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Kosovo : toujours pas de dégel des relations entre Belgrade et Pristina, selon l'envoyé de l'ONU

Dans un contexte marqué ces derniers mois par un regain de tensions entre Pristina et Belgrade, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, Zahir Tanin, a estimé mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU que la situation demeurait volatile, en raison notamment de la prolifération, de part et d'autre, de « déclarations irresponsables et incendiaires ».

M. Tanin, qui dirige la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a indiqué que les deux parties n'ont eu de cesse de s'accuser mutuellement de provocations, alors même que le processus de normalisation de leurs relations nécessite une coopération sans faille.

Au niveau politique, la décision de convoquer une élection parlementaire anticipée en juin au Kosovo, suite à l'effondrement de l'alliance au pouvoir forgée en 2014, a été, selon M. Tanin, un développement important. Ces élections, a-t-il espéré, permettront d'assurer une plus grande diversité au niveau de la représentation politique au Kosovo.

Toutefois, le Représentant spécial s'est dit consterné par l'attaque dont a été victime le week-end dernier Arbana Xharra, une « grande figure des médias qui avait rejoint il y a peu le sérail politique ». Il a appelé à une enquête complète et rapide sur cet incident, jugé d'autant plus préoccupant qu'il a eu lieu en début de campagne.

Le Représentant spécial a également constaté que la volonté des dirigeants kosovars de transformer la Force de sécurité du Kosovo en une force armée par simple modification législative, plutôt que par révision de la Constitution, a faibli, ce qui est selon lui un signe positif.

Toutefois, le Représentant spécial a fait état de « distractions » qui ne permettent pas de promouvoir le dialogue facilité par l'Union européenne entre Belgrade et Pristina, notamment afin d'aboutir à la création d'une association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.

M. Tanin a ainsi regretté les slogans « intolérants et ethno-nationalistes » qui ont caractérisé la période, notamment suite à l'arrestation à Paris par les autorités françaises, le 4 janvier dernier, du dirigeant du parti d'opposition Alliance pour l'avenir du Kosovo (AAK) et ancien Premier Ministre, Ramush Haradinaj, pour sa participation présumée à des crimes de guerre commis au Kosovo au cours de la période 1998-1999.

En effet, le 7 avril, a indiqué le Représentant spécial, Daut Haradinaj, membre du AAK, député à l'Assemblée du Kosovo et frère de Ramush Haradinaj, a proféré la menace d'une « guerre » et d'« un Kosovo ethniquement pur » si son frère devait être transféré à Belgrade par les autorités françaises, suite à la demande d'extradition faite par les autorités serbes.

Ajoutant aux tensions, a poursuivi M. Tanin, le Président serbe sortant, Tomislav Nikolić, a ensuite qualifié M. Haradinaj de « chien enragé ».

« De telles incitations à la haine ne sont pas compatibles avec un discours politique digne », a estimé le Représentant spécial, qui a également constaté l'apparition de tensions entre l'Albanie et la Serbie sur la question de l'intégration des différentes communautés albanaises vivant en Serbie à des ensembles régionaux et sous-régionaux.

M. Tanin s'est toutefois dit encouragé par les associations des familles de personnes disparues, qui ont offert un exemple de dialogue constructif entre Belgrade et Pristina.

Il a appelé les dirigeants des deux parties à « transcender les divisions ethno-nationalistes, au lieu de les amplifier ». Il a également appelé le Conseil à user de son influence pour encourager les deux parties au dialogue dans l'intérêt des populations concernées.