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Komanda : reprise progressive des activités grâce à l’action conjuguée de l’armée et de la MONUSCO

Komanda : reprise progressive des activités grâce à l’action conjuguée de l’armée et de la MONUSCO. Photo MONUSCO

Il y a un peu plus d'un an, Komanda, le chef-lieu de la chefferie des Basili, à 80 km de Bunia, dans le territoire d'Irumu, en Ituri, faisait parler de lui pour les attaques perpétrées par les ADF, les Mai-Mai et le FPIC, Front patriotique et intégrationniste du Congo. Aujourd'hui, bien que les stigmates de cette insécurité soient encore visibles, ce centre commercial reprend peu à peu vie. Les opérations militaires dans le cadre de l'état de siège en vigueur depuis mai 2021, conjuguées aux actions musclées de la MONUSCO expliquent la reprise progressive des activités dans cette partie du territoire national. 

Il est 14h50 cet après-midi-là, le soleil est au zénith. Il faut un masque pour se protéger de la poussière que soulèvent les motos et surtout ces quelques voitures qui font le trafic entre Komanda et Luna. Nous sommes à Beyi, une petite bourgade située à 3 km de Komanda centre. Comme Kipeyayo, située elle aussi à 3 km du centre de Komanda, Beyi s'est presque vidée de tous ses habitants. Certains ont pris la direction de Bunia, d'autres celle de Mambasa ou de Komanda-centre.  

Un an plus tôt, les ADF avaient mené plusieurs attaques contre ces localités. Beaucoup d'habitants avaient dû fuir la zone pour se réfugier dans des villages plus sécurisés tels que Bavonkutu, Bamende, Mungamba ou vers Bunia. Le 26 septembre 2021, le groupe armé Front patriotique et intégrationniste du Congo (FPIC), en coalition avec ces ADF, semaient encore la terreur dans ce milieu, en incendiant le camp militaire des FARDC à Makayanga à 72 km de Bunia, ainsi que des boutiques de commerçants, et poussant encore d'autres habitants à déserter le milieu, y compris Komanda. 

Acte d'engagement grâce à la facilitation de la MONUSCO 

En juin 2022, grâce à la facilitation de la MONUSCO, le FPIC a signé un acte d'engagement unilatéral de cessation des hostilités avec le gouvernement congolais. Depuis lors, un calme précaire règne dans la zone, malgré des incursions sporadiques des ADF.  

Même si beaucoup de déplacés hésitent encore à retourner dans leurs milieux d'origine, certains ont franchi le pas et sont rentrés à Makayanga, Mangiva et Komanda-centre dans le groupement de Bandiamusu.  

Cependant, de nombreuses maisons restent désespérément vides, les marchés périphériques également. Le cas de celui de Beyi où nous rencontrons cet après-midi-là deux vendeuses, toutes des déplacées venues de Lolwa.  

Aux côtés des FARDC, les casques bleus bangladais de la MONUSCO effectuent chaque jour des patrouilles pour sécuriser et rassurer les quelques habitants restés sur place ou revenus à la faveur des opérations militaires d'envergure menées conjointement par les FARDC et la MONUSCO au Mont Hoyo, à près de 25 km de Komanda. C'est de cet endroit que les ADF planifiaient et lançaient leurs attaques contre les populations. 

La MONUSCO sur tous les fronts 

Aujourd'hui, un calme précaire règne dans la chefferie des Basili. Komanda reprend ses habitudes : régimes de plantain, sacs de braise, habits de seconde main et autres produits sont de nouveau présents au marché local. Les taximen motos ont aussi repris du service. Bref, les affaires reprennent timidement mais sûrement.

Les populations locales et les casques bleus poursuivent leur collaboration. Certains habitants rencontrés au marché public de Komanda demandent aux casques bleus de « faire plus » pour les aider à se débarrasser de la menace des ADF. D'autres se félicitent de l'appui de ces mêmes casques bleus aux FARDC qui leur permet aujourd'hui de reprendre timidement une vie normale.  

« Je me souviens, il y a quelques mois, il n'y avait presque personne ici. On était restés à peine une dizaine, on passait notre temps ici même, la peur au ventre. La MONUSCO et les FARDC ont fait un excellent travail », témoigne un habitant. 

Et de conclure : « Nous demandons à nos frères et sœurs qui avaient fui de rentrer, la situation sécuritaire s'est beaucoup améliorée pendant cette période de l'état de siège dans nos entités. Nous appelons les autorités militaires et son partenaire qui est la MONUSCO à doubler les efforts pour que tout notre territoire d'Irumu soit sécurisé ». 

Renforcer la cohésion sociale

Afin de renforcer la collaboration entre les populations civiles et la MONUSCO, ainsi que la cohésion sociale entre communautés, la Mission a organisé le 6 octobre dernier une réunion avec différentes couches de la population dans la toute nouvelle salle des conférences de la chefferie des Basili.

Quelque 200 participants ont répondu à l'invitation parmi lesquels une vingtaine de femmes, des miliciens sortis de la brousse pour reprendre une vie normale, des représentants des Conseils locaux de la Jeunesse des chefferies de Walese Vonkutu et des Basili, des membres des différentes confessions religieuses, des associations de transporteurs routiers ou encore de taxi-motos. 

Les participants ont été édifiés sur le travail de la MONUSCO.  Ils ont également été sensibilisés contre la désinformation et son corollaire que sont les discours de haine.

 « Nous sommes très contents et remercions la MONUSCO pour cette initiative qui a permis à beaucoup d'entre nous de comprendre enfin ce qu'est la MONUSCO, ce qu'elle fait, pourquoi elle est ici et pas ailleurs... Nous avons compris que nous, jeunes leaders, devons être des modèles dans nos communautés, que nous devons adopter des comportements de manière à bannir la haine et le rejet de l'autre ; parce-que c'est à cause de la haine que notre pays est en situation de guerre et que nous n'avons pas la paix dans nos communautés », a déclaré Jacques Kapalata, un des représentants de l'église catholique à l'issue de l'activité.

Afin de renforcer les liens entre la MONUSCO et les populations locales, les participants ont fait cinq propositions, à savoir :

L'installation de bases militaires de la MONUSCO dans les "coins chauds", avec ses patrouilles là où il y a des ADF et les groupes armés ;  Le financement par la MONUSCO de petits projets de réduction des violences communautaires pour occuper les jeunes et aussi laisser des traces une fois partie du Congo, mais aussi plaider auprès du gouvernement pour l'accélération du programme de DDRC-S ;  La réhabilitation de la route Komanda-Luna et de celle entre Komanda et Bunia ainsi que la construction d'infrastructures sociales telles que des Maisons de Jeunes, de femmes, de marchés, de points d'eau...  Des opérations "musclées" ou de grande envergure pour éradiquer les groupes armés et faire du mot stabilisation une réalité ;  L'organisation des audiences foraines à Komanda pour rendre justice aux victimes des atrocités des groupes armés. 

Un match de football opposant une équipe d'ex- miliciens (Amani Kwetu) à celle des vétérans de Bunia, toutes communautés confondues, a clos cette rencontre.