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La MINUSTAH : 13 ans au service d’Haïti

Photo Logan abassi UN/MINUSTAH

 

La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti, (MINUSTAH) a officiellement mis fin à ses activités le jeudi 05 octobre 2017, par une cérémonie  de clôture qui s’est tenue dans la soirée au Camp Général Jaborandy, à  Tabarre.  Cette cérémonie a eu lieu en présence des officiels Haïtiens, dont le président de la République, Son Excellence  Jovenel Moise ainsi que des membres du gouvernement,  du parlement haïtien, du pouvoir judiciaire, ainsi que des représentations diplomatiques en Haïti, de l’équipe pays des Nations Unies, de la société civile haïtienne, aux côtés de la représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en Haïti (RSSG) et chef de la MINUSTAH, Sandra Honoré.

« Afin d’en tirer des leçons et pour éviter un retour de l’histoire, n’oublions pas, que lors du déploiement de la MINUSTAH en juin 2004, Haïti était dans un état de profonde instabilité institutionnelle et de violence criminelle. Le pays était dirigé par un gouvernement provisoire, le Parlement était dysfonctionnel et le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire n’existait pas », a d’entrée de jeu rappelé la RSSG. 

Saluant la présence des autorités et personnalités présentent à cette célébration qui marque la fermeture de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), conformément à la résolution 2350 du Conseil de Sécurité d’avril 2017, Sandra Honoré a témoigné son profond respect à tous les représentants des gouvernements actuels et anciens, du Parlement, aux représentants du secteur judicaire et des élus à tous niveaux de l’Etat, la société civile et le secteur privé, corps diplomatique et consulaire, collègues civils, policiers et militaires de la MINUSTAH, ainsi qu’aux collègues du système des Nations Unies qui ont contribué aux réalisations dans la domaine de la sécurité, de la stabilisation et du renforcement institutionnel depuis l’établissement de la MINUSTAH il y a un peu plus de 13 ans.

« C’est grâce à votre dévouement et grâce à votre engagement sans relâche qu’Haïti aujourd’hui peut se réjouir d’un cadre plus stable et sécurisé qui a  rendu possible la clôture de la MINUSTAH et la transition vers une autre configuration de la présence des Nations Unies en Haïti », a-t-elle indiqué.

13 années de présence avec des Mandats successifs ajustés aux besoins de la situation

Etablie le 30 avril 2004 par la résolution 1542 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la MINUSTAH  est la septième mission de paix des Nations Unies en Haïti. Sa mission : créer un environnement sûr et stable afin de permettre aux autorités Haïtiennes de restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire et de rétablir la démocratie et l’état de droit. Depuis, des mandats adaptés aux évolutions de la situation ont été renouvelées chaque année.

La MINUSTAH a poursuivi, principalement, quatre objectifs : l’établissement d’un environnement sécurisé et stable,  la stabilité politique par le renforcement de la démocratie, y compris au travers de l’assistance électorale, le développement et la professionnalisation de la Police Nationale d’Haïti et la restauration et le maintien de l’état de droit, y compris par la promotion et la protection des Droits humains.

« 13 ans plus tard, Haïti a aujourd’hui un Président de la République élu en fonction, un Parlement fonctionnel, un Système Judiciaire existant, la Police est professionnalisée avec un effectif de 14.000 agents et la population connait un niveau bien meilleur de sécurité et de stabilité », souligne Sandra Honoré.

Pour sa part, le président de la République d’Haïti, son Excellence M. Jovenel Moise a adressé ses mots remerciement à  l’organisation des Nations Unies pour son support à la République d’Haïti pendant les 13 années d’accompagnement des autorités Nationales au travers des différentes composantes de la MINUSTAH. « Je vous demande madame la Représentante Spéciale du Secrétaire Général, de transmettre, en mon nom propre et en celui du peuple Hait, mes vifs remerciements au pays membres qui ont contribué par leurs ressources matérielles et humaines, dont des troupes et des policiers nécessaires à l’accomplissement de la mission de la MINUSTAH. Et en fin de compte, permettez-moi Madame la représentante spéciale, de vous faire part de mes remerciements pour votre contribution à la stabilisation politique en Haïti et à la professionnalisation de la Police Nationale d’Haïti », a déclaré le chef de l’Etat haïtien. M. Moise se dit conscient de la persistance de quelques foyers de tension politique et sociale, tout en se disant confiant  que les acteurs politiques haïtiens sont conscients de leur impérieux devoir civique et patriotique d’engendrer un climat de stabilité politique et sociale dans leur pays. « En femmes et hommes d’État responsables, nous Haïtiens, sommes interpellés à puiser dans la réserve de patriotisme et de civisme, des leçons de l’histoire pour favoriser le Têt ansanm et le konbit nasyonal en vue du renforcement de la démocratie et de la consolidation de la paix sociale dans notre chère Haïti », affirme le président de la République  d’Haïti, qui estime qu’il n’y a pas de sacrifice trop grand pour la stabilité politique en Haïti.

