Bienvenue aux Nations Unies

Les dirigeants du Soudan du Sud sont les premiers responsables du conflit qui frappe la population – ONU

Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, El Ghassim Wane, l'Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud, Nicholas Haysom, et le Président de la Commission mixte de suivi et d'évaluation (JMEC), Festus Mogae ont appelé jeudi les différents acteurs sud-soudanais à faire preuve de volonté politique pour que le processus de paix réussisse au Soudan du Sud.

S'exprimant lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée au Soudan du Sud, le Sous-Secrétaire général a rappelé que le conflit dans le pays a été provoqué par les hommes. Il a souligné que la situation économique désastreuse conjuguée aux conflits persistants a créé une situation dangereuse et précaire pour la population.

M. Wane a estimé que les dirigeants du Soudan du Sud qui « assument une responsabilité directe » dans le conflit et les malheurs de la population peuvent sortir le pays du gouffre. « Mais il faut une véritable volonté politique de mettre fin aux opérations militaires, de négocier pacifiquement et de faire les compromis nécessaires pour parvenir à une paix durable », a-t-il dit.

Le Sous-Secrétaire général a appelé le Conseil de sécurité à se prononcer « fermement, à l'unanimité et sans réserve » pour les efforts de paix dans la région, y compris ceux de l'IGAD et du Forum de revitalisation. « Il est important que les dirigeants du Soudan du Sud entendent la demande unifiée de la communauté internationale concernant ce qui est attendu d'eux, dans l'intérêt de leur propre peuple », a-t-il dit.

Sur le plan politique, les intervenants ont surtout constaté l'absence de mise en œuvre de l'Accord de paix signé le 26 août 2015 entre le Président sud-soudanais, Salva Kiir, et son ancien Premier Vice-Président et principal opposant, Riek Machar.

Le Président de la JMEC, qui s'exprimait par visioconférence depuis la base de la MINUSS à Juba, a rappelé que cet accord aurait dû ouvrir la voie à des progrès considérables dans la paix et la gouvernance et déploré qu'il ait fallu, « depuis le premier jour », tenter de persuader chaque partie de contribuer à sa mise en œuvre, aucune d'entre elles ne se montrant prête à faire des compromis. Le résultat, a-t-il regretté, est la très faible mise en œuvre d'un accord qui doit être revitalisé.

Le problème, a expliqué l'Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud, qui s'exprimait depuis Addis-Abeba, vient de ce que les gains engrangés sur le champ de bataille continuent de guider la stratégie tant du gouvernement que de ses opposants.

« À côté de ses efforts de pacification militaire, le gouvernement fait croire à des efforts de réconciliation, y compris par la libération limitée de prisonniers politiques », a déclaré M. Haysom, estimant en outre que l'insécurité actuelle, l'absence d'institutions solides et la fragmentation ethnique grandissante contrecarrent l'organisation d'élections crédibles d'ici un an et sont de nature à aggraver encore le conflit.

De fait, l'insécurité continue de régner dans plusieurs régions, d'autant qu'il n'existe toujours pas de cessez-le-feu. Le Sous-Secrétaire général a expliqué que les combats se poursuivent notamment dans l'État du Haut-Nil, alors que les forces gouvernementales essayent toujours de s'emparer de Pagak, la place forte des opposants de l'Armée populaire de libération du Soudan dans l'opposition (APLS dans l'opposition).

Ces combats ont une incidence directe sur les civils ainsi que sur les opérations humanitaires destinées à soulager leurs souffrances. En juillet, la communauté humanitaire a recensé 136 incidents, soit le chiffre mensuel le plus élevé depuis décembre 2013, dont 49 impliquaient des violences contre le personnel ou les biens des acteurs humanitaires. M. Wane a notamment mentionné six incidents majeurs de pillage qui ont entraîné la perte de plus de 670 tonnes de nourriture destinées aux populations civiles les plus vulnérables.