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Nord-Kivu : Journée de l’enfant africain, une tribune pour les droits de l’enfant en période de conflit

La commémoration de la Journée de l’enfant africain a permis de mettre en lumière les efforts déployés par les enfants eux-mêmes, les communautés locales, les ONG et les Nations Unies pour garantir la protection des plus jeunes.

La section Protection de l’enfant de la MONUSCO, en partenariat avec la division de l’Information publique, le Parlement d’enfants, ainsi que les ONG locales PAMI et GAPE, a commémoré les 16 et 17 juin 2025 la Journée internationale de l’enfant africain dans les villes de Goma et Walikale-centre.

Cette initiative, soutenue financièrement par la MONUSCO, a permis de mettre en lumière les défis persistants auxquels font face les enfants de la région du Nord-Kivu, en proie à des conflits armés, et de réaffirmer l’engagement des acteurs locaux et internationaux en faveur de la protection de l’enfance.

Goma : journée d’expression pour les enfants vulnérables

Le 16 juin, au centre jour de l’ONG PAMI dans le quartier Kyeshero, la commémoration a rassemblé 107 enfants, dont 66 filles. Parmi les participants à la cérémonie figuraient des enfants séparés de leurs familles, des ex-enfants associés aux forces et groupes armés, des enfants sortis de la rue, des parents, ainsi que des membres du Réseau communautaire de protection de l’enfance et des autorités locales.

Après une allocution introductive du coordinateur de PAMI rappelant l’historique de la Journée de l’enfant africain - instituée en mémoire des écoliers massacrés à Soweto en 1976 - les échanges modérés par la MONUSCO ont porté sur les droits fondamentaux de l’enfant, notamment le droit à l’éducation, le droit des enfants a la vie et à la participation et à la protection contre les violences. Le message central a mis l’accent sur les souffrances physiques et psychologiques que subissent les enfants du Nord-Kivu, accentuées par l’instabilité sécuritaire actuelle.

Les enfants ont pris une part active aux discussions et aux prestations culturelles. À travers des poèmes, dessins et spectacles, ils ont exprimé leurs rêves d’un avenir sans violence et ont appelé la communauté internationale à transformer leur région en un espace sûr, propice à leur développement intégral.

Walikale : plaidoyer contre les violations graves

Dans le territoire de Walikale, la commémoration a été organisée avec l’appui du Groupe d’Actions pour la Protection de l’Enfant (GAPE) et de PAMI, sous la supervision de la section Protection de l’enfant de la MONUSCO. L’événement a réuni 65 participants, dont 30 femmes, issus des FARDC, de la PNC, des autorités administratives, d’associations féminines, ainsi que des représentants de groupes de jeunes armés (notamment les Wazalendo).

Les échanges ont porté sur la prévention des six violations graves des droits de l’enfant en période de conflit, en particulier le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats. Les enfants ont également contribué à la célébration en présentant des chansons et des poèmes. Les participants, dont des représentants gouvernementaux, se sont engagés à poursuivre les efforts de sensibilisation afin de prévenir l’enrôlement d’enfants dans les groupes armés et à encourager leur retour à la vie civile.

Lutte contre la désinformation : défi supplémentaire pour les enfants

Le 17 juin, une seconde activité de commémoration a eu lieu à l’Institut Zanner de Goma, journée organisée par le Parlement d’enfants, en partenariat avec la MONUSCO. Cette rencontre a réuni 42 enfants et jeunes de plusieurs écoles de Goma autour du thème « Comment lutter contre la désinformation en période de conflits armés au Nord-Kivu ? ».

Le président du Parlement d’enfants, Diego Amani Kaduku, a insisté sur l’impact de la désinformation sur les jeunes, en soulignant que la manipulation de l’information peut conduire à des abus, à l’exploitation et à l’enrôlement forcé. La division de l’Information Publique de la MONUSCO a renforcé ce message en partageant des outils pratiques pour vérifier les sources d’information, tandis que la section Protection de l’enfant a rappelé les principes fondamentaux dans le traitement des informations sensibles : la sécurité, la neutralité, l’impartialité et le principe de « ne pas nuire ».

Des partenaires engagés pour une réponse durable

À l’occasion de cette journée, Jean-Marie Negura, chef de projet de l’ONG PAMI, a dressé un état des lieux préoccupant de la situation des enfants dans le contexte de crise sécuritaire et économique que traverse le Nord-Kivu. Il a souligné les efforts de son organisation, appuyée par la MONUSCO et l’UNICEF, pour l’encadrement, la réunification familiale, la réintégration socio-économique et la scolarisation de plus de 800 enfants affectés par les conflits.

« Aujourd’hui, il ne suffit plus de parler des droits de l’enfant. Il faut que les enfants soient impliqués dans les processus de planification, de budgétisation et de définition de leurs besoins au sein des ménages », a-t-il déclaré. Il a également lancé un appel aux parents pour signaler les enfants égarés, rappelant que les punitions telles que la privation de scolarisation ou de nourriture sont des formes inacceptables de maltraitance.

Un message d’espoir malgré les défis

La commémoration de la Journée de l’enfant africain au Nord-Kivu a permis de mettre en lumière les efforts déployés par les enfants eux-mêmes, les communautés locales, les ONG et les Nations Unies pour garantir la protection des plus jeunes dans un contexte de violations répétées des droits de l’enfant sont régulièrement bafoués.

Face aux conflits armés, à la désinformation et à la pauvreté, les enfants du Nord-Kivu ont démontré, par leurs mots et leurs actions, qu’ils sont prêts à être les acteurs de leur propre avenir. La voix des enfants s’est élevée, non seulement pour dénoncer, mais aussi pour proposer : un Nord-Kivu plus sûr, plus équitable et plus attentif aux droits fondamentaux de chaque enfant.