Face à la reprise des combats dans deux régions du Soudan du Sud, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, El Ghassim Wane, a appelé jeudi les membres du Conseil de sécurité à fournir un « appui actif » à la récente initiative de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) d'organiser un forum visant à relancer la mise en œuvre de l'accord de paix de 2015.
L'environnement sécuritaire « demeure instable » au Soudan du Sud, où le besoin d'un « cessez-le-feu crédible et durable » se fait cruellement sentir, a mis en garde M. Wane.
Depuis l'annonce d'un cessez-le-feu unilatéral par le Président sud-soudanais, Salva Kiir, en juin dernier, a-t-il poursuivi, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a en effet rapporté une reprise des combats dans les régions du Haut-Nil et de l'Équatoria, où le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan pro-gouvernemental (M/APLS Gouvernement) s'efforcerait de reprendre des territoires au M/APLS dans l'opposition.
De plus, a ajouté le Sous-Secrétaire général, malgré le Dialogue national lancé par le Président Kiir, le 22 mai, pour redonner vie au processus politique, des décisions récentes sapent l'instauration d'un environnement propice au dialogue, comme le remplacement, le 17 juillet dernier, de six membres du M/APLS dans l'opposition fidèles à l'ancien Premier Vice-Président Riek Machar, par des alliés de l'actuel Premier Vice-Président, Taban Deng Gai, au sein de l'Assemblée législative nationale de transition.
Face à l'impasse actuelle dans laquelle se trouve la mise en œuvre de l'accord de paix de 2015, l'IGAD, une organisation régionale, a décidé, à l'issue du 31ième Sommet extraordinaire de ses chefs d'État et de gouvernement sur le Soudan du Sud, en juin dernier, de lancer un Forum de haut niveau pour redynamiser la mise en œuvre de l'accord. Suite à cette décision, l'organisation régionale d'Afrique de l'Est a publié, le 2 juillet, des modalités et un calendrier pour la tenue de ce Forum. Pour avoir des chances aboutir, a estimé M. Wane, cette l'initiative de l'IGAD exige l'« appui actif » du Conseil.
Il est aussi primordial que les dirigeants de la région, et l'ensemble des acteurs impliqués, y compris le Conseil, « parlent d'une même voix », a insisté le Président botswanais Festus Mogae, Président de la Commission mixte de suivi et d'évaluation (JMEC). À l'heure actuelle, a-t-il regretté, les démarches de ces acteurs ne sont pas coordonnées, ce dont profitent les dirigeants sud-soudanais.
Pour tenter de mettre tout le monde au diapason, M. Mogae a entamé une série de consultations ces derniers mois, en coordination avec l'IGAD, y compris avec le Président Kiir, le Premier Vice-Président Gai et l'ancien Premier Vice-Président Machar. S'agissant de ce dernier, M. Mogae a déclaré l'avoir exhorté, le 31 mars en Afrique du Sud, à « dénoncer la violence, à « déclarer un cessez-le-feu unilatéral » et à « prendre part au dialogue national » lancé par le Président Kiir. « Il a refusé de le faire », a déploré M. Mogae, tout en ajoutant que M. Machar avait cependant accepté l'idée, tout comme d'autres membres de l'opposition, d'un « nouveau processus de la part du régime en dehors du Soudan du Sud ».
Le Représentant permanent du Soudan du Sud à l'ONU, Akuei Bona Malwal, a également dénoncé le refus de M. Machar de participer au Dialogue national lancé le par le Président Kiir. Selon M. Malwal, suite à l'envoi d'une délégation en Afrique du Sud par le Comité directeur du Dialogue, pour consulter les dirigeants de l'opposition à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, M. Machar « a regrettablement refusé de leur accorder une audience ».
C'est d'autant plus regrettable que ce Dialogue a été conçu comme un forum pour que chacun puisse exprimer ses doléances, a ajouté le Représentant permanent du Soudan du Sud, avant d'exhorter tous les groupes armés dans l'opposition à mettre « de côté leurs rancœurs personnelles » et à revenir sur leur position.