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Journée des Casques Bleus : les institutions haïtiennes et la MINUJUSTH font le point des avancées du maintien de la paix et la préservation des gains en Haïti

Le 29 mai, les Nations Unies célèbrent la Journée internationale des Casques bleus. Un jour destiné à honorer le plus d'un million d'hommes et de femmes qui ont servi sous le drapeau de l'ONU au sein de l’une des 14 Missions de maintien de la paix déployées sur plus de 4 continents. À cette occasion, la Mission des Nations Unies pour l´Appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH), en partenariat avec les institutions haïtiennes, a organisé à Port-au-Prince une conférence-débat suivie de tables rondes sur le thème « Maintien de la paix en Haïti : avancées et préservation des gains ». Cette journée a été une opportunité d’engager les institutions, la société civile et la jeunesse autour des thèmes de la sécurité publique, de l’état de droit et des droits humains, ainsi qu’en ce qui concerne l’égalité entre les sexes.

Cette année 2019 marque une étape particulière pour la présence des Nations Unies en Haïti, celle de la fin des opérations de maintien de la paix dans le pays. C’est pourquoi une activité spéciale a été organisée à l’occasion de la Journée internationale des Casques bleus, afin de célébrer le partenariat entre Haïti et les Nations Unies et de souligner les principales réalisations effectuées par le pays depuis 2004, notamment avec l’appui de la précédente Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), de 2004 à 2017, puis de la MINUJUSTH, de 2017 à 2019, ainsi que des 19 agences, fonds et programmes qui forment la famille des Nations Unies en Haïti.

Les autorités nationales venues en tant que panélistes ont fait part des avancées réalisées dans les domaines de la sécurité publique, de l’état de droit et des droits humains avec l’appui des deux missions de maintien de la paix et de la famille onusienne. Chacun a tenu à apporter son éclairage sur la situation actuelle du pays et les besoins pour préserver les gains.

À l'image de Michel Ange Gédéon, Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti (PNH), qui a d’abord tenu à exprimer sa reconnaissance envers les Nations Unies pour leur appui à l’institution policière : « Une bonne partie des bons chiffres de la PNH sont liés à l’appui pendant 15 ans des policiers internationaux des Missions des Nations Unies. Aujourd’hui, la PNH est prête à gérer cet héritage, déterminée à aller jusqu’au bout pour pacifier le pays ».

Lui faisant suite, le Commissaire du Gouvernement auprès du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Paul Eronce Villard, a quant à lui tenu à remercier personnellement l´appui des Nations Unies. M. Villard a rappelé que le tremblement de terre qui a affecté Port-au-Prince en 2010 avait complètement détruit les infrastructures judiciaires en Haïti et a souligné les avancées dans la lutte contre la détention préventive prolongée, avec une restructuration du Parquet et l’instauration d´un quota de production d’actes pour les 23 substituts, passant ainsi de 40 actes d'accusations en 6 mois à plus de 530 en 4 mois. Le Commissaire de Gouvernement a également fait remarquer qu´une profonde réforme en interne de la Justice est cruciale pour la stabilité et la paix sociale en Haïti.

Pour sa part, après avoir demandé une minute de silence pour honorer la mémoire des 98 Casques bleus disparus à travers le monde en 2018, le Protecteur-Adjoint du citoyen (OPC), Fritz Jean, a tenu à rappeler qu´il y a encore un important travail à faire en ce qui concerne la promotion et le respect des droits humains en Haïti, notamment par rapport aux droits économiques, sociaux et culturels, « indispensables » selon lui, pour le climat de sécurité dans le pays.

À son tour, le directeur de la Direction de l´Administration Pénitentiaire (DAP), Charles Nazaire Noël, a affirmé que cette institution « est un maillon extrêmement important de la chaine pénale haïtienne ; lorsque cette dernière est en mauvaise santé, c’est toute la chaine pénale qui en pâtit ». Il a remarqué le partenariat de la DAP avec la MINUSTAH, puis avec la MINUJUSTH, et que celui-là « a consisté fondamentalement à aider l’institution pénitentiaire à se remettre debout et ensuite à la consolider dans son processus de développement, à travers sa vision à long terme de modernisation, susceptible de la propulser au niveau de toutes les autres institutions œuvrant dans le même domaine ». M. Noël n’a pas omis de mentionner que la DAP développe actuellement un processus de certification de prisons avec l’unité correctionnelle de la MINUJUSTH qui va permettre à l’institution d’évaluer ses opérations carcérales par rapport aux normes internationales établies en la matière.

