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Kosovo : l'ONU appelle à relancer le dialogue Belgrade-Pristina

Le lancement de la nouvelle stratégie de l'Union européenne (UE) pour l'élargissement aux Balkans occidentaux pourrait contribuer à réaliser les aspirations du Kosovo à rejoindre l'UE, s'est réjoui mercredi, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général, Zahir Tanin.

Il a toutefois rappelé que la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina était une condition sine qua non pour concrétiser ce désir.

« Plus ambitieux et plus vaste cadre d'engagement depuis le Sommet de Thessalonique en 2003 », cette stratégie européenne ouvre la voie à une intégration des pays de la région conditionnée par les réformes politiques et socioéconomiques attendues d'eux, ainsi qu'à la réconciliation et à la résolution durable de leurs différends, a assuré celui qui est aussi le Chef de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).

Pour M. Tanin, « 2018 peut présenter une nouvelle opportunité de relancer ce dialogue » sous l'égide de Bruxelles.

M. Tanin a jugé l'annonce de l'UE d'autant plus opportune qu'en dehors de contacts officiels ou officieux de haut niveau entre les deux capitales, le dialogue n'a pratiquement produit aucun progrès substantiel « depuis plus d'un an ». En effet, un certain nombre d'accords ne sont toujours pas mis en œuvre, à commencer par celui qui prévoit la création de l'association ou communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo, a expliqué le Représentant spécial.

Selon lui, le meurtre en plein jour, le 16 janvier, d'Oliver Ivanovic, une importante personnalité politique serbe du Kosovo et dirigeant de « l'Initiative citoyenne Serbie, Démocratie et Justice », qui a été abattu devant les locaux de son parti à Mitrovica, a envoyé une véritable onde de choc bien au-delà du nord du Kosovo.

Si Belgrade coopère avec les autorités kosovares, des préoccupations demeurent quant à l'efficacité de l'échange d'informations, a estimé le Chef de la MINUK, qui a averti qu'un « échec à identifier les meurtriers ne serait pas seulement un terrible déni de justice, mais fragiliserait aussi la confiance de part et d'autre ».

Autre motif d'inquiétude aux yeux de M. Tanin : la tentative, le 22 décembre, d'un certain nombre de parlementaires kosovars appartenant à la coalition au pouvoir d'abroger une loi adoptée en août 2015 qui exprimait un soutien aux travaux des Chambres spécialisées du Kosovo. La création de cette juridiction et du Bureau du Procureur spécialisé qui lui est rattaché avait été « un événement majeur qui manifestait la sincère volonté du Kosovo de faire respecter l'état de droit », note le Secrétaire général dans le rapport dont était saisi le Conseil.

Dans ce contexte émaillé d'incidents et de tensions, la question du maintien de la Mission des Nations Unies (MINUK), déployée depuis 1999, a de nouveau fait apparaître les clivages entre les membres du Conseil qui appuient la position de la Serbie, pour laquelle la présence de la Mission, dans sa configuration actuelle, demeure cruciale pour assurer la stabilité au Kosovo et ceux qui, comme les États-Unis, le Royaume-Uni, mais aussi la Pologne, la Suède ou les Pays-Bas, souhaitent une réduction de la taille de la Mission et un examen moins fréquent de la situation au Kosovo par le Conseil.