Plusieurs questions liées au désarmement des groupes armés au Nord-Kivu ainsi qu’à leur démobilisation, réinsertion et réintégration étaient au centre d’une réunion tenue le 20 mai 2020 à Goma, présidée conjointement par le gouverneur de la province du Nord-Kivu et le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo.
La réunion du 20 mai 2020 est le résultat d’un certain nombre de rencontres que la MONUSCO a tenues non seulement avec le bureau du gouverneur de province, mais également avec les FARDC et divers autres parties prenantes. Le constat étant que, depuis quelques temps, il y a floraison d’acteurs sur le terrain qui tentent de sensibiliser les groupes armés à la reddition avec, comme conséquence, une contradiction dans les messages à leur endroit.
Parmi les acteurs présents à la réunion figuraient la Commission interprofessionnelle d’appui au processus de DDR communautaire (CIAP-DDRC), le programme national de stabilisation et de reconstruction (STAREC), l’armée congolaise (FARDC), la section DDR/RR de la MONUSCO.
Au cours de cette réunion, le gouverneur du Nord-Kivu et le Représentant spécial adjoint de la MONUSCO ont réitéré leur volonté d’accompagner le processus de démobilisation et réinsertion et ainsi renforcer cet appel à la coordination, à la création de synergies et de complémentarité pour faire face aux défis du DDR (démobilisation et réinsertion). Ils ont aussi appelé tous les acteurs à un engagement sur le long terme pour accompagner la réintégration des ex-combattants, engagement sans lequel ces derniers, comme par le passé, risquent de retourner vers leur groupe armé d’origine.
Le chef de l’exécutif provincial a insisté sur la pacification du Nord-Kivu. Pour cela, il préconise la capitalisation des efforts avec les partenaires pour sauver les acquis de la stabilisation. « Je voudrais d’abord vous rassurer quant à la volonté exprimée par le chef de l’État de voir le territoire national sans les groupes armés et le Nord-Kivu en particulier. C’est la raison pour laquelle nous avons co-présidé une réunion avec M. Gressly pour voir la possibilité de capitaliser les efforts au niveau du gouvernement provincial mais aussi de la MONUSCO. Les deux sections, à savoir notre structure qui est chargée de la réinsertion communautaire mais aussi la section DDR/RR, travailleront ensemble dans le cadre non seulement de la sensibilisation des groupes armés mais aussi de la réinsertion des futurs démobilisés », a dit Carly Nzanzu Kasivita. Et de poursuivre : “Comme vous le savez, il ne suffit pas de démobiliser les groupes armés. Il faut aussi les réintégrer socialement”.
Même discours du côté de David Gressly qui a annoncé, à cet effet, une aide financière de la MONUSCO par le biais des bailleurs de fonds.
Nous sommes ici pour vous soutenir et nous apprécions votre volonté politique dans ce processus. La MONUSCO pourra vous aider à financer la construction de campements pour l’accueil des démobilisés et dans la fourniture de vivres pour une période déterminée ainsi que dans certains autres aspects de la réinsertion qui restent à déterminer”. Si la MONUSCO s’engage, “il va néanmoins falloir chercher des financements auprès des bailleurs”, a-t-il ajouté.
Pour sa part, Bara Dieng, responsable de la section DDR/RR à la MONUSCO, a rappelé “la nécessité d'une approche cohérente et d'une action coordonnée de tous les acteurs du DDR, ainsi que la nécessité d'obtenir l'engagement des acteurs concernés en faveur des efforts de réintégration à long terme des combattants démobilisés”.
Ainsi, tout nouveau plan de DDR devra tenir compte des enseignements tirés des programmes nationaux de DDR précédents et l'ensemble du processus devra se dérouler là où des groupes armés sont actuellement présents, à savoir pour le moment les zones prioritaires du territoire de Beni ainsi que celle de Kitchanga dans le territoire de Masisi.
La prochaine étape connaîtra, dans deux semaines à Goma, une nouvelle réunion avec la participation des FARDC et de la CIAP-DDRC, du STAREC et de la MONUSCO pour discuter plus avant des avancées techniques quant au processus de démobilisation et réintégration. A terme, l'intention est de mettre sur pied le même mécanisme de coordination dans chaque province où opèrent des groupes armés.