui sont à la merci des commandants militaires des deux camps de l'échiquier politico-militaire et qui ont toujours prêté peu ou le moindre égard à la protection des civils ».

M. Zeid a demandé au gouvernement de respecter les promesses faites par le Président Salva Kiir le 25 mars, lorsqu'il s'est engagé à déclarer un cessez-le-feu unilatéral et à œuvrer à une solution politique pour mettre un terme au conflit. Le Haut-Commissaire a appelé toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire, notamment en prenant toutes les précautions possibles pour prévenir les pertes civiles.

« Les civils d'Aburoc n'ont nulle part où aller, le SPLA se rapprochant par le sud et les options de fuite vers le nord étant sévèrement limitées et dangereuses », a dit M. Zeid. « Je demande instamment au SPLM/A-IO de veiller à ce que les zones comptant un grand nombre de civils, y compris Aburoc, soient démilitarisées et que des mesures soient prises pour assurer la protection des civils sous leur contrôle ».

Le Haut-Commissaire a également appelé le gouvernement à accorder à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) un accès à Aburoc et à Kodok et à veiller à ce que les agences humanitaires puissent fournir une assistance à la population déplacée à l'intérieur du pays.