Bienvenue aux Nations Unies
  • Mama Koité s’exprimant lors du dialogue de haut niveau sur le maintien de la paix et la direction de l’action humanitaire organisé à New York, le 24 octobre 2022. Photo : UN Peacekeeping/Stephanie Lemassiou
    Mama Koité s’exprimant lors du dialogue de haut niveau sur le maintien de la paix et la direction de l’action humanitaire organisé à New York, le 24 octobre 2022. Photo : UN Peacekeeping/Stephanie Lemassiou

Un combat de toute une vie dont on ne voit pas la fin : la mission de Mama Koité pour aider les rescapées de violences sexuelles

Mama Koité, une militante en faveur des droits des femmes qui défend les droits des rescapées de violences sexuelles, a été récemment interviewée dans le cadre des missions de maintien de la paix. Alors que nous célébrons la campagne « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre », découvrez son travail éprouvant mais capital et les raisons de sa persévérance.

« Trente ans », soupire-t-elle. « Trente ans que je fais ça », puis d’ajouter rapidement, son visage illuminé par un sourire, « et je ne regrette absolument rien ».

Mama Koité a consacré sa vie à la lutte en faveur des droits de l’homme. Elle a débuté comme syndicaliste au Mali, son pays d’origine, avant de décider de se spécialiser dans la défense des femmes, en particulier des rescapées de violences sexuelles en temps de conflit.

« [Parce que je suis une femme], j’ai subi des discriminations à la maison, au travail, au sein de ma propre société et j’ai décidé que c’était trop », nous a confié la militante en marge du dialogue de haut niveau sur le maintien de la paix et la direction de l’action humanitaire, organisé à New York pour marquer le 22e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité.

Depuis 30 ans, Mama Koité voyage à travers le continent africain, et le monde entier, pour défendre le droit des rescapées à la justice et à des réparations. Les violences sexuelles liées aux conflits sont fréquemment utilisées comme tactique de guerre et de terrorisme. Elles peuvent prendre la forme de viols, d’esclavage sexuel, de prostitution forcée, de grossesse forcée et d’autres crimes graves. Depuis 2000, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté 10 résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité. Elles mettent en avant le lien entre les violences sexuelles, l’égalité des sexes et la restauration de la paix et de la sécurité. La violence contre les femmes et les filles met en péril la paix et la sécurité internationales.

Garantir l’accès des victimes à la justice et aider les défenseurs des droits de l’homme qui se battent pour elles, tels que Mama Koité, est au cœur du travail de maintien de la paix de l’ONU. Aujourd’hui, quatre missions de maintien de la paix disposent d’un mandat spécifique du Conseil de sécurité pour lutter contre les violences sexuelles liées aux conflits : la MINUSCA en République centrafricaine, la MINUSMA au Mali, la MONUSCO en République démocratique du Congo et la MINUSS au Soudan du Sud. Toutes les missions sur le terrain des Nations Unies visent à prévenir les violences sexuelles liées aux conflits et à y répondre.

De la République centrafricaine au Mali, en passant par la République démocratique du Congo, Mama Koité a écouté personnellement des victimes et recueilli des témoignages difficiles qui n’ébranlent pourtant pas sa persévérance.

« J’ai vu et entendu des choses horribles. J’ai beaucoup pleuré, je fais parfois des cauchemars […] mais j’ai aidé beaucoup de rescapées et je veux continuer à leur apporter mon soutien », a-t-elle déclaré tout en appelant les États Membres à augmenter leur appui financier aux projets d’aide aux rescapées.

De 2015 à décembre 2021, Mama Koité a eu l’occasion d’élargir la portée de son indispensable travail lorsqu’elle a été élue, à deux reprises, au Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale.

« J’étais chargée de superviser les réparations pour les victimes et cela nécessitait une approche globale : psychologique, physique et matérielle. Nous sommes passés de six programmes d’aide aux rescapées à 26 [au niveau mondial] au moment où je suis partie […] mais il y a encore beaucoup de travail à faire », a-t-elle déclaré, soulignant l’excellent travail réalisé par de nombreuses organisations sur le terrain.

« Aujourd’hui, je souhaite travailler avec la jeunesse. J’encadre et je conseille beaucoup de jeunes. Il est de notre devoir de les préparer à reprendre le flambeau, sinon tout le travail accompli jusqu’à présent sera perdu », a-t-elle conclu.

Voir la vidéo de l'appel à l'action (en anglais).