La société civile partagée entre fierté et conscience des défis

« En tant que haïtienne, c’est avec un sentiment de fierté que j’assiste à cette cérémonie où la MINUSTAH nous remet le destin de notre pays. Bien entendu, on ne peut pas se vanter d’un bilan à cent pour cent positif car il reste encore beaucoup à faire. Mais on peut noter de grands progrès dans le domaine de la justice, de l’état de droit ainsi que de la stabilité politique », déclare Raphaëlle Jeorveline Barreau Bateau, coordonnatrice du réseau Jeunes parlementaires haïtiens et présidente de l’Organisation passion et amour de soi (PAS).

Se faisant la porte-parole des jeunes, Raphaëlle témoigne sa gratitude envers la MINUSTAH pour son implication dans la lutte pour l’encadrement et l’intégration de la jeunesse haïtienne et le respect des droits des femmes entre autres.  « Mais après tout, nous sommes un peuple souverain, la MINUSTAH a joué son rôle pendant treize ans, c’est à nous haïtiens de prendre la relève maintenant », estime-elle.

Raphaëlle Jeorveline Barreau n’est pas la seule à reconnaitre les progrès réalisés par le pays dans les domaines précités par les intervenants qui se sont succédé sur le podium.  Kenley Talmer, officier de projet au Centre pour la promotion de la démocratie et de l’éducation participative (CPDEP), estime que cette cérémonie marque une étape importante dans l’histoire de son pays.

 « En 2004, le Haïti a connu une crise politique chronique avec tout ce que cela implique en termes de violence et criminalité. La cérémonie d’aujourd’hui signifie que la présence des Nations Unies a porté des fruits », affirme Kenley, membre de la société civile.

Pour lui, l’évènement marque aussi la volonté des dirigeants haïtiens à prendre la relève afin d’éviter la répétition de l’histoire. Au nom de la CPDEP, Kenley salue le travail de la MINUSTAH en faveur des jeunes. Travail qui vise notamment à engager la jeunesse haïtienne dans la promotion de la bonne gouvernance et le développement durable de la société haïtienne. « De notre côté, nous nous engageons à poursuivre le travail de propagation de la bonne gouvernance que nous avons entamé avec l’appui de la MINUSTAH à travers son unité des affaires politiques », conclut-il.

Antonal Mortimé, militant du secteur des droits de l’homme en Haïti et co-directeur de l’organisme de promotion et de défense des droits humains connu sou le nom de « Collectif Défenseurs Plus » abonde dans le même sens. Pour lui, le constat global est positif mais, il reste encore beaucoup à faire pour mettre Haïti sur la voie de la stabilité surtout dans le domaine des droits de l’homme. Il se réfère aux 4 objectifs de la première résolution (1542) établissant MINUSTAH en Haïti « Je crois que certains de ces objectifs ont été atteints, comme la réalisation des élections : (2006, 2010-2011, 2015 et 2016), la pacification des quartiers populaires émaillés de violence, etc. », reconnait le défenseur des droits humains. Par ailleurs, M. Mortimer souligne que la MINUSTAH a été impliqué dans des histoires qui marquent la population haïtienne d’une manière négative. Il fait notamment référence à des cas de violences sexuelles, et à l’épidémie de Choléra. « Je crois que le système des Nations Unies droit travailler sur cet aspect pour donner une image plus positive de l’ONU en Haïti », préconise Antonal Mortimé.

Comme les membres de la société civile et les autorités Haïtiennes, la chef de la MINUSTAH reconnait qu’il reste encore beaucoup à faire pour qu’Haïti atteigne la stabilité et le développement durables auxquels tous et chacun aspirent. « Les acquis de la période de treize ans qui s’achève devront être amplifiés et c’est pour tenir compte de cette réalité que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a pris la décision dans sa résolution 2350 d’avril 2017 de mettre fin au mandat de la MINUSTAH le 15 octobre et d’établir la MINUJUSTH, une Mission plus réduite dont les opérations commencent le 16 octobre », rappelle la cheffe de la MINUSTAH.

« J’espère vivement qu’Haïti va saisir l’opportunité offerte par la MINUJUSTH afin de consolider les acquis de la stabilisation des dernières années et pour mettre en œuvre des réformes visant au renforcement de l’état de droit et des droits humains. » a conclu celle qui dirigeait la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti depuis le 15 juillet 2013.

 

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel