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RDC : les membres du Conseil de sécurité échangent avec le chef de l’Etat, la société civile et les partis politiques

PHOTO /MYRIAM ASMANI

Les membres du Conseil de sécurité sont arrivés le 9 mars 2023 à Kinshasa dans le cadre de leur mission de visite en République démocratique du Congo (RDC). À son arrivée à l'aéroport, la délégation du Conseil a eu un bref échange avec la presse et les deux co-chefs de la mission, l'ambassadeur Nicolas de Rivière (France) et l'ambassadeur Michel-Xavier Biang (Gabon), ont expliqué les objectifs de la visite. Ceux-ci comprennent l'évaluation de la situation sécuritaire en RDC et la mise en œuvre du mandat de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).

Les membres du Conseil de sécurité ont commencé leurs travaux le 10 mars par des réunions à Kinshasa avec des représentants de la MONUSCO et de l'équipe de pays des Nations Unies (UNCT), des hauts fonctionnaires, des partis politiques et des organisations de la société civile. Les membres ont écouté des points de vue sur des questions telles que l'insécurité dans l'est de la RDC, la situation humanitaire et des droits de l'Homme, les initiatives régionales en cours pour faire face à la situation, la tenue d'élections pacifiques, transparentes et crédibles, le travail de la MONUSCO et la reconfiguration possible de ses composantes civiles, policières et militaires.

Réunion avec la MONUSCO et l'UNCT

Les membres du Conseil de sécurité ont organisé un petit-déjeuner de travail avec des représentants de la MONUSCO et de l'UNCT. La Représentante spéciale du Secrétaire général en RDC et cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, a informé les membres du Conseil de l'environnement opérationnel difficile dans lequel la MONUSCO s'efforce de mettre en œuvre son mandat conformément à la dernière prorogation de la résolution 2666 du 20 décembre 2022. Elle a notamment décrit la détérioration de la situation sécuritaire dans l'est de la RDC, où les combats se sont poursuivis malgré le cessez-le-feu qui devait entrer en vigueur le 7 mars. Mme Keita a également expliqué comment la situation sécuritaire pourrait compliquer la capacité du gouvernement à mener à bien les processus électoraux dans certaines provinces touchées par le conflit.

L'envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, Huang Xia, a également informé les membres du Conseil des initiatives de paix régionales en cours sous les auspices de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) - connues respectivement sous le nom de processus de Nairobi et de Luanda - et des efforts déployés par les Nations Unies pour soutenir ces initiatives. Il a souligné la nécessité de soutenir la coordination et l'harmonisation de ces processus et d'encourager la mise en œuvre des décisions adoptées dans leur cadre.

Réunions avec des représentants du gouvernement

Les membres du Conseil ont eu une audience avec le président congolais Félix Tshisekedi et ont également tenu une réunion séparée avec le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde et les principaux membres de son cabinet. Ils ont également rencontré des membres du Sénat et de l'Assemblée nationale - les chambres haute et basse du Parlement de la RDC - ainsi que le président de l'Assemblée nationale, Christophe Mboso N'kodia Pwanga. Les hauts responsables gouvernementaux et les parlementaires congolais ont souligné que le rétablissement de la paix et de la sécurité dans l'est de la RDC sera essentiel pour la tenue des élections en décembre. Ils ont accusé le Rwanda d'attiser le conflit en continuant à soutenir le mouvement M23 et se sont référés à cet égard au dernier rapport du Groupe d'experts assistant le Comité des sanctions 1533 RDC, daté du 16 décembre 2022. Appelant les membres du Conseil à ne pas rester silencieux face aux preuves fournies par ce rapport, les responsables gouvernementaux ont demandé que des sanctions soient imposées contre le Rwanda.

Les hauts responsables et les parlementaires ont remercié la MONUSCO pour son soutien logistique à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), mais ont également fait part de la frustration de la population face à l'incapacité perçue de la mission à remédier à la détérioration des conditions de sécurité. Ils ont souligné la nécessité d'ajuster le mandat de la MONUSCO pour qu'il soit adapté aux circonstances actuelles et de doter la Mission de moyens nécessaires pour qu'elle puisse s'acquitter efficacement de ses responsabilités.