Pour Jose Aristild représentant du Comité Interministériel des Droits de la Personne, les troubles à la paix « sont les résultats des droits violés, des atteintes aux droits de l’homme ». Malgré les défis, il a souligné les avancées dans le domaine : « Effectivement nous avons pu gagner en efficacité dans la production des rapports. Avant on reprochait souvent à l’Etat haïtien de ne pas soumettre aux Organes des traités les rapports, lesquels sont des obligations contractées par la République d’Haïti en ratifiant ces conventions. Garantir et promouvoir les droits de l’homme ce n’est pas seulement pour plaire ou bien pour respecter une obligation internationale, mais c’est de préférence pour essayer de garantir la paix ».

Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, le Dr. Mamadou Diallo, quant à lui, a réitéré l´engagement des Nations Unies pour continuer d´accompagner Haïti dans la consolidation des gains et dans son chemin vers le développement durable.

La voix des jeunes et de la société civile

Jeunes et représentants de la société civile, ils sont plus de 50 à être venus assister à la conférence-débat et aux tables rondes organisées pour la célébration de la Journée internationale des Casques bleus en Haïti. Une occasion pour ces acteurs d’identifier ce qui fonctionne dans les actions déjà en cours, mais aussi d’assurer leur durabilité. « Les acteurs de droits humains ont pour responsabilité d’assurer la pérennité des actions engagées par la MINUJUSTH », souligne Jean-Louis Ramong, un avocat du barreau de Port-au-Prince. « Nos propres moyens sont suffisants : il nous faut de la volonté, de l’organisation et un travail en synergie ».

Membre de la table ronde Etat de droit, Pamela Pierre, de l’ONG Vwajenès, souligne quant à elle les progrès faits dans le domaine : « On peut noter de nombreux gains dans le secteur. Il y a d’abord une plus grande participation des jeunes dans la vie politique, mais aussi davantage d’engagements de femmes à travers les organisations féministes. On peut aussi parler d’un progrès de l’égalité devant la loi en Haïti. Avant, les hommes politiques avaient tendance à réellement se sentir au-dessus de la loi. Désormais, on l’entend à la radio, ils sont davantage exposés devant la loi ».

 

#MesEngagementsHAITI : et vous, quels sont vos engagements pour Haïti ?

En clôture d’événement, la jeune représentante de Vwajenès choisit de participer à la campagne #MesEngagementsHAITI en arborant un écriteau : « Je m’engage à être encore plus active en ce qui concerne l’épanouissement de la femme et des jeunes ».  Et c’est tout l’objet de cette journée : faire le point sur les avancées afin de créer un espace de dialogue et d’engagement réciproque des autorités, de la société civile et des jeunes, dans le cadre de la transition vers la fin des opérations de maintien de la paix en Haïti.Depuis janvier 2019, les écoliers du projet #IlEtaitUneFABLE ont formulé des demandes d’engagements aux autorités nationales dans les domaines de la sécurité publique, de l’état de droit et des droits humains. En cours de compilation par la MINUJUSTH, ces engagements constituent pour les institutions du pays un cahier des charges vis-à-vis de la jeunesse haïtienne. Une opération reprise par les officiels présents aujourd’hui, comme le Directeur Général de la PNH, qui signe : « La PNH s’engage à œuvrer pour continuer à créer un climat de paix, de sécurité pour tout le territoire national, en particulier dans les quartiers où la violence fait actuellement rage ».  

 

 

 

Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, le Dr. Mamadou Diallo, a également participé à la campagne #MesEngagementsHAITI, en affirmant : « Je m´engage à soutenir la PNH dans la poursuite de sa professionnalisation ».  

 

L’espace d’une journée, une prise de conscience de la nécessité pour chacune et chacun de s’engager à son niveau et de se mettre en réseau pour en augmenter l’impact en préparation au départ de la MINUJUSTH le 15 octobre 2019. Autonomisation et responsabilisation, chacun s’est emparé de son rôle d’appui à la sécurité publique, à l'état de droit et aux droits humains, en se promettant d’agir sans attendre pour préserver les gains durement acquis sur les dernières années.