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Omar Aboud : «Il faut que les opérations militaires reprennent au plus vite»

Omar Aboud, chef de Bureau de la MONUSCO Beni.Photo MONUSCO/Martial Papy Mukeba

Depuis le mois de juillet , il s’observe une reprise des attaques contre les populations civiles et des positions des FARDC par l’ADF dans la région de Beni, au Nord Kivu . Omar Aboud, chef de Bureau de la MONUSCO Beni, parle de la réponse que la MONUSCO va apporter pour mettre fin à ces attaques. Interview avec Sekombi Katondolo :

Sekombi Katondolo : A Beni les populations sont excédées à cause des attaques répétées dont elles sont victimes. D’où différentes manifestations de colère. Quel est le message que vous souhaitez faire passer à ces populations ? Quelle réponse la MONUSCO va apporter pour mettre fin à ces attaques?

Oumar Aboud : D’abord je voudrais dire que nous sommes solidaires des populations qui vivent une situation intenable en raison de l’insécurité et de l’épidémie à virus Ebola. Depuis juillet, l’on enregistre presque chaque jour de nouvelles attaques avec son lot de malheurs ; et sincèrement, nous déplorons ces nouvelles victimes, ce qui est tout à fait inacceptable. Les populations de Beni, comme du reste de la RDC, ont le droit de vivre en paix et de pouvoir vaquer à leurs occupations sans peur, ni contraintes. Et c’est la raison pour laquelle nous comprenons la frustration de la population et faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider sur tous les fronts ; celui d’Ebola, avec le déploiement d’importants moyens pour accompagner les équipes de riposte à l’épidémie sur le terrain, mais aussi, pour protéger les populations civiles en collaboration avec les FARDC et la PNC. Une fois encore, nous comprenons la réaction de la population et nous ne la blâmons pas pour les reproches qu’elle nous adresse, même si certains ne sont absolument pas justifiés. Nous le savons, nous devons faire toujours plus pour mettre fin à cette situation qui déstabilise toute cette partie est de la RDC.

S.K. : Que répondez-vous à ceux qui pensent que la FIB (Force d’intervention) ne fait rien alors que, pour le cas du M23, la MONUSCO a mis tous les moyens pour en finir avec ce mouvement armé ?

O.A. : D’abord, on ne peut pas comparer le mouvement rebelle de l’époque, le M23, aux ADF. Le M23 était une force organisée qui faisait une guerre classique avec les FARDC et avec la FIB quand elle s’est engagée dans la bataille. Ce n’est pas le cas des ADF qui font la guérilla ou guerre asymétrique, comme on le dit souvent. Ensuite, on l’oublie souvent, en plus de la pression militaire, d’autres démarches, diplomatiques, politiques et autres ont été aussi organisées, que ce soit au niveau régional ou international pour faire plier le M23.

Mais je voudrais dire aussi, en parlant de cette guerre asymétrique, que les opérations de maintien de la paix, pas seulement ici au Congo ; mais aussi dans certaines parties du monde, notamment en Afghanistan, en Syrie ou autre, font face à de nouvelles situations auxquelles nous devons répondre en nous adaptant et en travaillant différemment sur le terrain, et aussi en amont avec les pays contributeurs de troupes. Nous y travaillons depuis plusieurs mois déjà ici, en RDC. Certes, nous comprenons l’impatience des populations, mais de nouvelles stratégies sont en train d’être mises en place pour faire face à la situation. Des patrouilles seront renforcées dans les zones à risque pour continuer de dominer le terrain et protéger les civils. Des bases opérationnelles seront aussi installées là où cela est nécessaire pour continuer de renforcer la protection des civils. Vous savez, Il y a quelques jours, le Représentant spécial adjoint en charge de la protection et des opérations, M. Francois Grignon, s’était déplacé ici, à Beni. Il y est resté pendant trois jours où il a rencontré les autorités locales, les responsables des FARDC, notamment le général Mbangu, le commandant des opérations SUKOLA 1 ; mais aussi les populations, à travers la société civile, les femmes, les jeunes ; aussi bien à Beni qu’a Mayi-Moya, où il s’y était rendu. Et il a été clair concernant la reprise des opérations militaires. Il a dit qu’il faut que ces opérations reprennent au plus vite, ajoutant qu’il y a de la volonté pour ce faire, tant au niveau des autorités nationales que de notre côté. Donc, c’est cela notre objectif actuellement.

S.K. : Avez-vous un message particulier pour les populations de Beni ?

O.A. : Que les populations sachent que beaucoup de choses se font, peut-être pas au rythme où elles veulent voir se faire les choses, mais elles se font. Certes, les gens voient seulement l’aspect militaire des choses. Mais, les sections civiles font aussi un travail énorme dans le cadre de la protection. Il y a des mécanismes d’alerte qui sont mises en place à travers les comités de liaison de protection. Et pour cela, nous avons besoin de la contribution des populations en termes d’information et de renseignements. La guerre ne peut pas se gagner sans renseignements. Que ce soient nos forces ou les FADRC, elles ont besoin de cela. Donc, ce que je peux dire, c’est qu’il faut toute une conjugaison d’efforts des uns et des autres pour venir à bout de cette insécurité dans le territoire de Beni.