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Jean-Pierre Lacroix : « Il est très important que le désengagement graduel des éléments de la MONUSCO se fasse parallèlement à la montée en puissance des forces de sécurité congolaises »

Jean-Pierre Lacroix : « Il est très important que le désengagement graduel des éléments de la MONUSCO se fasse parallèlement à la montée en puissance des forces de sécurité congolaises ». Photo MONUSCO

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU Jean-Pierre Lacroix, accompagné de la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, Catherine Pollard et du Secrétaire général adjoint Christian Saunders, Coordonnateur spécial chargé d’améliorer les moyens d’action de l’ONU face à l’exploitation et aux abus sexuels, était samedi 3 février 2024 au Sud-Kivu. À Bukavu, chef-lieu de la province, la délégation onusienne a successivement rencontré le gouverneur Théo Ngwabidje, les membres du bureau de coordination de la Société Civile ainsi que le personnel de la MONUSCO.

Transfert des tâches aux autorités congolaises

Le gouverneur Théo Ngwabidje et la délégation onusienne ont abordé divers aspects liés au désengagement de la MONUSCO. Parmi ceux-ci, la question centrale concernait la poursuite de la protection des civils, notamment par le renforcement des effectifs des forces de défense et de sécurité dans les zones à haut risque ainsi que la pérennisation du système d’alerte précoce. Les discussions ont également porté sur la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre.

Le gouverneur Théo Ngwabidje met en avant une « co-responsabilité » partagée avec les Nations Unies pour le succès de toutes les questions discutées, une perspective également partagée par Jean-Pierre Lacroix qui reconnaît « des défis communs à relever ».

Selon lui, bien que les dates du calendrier de désengagement convenu soient importantes, il souligne également l’importance d’assurer que le processus de transfert des tâches et responsabilités de la MONUSCO aux autorités congolaises se déroule « de manière réussie, fluide, collaborative (…) afin que les acquis soient consolidés ». Par ailleurs, « Il est très important que le désengagement graduel des éléments de la MONUSCO se fasse parallèlement à la montée en puissance, au même rythme, des forces armées, des forces de sécurité congolaises » a insisté le chef des opérations de paix des Nations Unies.

Quid du rôle de la Société Civile ?

La problématique de la protection des civils, demeure une préoccupation majeure pour la société civile particulièrement au moment du retrait de la MONUSCO du Sud Kivu. Cette entité citoyenne s’interroge sur le rôle qu’elle peut jouer pendant et après le désengagement de la MONUSCO « pour que la paix, la cohabitation pacifique et le développement soient instaurés non seulement en République démocratique du Congo mais aussi dans la sous-région des Grands Lacs ».

A ce titre, Adrien Zawadi, président du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, a émis plusieurs recommandations. Il propose notamment « que le Conseil de Sécurité [de l’ONU] prenne des mesures draconiennes et préventives concrètes à l’encontre des agresseurs de la République Démocratique du Congo et de leurs acolytes visibles et que ceux qui agissent dans l’ombre ne profitent pas du désengagement de la Mission pour déclencher des conflits qui pourraient embraser toute la région ». Par ailleurs, Adrien Zawadi affirme que la société civile, à travers ses différentes organisations et structures de base, continuera à travailler sur les questions vitales de la population.

De la gestion des conséquences des cas d’abus et exploitation sexuels

La question de la gestion des conséquences des cas d’abus et d’exploitation sexuels impliquant le personnel de l’ONU a suscité l’intérêt de la presse locale. « C’est pour nous une priorité absolue », a souligné Jean-Pierre Lacroix, « car ce sont des actes commis par une petite minorité mais qui ternissent de manière dramatique le travail de tous nos collègues ».

Le secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU a également mentionné que sa visite était effectuée en compagnie de Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, ainsi que du Secrétaire général adjoint Christian Saunders, Coordonnateur spécial chargé d’améliorer les moyens d’action de l’ONU face à l’exploitation et aux abus sexuels.

Il a précisé que l’objectif était de « de renforcer la prévention, d’accélérer les mesures déjà prises et de veiller à ce que les conséquences, y compris les questions de paternité reçoivent l’attention nécessaire ainsi que les mesures de suivi indispensables ».

Dans l’après-midi, des discussions approfondies sur ce sujet ont eu lieu au quartier général de la MONUSCO à Bukavu avec l’équipe de Conduite et Discipline (CDT).

En raison de conditions météorologiques défavorables, la délégation onusienne n’a pas pu se rendre ce dimanche 4 février 2024 dans le Sud de la province du Sud-Kivu, plus précisément à Mikenge, où la MONUSCO assure jusqu’à présent la protection de plus de 2500 déplacés internes.