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RCA : un Centrafricain sur quatre est réfugié ou déplacé à l'intérieur du pays en raison des violences (ONU)

En République centrafricaine (RCA), les violences continues ne font qu'aggraver une situation humanitaire déjà fortement dégradée, a fait remarquer la numéro 2 de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations Unies en Centrafrique (MINUSCA).

« Les affrontements entre les groupes armés se propagent rapidement en particulier dans les région ouest et sud-est du pays », a dit jeudi la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général en RCA, Najat Rochdi, lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU à New York.

La poursuite des violences sur fond de tensions ethniques a eu pour conséquences une augmentation de plus de 50% du nombre de Centrafricains déplacés depuis le début de l'année.

600.250 Centrafricains sont actuellement déplacés à l'intérieur de la Centrafrique et plus de 500.000 autres ont trouvé refuge dans les pays voisins de la RCA. « Un bond en arrière » de trois ans pour la cheffe adjointe de la MINUCA précisant que les chiffres actuels sont identiques à ceux de 2014.

« Un Centrafricain sur quatre est soit un réfugié soit déplacé à l'intérieur du pays ce qui rend la réconciliation et la reconstruction du pays très difficile étant donné les niveaux de fragilité et de vulnérabilité de ces personnes », a déclaré Mme Rochdi.

Les indicateurs humanitaires se sont fortement détériorés depuis janvier 2017. « Ils sont au pire niveau aujourd'hui », a souligné Mme Rochdi qui occupe également les fonctions de Coordinatrice humanitaire de l'ONU en RCA.

Limité en termes de capacités, le gouvernement centrafricain peine à fournir des services de base aux populations, en particulier en dehors de Bangui et de Bambari.

« Pour des milliers de personnes l'accès à l'aide humanitaire est une question de vie ou de mort », a alerté la chef adjointe de la MINUSCA.

« En Centrafrique????, 1 personne sur 2 est sous assistance humanitaire »@rochdi_najatChef adjointe d' @UN_CAR et Coordinatrice humanitaire en RCA pic.twitter.com/rZiazVwco6

— ONU Info (@ONUinfo) 9 novembre 2017

« Ce n'est pas le moment d'abandonner le peuple de RCA »

La récente visite en octobre du chef de l'ONU en Centrafrique a permis de mettre un coup de projecteur sur la crise humanitaire en cours.

Avec le temps, la communauté internationale a su faire preuve de générosité et de solidarité envers la RCA, a reconnu Mme Rochdi.

« Toutefois, je souhaite réitérer mon appel aux donateurs en leur déclarant : ne laissez pas tomber le peuple de RCA et augmenter davantage votre soutien à l'action humanitaire », a-t-elle dit devant les journalistes.

La hausse importante des besoins humanitaires ces derniers mois a conduit l'ONU à réviser son plan de réponse humanitaire pour l'année 2017 à hauteur de 497 millions de dollars. « A ce jour, seulement 39% du Plan est financé », a déploré la Coordinatrice humanitaire. « Ce n'est pas le moment d'abandonner le peuple de RCA ».

Sur les 497 millions de dollars requis, 107 millions sont destinés à fournir une aide alimentaire d'urgence à 900.000 Centrafricains. Mais un tiers seulement du financement a été rendu disponible, a précisé Mme Rochdi.

La malnutrition touche 41% des enfants âgés de moins de 5 ans

En Centrafrique, l'insécurité empêche la culture des champs et les récoltes dans un pays où 75% de la population dépend de l'agriculture.

« Dans toutes les crises humanitaires, l'aide alimentaire est le besoin le plus urgente et le plus critique », a souligné Mme Rochdi. « A l'heure où nous parlons, les personnes les plus vulnérables, les femmes et les enfants dans les villes et villages de la RCA n'ont pas assez de nourriture à manger ».

Les déplacements forcés de populations augmentent le risque de malnutrition chez les enfants. 41% des enfants centrafricains âgés de moins de 5 ans subissent une malnutrition chronique entravant de façon critique leur développement et leur processus d'apprentissage.

60% des structures médicales du pays sont gérées par des agences onusiennes et ONG humanitaires mais les violences continues conjuguées au sous-financement de l'aide entrave la capacité de répondre aux besoins les plus urgents, a souligné la Coordinatrice humanitaire.

Pour la chef adjointe de la MINUSCA, l'absence de financement adéquat nécessaire au Plan de réponse humanitaire compromettra les résultats déjà engrangés, accentuera l'insécurité et affectera la stabilité de toute la région.

Mais Mme Rochi a souligné que là où les violences ont cessé les choses ont changé pour le mieux et qu'il est encore temps de renverser la tendance « pour ne pas sacrifier une autre génération d'enfants centrafricains nés dans un récit de violences ».