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Se cacher derrière un masque pour exister : quand la photo dépeint les conséquences des discours de haine

Arsène Mpiana, artiste et photo-journaliste congolais basé à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.

« Le meilleur outil pour combattre les discours de haine, c’est la photo » : c’est l’avis d’Arsène Mpiana, artiste et et photo-journaliste congolais, à la tête du département de photographie de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa. A travers son projet dénommé ‘’Passeport’’, il met l’accent sur les conséquences négatives des discours de haine sur le personnel de nettoyage et d'entretien.

Les discours de haine constituent l’un des fléaux auxquels est confrontée la société congolaise, parfois avec des conséquences néfastes sur le tissu social. Ce regard d’une frange de la société sur une autre, qu’il soit condescendant ou haineux, a la particularité d’impacter négativement les individus et, donc, la société. Aussi pour se protéger des jugements et de la stigmatisation sociale, ces victimes de discours de haine sont contraintes de dissimuler leur visage derrière des masques.

Se cacher pour vivre : le combat quotidien des victimes

L’œuvre d’Arsène Mpiana a le mérite de mettre en évidence ce difficile combat pour ces citoyens, parfois jugés de classe inférieure, au mépris de leur importante contribution à l’équilibre du tissu social. Une contribution qui apparaît, somme toute, comme un sacrifice, quand on considère qu’ils bénéficient, pour la plupart, de faibles revenus.

« A chaque fois que je croise un agent de nettoyage, un videur de poubelle, il me dit qu’il a honte, il porte le masque pour éviter les jugements, les moqueries, les discours de haine. Certaines personnes les qualifient de sales, d'autres les perçoivent comme des fous, du fait qu'ils passent beaucoup de temps dans les déchets », explique le photojournaliste.

Depuis 2020, il capture des images de ces citoyens qu’il a assemblées dans un court documentaire, dans le but de faire évoluer le regard de la communauté sur eux, sans pour autant les rendre davantage sujets aux discours de haine.

Photographier pour changer les mentalités et les comportements

« Même s'il est souvent sous-estimé, leur travail joue un rôle clé dans notre communauté », précise l’artiste. C’est grâce à ces masques qu’ils supportent le regard de la société, parfois très lourd, pour effectuer ces tâches indispensables dans notre vie quotidienne, que ce soit dans nos maisons ou sur nos lieux de travail.

Le combat d’Arsène Mpiana est de contribuer à assainir le regard de la société sur une frange de la population et de mettre fin aux discours empreints de haine, dans une société en quête d’équilibre. C’est une invitation à chacun d’entre nous de se voir à travers chaque photo et de s’imaginer, obligé de se mettre dans les mêmes conditions pour travailler ou simplement exister.

C’est surtout un appel à tous pourde changer notre façon de voir les autres, en respectant ce qu’ils sont et en donnant de la valeur à ce qu’ils font. Une solution certainement pérenne pour contrer les discours de haine et leurs conséquences néfastes.