Réunions avec les partis politiques

Les membres du Conseil ont également rencontré des représentants de partis politiques congolais, notamment Martin Fayulu (coordinateur du parti Lamuka), Delly Sesanga (président du parti d'opposition Envol) et le sénateur Augustin Matata Ponyo Mapon, qui ont tous déclaré leur candidature aux élections présidentielles prévues en décembre. Ces derniers ont décrit les difficultés et les irrégularités du processus électoral en cours. Ils ont également remis en question la légitimité de la CENI et de la Cour constitutionnelle, noté le manque de confiance du public dans le processus électoral, exprimé des inquiétudes quant à la transparence de la loi électorale, au retard dans l'inscription des électeurs et au risque de violence, y compris les attaques contre les partis politiques de l'opposition. Ils ont également souligné la nécessité d'avoir des observateurs nationaux et internationaux pour surveiller les élections.

En ce qui concerne la situation dans l'est de la RDC, les représentants ont exprimé leur soutien à l'appel à imposer des sanctions contre le Rwanda. L'un des représentants a demandé au Conseil de sécurité d'imposer la paix comme il l'avait fait dans les années 1960 en déployant l'Opération des Nations Unies au Congo (ONUC), tandis qu'un autre a souligné la nécessité d'un plan de paix régional, avec des discussions basées sur le cadre de paix, de sécurité et de coopération de 2013 pour la RDC et la région des Grands Lacs (cadre PSC). Ce représentant a également insisté sur la nécessité de restaurer la confiance entre les différents acteurs régionaux et d'harmoniser les initiatives de paix régionales actuelles.

Réunion avec des organisations de la société civile

Les membres du Conseil de sécurité ont rencontré des représentants de la société civile congolaise lors d'un déjeuner de travail. Les représentants ont parlé de la nécessité d'impliquer la société civile dans les discussions sur la transition de la MONUSCO. Ils ont exprimé leur déception quant au fait que la résolution 2666 ne contient qu'une seule référence aux organisations de la société civile, alors qu'elles ont été associées au processus d'élaboration du plan de transition. Ils ont également exprimé leur mécontentement quant au fait que leur suggestion de revoir le programme gouvernemental de désarmement, de démobilisation, de relèvement communautaire et de stabilisation (P-DDRCS) pour les ex-combattants n'ait pas été acceptée.

Les représentants de la société civile ont décrit la situation humanitaire désastreuse dans l'est de la RDC et ses effets sur les femmes et les enfants, demandant aux membres du Conseil de se pencher sur la situation et d'exhorter le Rwanda à cesser de soutenir le M23. Ils ont également soulevé la question de la méfiance du public à l'égard de la MONUSCO et ont évoqué la nécessité de montrer la valeur ajoutée de la Mission en renforçant son mandat. En ce qui concerne les prochaines élections, les représentants de la société civile ont insisté sur la nécessité de promouvoir une participation significative des femmes et ont fait part de leurs préoccupations concernant le climat politique tendu dans le pays et le manque de confiance dans les institutions publiques et le gouvernement congolais.

Dans leurs échanges, les membres du Conseil de sécurité ont transmis un message de solidarité avec le peuple congolais et ont réaffirmé leur soutien à la MONUSCO, qui s'efforce de mettre en œuvre son mandat dans un contexte opérationnel difficile. En ce qui concerne la situation dans l'est de la RDC, ils ont réitéré leur demande que les groupes armés cessent toutes les hostilités et entament un dialogue avec le gouvernement congolais, que tous les groupes armés étrangers se retirent et qu'il soit mis fin à tout soutien extérieur aux groupes armés opérant dans l'est de la RDC. Ils ont exprimé leur soutien aux initiatives régionales en cours, soulignant la nécessité de mettre en œuvre les décisions adoptées dans le cadre des processus de Nairobi et de Luanda.

Les membres du Conseil de sécurité ont encouragé tous les acteurs politiques congolais à continuer d'œuvrer en faveur d'un processus électoral pacifique, transparent, inclusif et crédible en décembre, conformément à la constitution et à la loi électorale de la RDC. Ils ont également souligné la nécessité d'assurer la participation pleine, égale, effective et significative des femmes à tous les stades et de réaffirmer le rôle important de la jeunesse dans les processus électoraux.

Le 11 mars, les membres du Conseil sont allés à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, pour évaluer la situation sécuritaire et humanitaire sur le terrain. Ils ont rencontré les autorités provinciales, les représentants des groupes de femmes de la société civile du Nord-Kivu, les personnes déplacées à l'intérieur du pays et les acteurs régionaux présents en RDC.