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Goma : des acteurs communautaires renforcent leurs capacités pour prévenir les violations graves des droits de l’enfant

Au cours de cet atelier, les participants ont approfondi leurs connaissances sur les droits de l’enfant, les droits humains, le genre et les mécanismes juridiques nationaux et internationaux de protection.

Face à l’aggravation des conflits armés dans la province du Nord-Kivu, en particulier autour de la ville de Goma, une trentaine de membres de la société civile, d’associations féminines et de jeunes, ainsi que des enseignants ont bénéficié d’un atelier de renforcement de capacités axé sur la protection des droits de l’enfant en situation de crise les 28 et 29 mai. Organisée par la section Protection de l’enfant de la MONUSCO/Goma, cette initiative vise à renforcer les mécanismes de prévention, de communication, de surveillance et de rapportage des violations graves, dans le respect du principe de « Ne pas nuire ».

Ce renforcement s’inscrit dans un contexte alarmant. Depuis janvier 2025, la ville de Goma a connu une recrudescence des violences, notamment des meurtres et mutilations, des cas de viols et violences sexuelles, le recrutement et l’utilisation d’enfants, ainsi que des attaques ciblées contre les écoles, les hôpitaux et les infrastructures humanitaires. De février à avril 2025, plus de 300 violations graves des droits de l’enfant ont été documentées.

Durant deux jours, les participants, venus de différents quartiers de Goma, ont approfondi leurs connaissances sur les droits de l’enfant, les droits humains, le genre et les mécanismes juridiques nationaux et internationaux de protection. L’atelier s’est tenu dans un cadre apaisant, situé au bord du lac Kivu, favorisant l’attention et la participation active.

« Bien sûr, certaines choses nous étaient déjà connues, mais nous avons aussi appris de nouvelles notions, surtout autour des instruments juridiques. Cela nous a permis de comprendre que la protection des droits ne concerne pas uniquement l’enfant, mais l’humain en général », a déclaré Pascal M., membre d’une association de défense des droits de l’Homme.

Cette session a également permis de déconstruire plusieurs idées reçues sur les responsabilités de l’État en temps de conflit. « Je pensais que dans les zones sous contrôle des groupes armés, l’État n’avait plus son mot à dire. Cependant, j’ai appris que, même là, il reste responsable du respect des droits humains », a affirmé Marie G., membre d’une association féminine de la commune de Karisimbi.

Au-delà de l’information, l’atelier a constitué un appel à l’engagement personnel et communautaire. Les participants ont exprimé leur volonté de restituer les acquis dans leurs bases respectives et d’agir en relais locaux pour la protection de l’enfant. « Ce que nous avons appris doit être partagé. Nous avons compris la différence entre une violation des droits humains et un abus. C’est l’Etat et les institutions compétentes qui font appliquer les droits humains. Nous souhaitons que ce genre de formation soit étendu à d’autres personnes», a souligné Joseph, un participant engagé.

Le renforcement des capacités ne se limite pas aux adultes. Une attention particulière est également portée sur les enfants eux-mêmes, qui sont appelés à développer des mécanismes d’autoprotection face aux risques accrus liés aux conflits.

La MONUSCO, en collaboration avec CAFED (Collectif des Associations Féminines pour le Développement), a supervisé toutes les étapes de cet atelier, garantissant une mise en œuvre cohérente et participative. L’accent a été mis sur le renforcement du système de monitoring et de reporting, pour adapter les interventions au contexte évolutif de la crise sécuritaire dans la région.

L’impact de ces formations se fera sentir si les recommandations sont suivies d’actions concrètes, notamment en matière de restitution communautaire. À ce titre, les participants ont appelé à un appui logistique et financier pour permettre aux organisations locales, souvent à court de moyens, de relayer les messages appris.

« Nous demandons à la MONUSCO de continuer à appuyer les initiatives locales. Il y a plusieurs associations de défense des droits humains qui veulent agir, mais manquent de ressources pour organiser des rencontres. Et nous appelons nos collègues qui n’ont pas pu participer à cet atelier à être présents et disponibles lors des restitutions », a recommandé Julienne Masoka.

Face à l’ampleur des violations et à la vulnérabilité accrue des enfants en période de conflit, la prévention passe par la sensibilisation de toutes les couches sociales, y compris les leaders communautaires, les familles et les enfants eux-mêmes. Ce type d’atelier, en plus de renforcer les compétences techniques des acteurs de protection, permet également de rappeler que le respect des droits de l’enfant est une responsabilité partagée.