Ces assises ont, entre autres, permis d’examiner les moyens d’adapter le mandat de la Mission aux réalités sécuritaires actuelles.
Pendant trois jours, près de 90 participants venus de Beni, Butembo et Lubero, représentants des autorités provinciales, chefs coutumiers, acteurs humanitaires et membres de la société civile, se sont réunis à Beni pour renforcer la coopération entre la MONUSCO et le gouvernement du Nord-Kivu, notamment autour des enjeux liés à la protection des civils.
Organisées par la section des Affaires civiles de la MONUSCO, ces assises ont également permis d’examiner les moyens d’adapter le mandat de la Mission aux réalités sécuritaires actuelles. À l’issue des travaux, jeudi 19 juin, un document stratégique commun a été adopté.
Une feuille de route en cinq axes
Cette feuille de route s’articule autour de cinq priorités majeures, pour une réponse coordonnée aux défis sécuritaires, sociaux et humanitaires. Les participants ont convenu d’un cadre de concertation durable pour renforcer le partenariat institutionnel entre la MONUSCO et le gouvernement provincial. Une stratégie conjointe de communication sera développée pour assurer une meilleure cohérence des actions. Les structures locales, société civile, autorités coutumières et services publics seront pleinement impliquées dans ce processus. Une réponse coordonnée face aux groupes armés figure parmi les priorités. Les actions prévues incluent l’actualisation de la cartographie des milices actives, le lancement de campagnes de désarmement volontaire, la vulgarisation de la loi sur la réinsertion, la planification d’opérations militaires conjointes, ainsi que l’ouverture de centres de déradicalisation ciblant en particulier les ex-rebelles des ADF.
La gouvernance sécuritaire locale constitue un autre axe central. Il est prévu de renforcer la présence de l’État dans les zones sous son contrôle, de consolider les capacités des autorités locales, de mettre à jour les Plans Locaux de Sécurité (PLS) et de redynamiser les Comités locaux de sécurité (CLS).
La lutte contre la désinformation a également retenu l’attention. Des campagnes de sensibilisation sur le mandat de la MONUSCO seront mises en œuvre, avec des initiatives telles que des journées portes ouvertes ou des « barbecues de la paix ». L'engagement des jeunes sera encouragé, en particulier par la création d’« ambassadeurs de la paix » dans les écoles et les communautés.
L’urgence humanitaire constitue la cinquième priorité. Les participants ont convenu de soutenir les efforts de secours et de reconstruction, de sécuriser les espaces d’intervention, d’accorder des facilités fiscales aux ONG, et de renforcer le soutien logistique ainsi que le plaidoyer en faveur d’un financement durable des initiatives de développement.
Une mise en œuvre progressive
La feuille de route sera appliquée par étapes dans le cadre d’un partenariat entre la MONUSCO, les autorités provinciales du Nord-Kivu et les partenaires au développement. En clôture des travaux, les participants ont réaffirmé leur engagement à concrétiser ces priorités afin de bâtir une paix durable et de répondre aux attentes des populations touchées par les conflits armés dans le Nord-Kivu.
« Trente années de violences armées récurrentes et des millions de morts ont conduit au sacrifice de toute une génération, avec un sentiment de désespoir, de soupçon et de révolte au sein de la population locale. [...] Cette situation doit nous interpeller à dépasser les divergences et à regarder dans la même direction pour faire échec aux ennemis de la paix », a ainsi résumé le vice-président de l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu, Muhindo Kyakwa.
De son côté, le vice-gouverneur de province, le commissaire divisionnaire adjoint Louis Segond Karawa, a insisté sur l’importance d’un partenariat renforcé avec la MONUSCO : « Nous voulons réellement bâtir un partenariat correct. Vous savez que la MONUSCO est un partenaire de longue date et nous voulons encore renforcer ce partenariat et l’appui de la MONUSCO pour tout ce qui est forces de sécurité ».