Bienvenue aux Nations Unies

ITURI :  L’ONU forme des journalistes à la lutte contre les discours de haine pour promouvoir la paix.

Lutter contre le discours de haine et favoriser une meilleure compréhension du phénomène auprès des professionnels des médias, tel a été l’objectif poursuivi par la MONUSCO et le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH), en organisant, le 18 décembre dernier à Bunia en Ituri, une formation au profit d’une vingtaine de journalistes de la Province.

La formation a également mis l’accent sur le cadre légal en lien avec cette problématique et a permis de circonscrire le rôle et les responsabilités des professionnels des médias dans la lutte contre le discours et les messages incitatifs à la haine dans la province de l’Ituri.

Selon le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme, les discours de haine et messages incitatifs à la haine sont très dangereux pour une société, car facteurs déclencheurs de conflits. Ils véhiculent et légitimisent l'exclusion de certaines communautés, en même temps qu'ils les stigmatisent. Ils nourrissent par ailleurs suspicion et méfiance entre communautés.

Pour combattre ce phénomène, les médias ont un rôle très important à jouer. Conformément à l'article 5 du Code de Déontologie et de l'Ethique du journaliste congolais, ce dernier doit « bannir l'injure, la diffamation, la médisance, la calomnie, les accusations sans preuves, la déformation des faits, le mensonge, l'incitation à la haine (religieuse, ethnique, tribale, régionale ou raciale) ainsi que l'apologie de toute valeur négative dans la pratique quotidienne de son métier ». Cela signifie donc que les journalistes doivent éviter des propos haineux et de les propager ; ils doivent aussi éviter les références non-nécessaires à l'identité des sujets. Ils doivent en revanche favoriser la diversité et la représentativité de la société, et signaler tout propos haineux.

 

Le micro que nous tendons aux gens peut apporter la paix ou pousser à brûler le pays

 

Markus Jean Loika est journaliste au media en ligne buniaactualite.com.  Il affirme avoir trouvé la formation très intéressante et fort utile pour mon travail. « Pour moi, cette formation m'a aidé à connaître mon rôle en tant que journaliste dans la lutte contre le discours et les messages de haine. Cela m’a permis également de mieux prendre conscience de mon importance dans la lutte contre ce phénomène dans la communauté et surtout, en Ituri où ces cas sont courants. Nous prenons tous, nous journalistes, l’engagement de dénoncer désormais ces discours que l’on entend souvent dans la province ».

Pierrot Saliboko Mangala, Journaliste à Radio Merveille à Bunia, a lui aussi participé à cette formation. « Cette formation nous a permis d’augmenter nos connaissances. En tant que journalistes, nous sommes constamment sur le terrain, nous interviewons des gens mais on se retrouve souvent devant ce genre de difficultés, puisqu’on ne savait pas ce que c’est qu’un discours de haine ou un message incitatif à la haine. Avec ce que nous avons appris ici, nous allons encore faire très bien notre travail pour ne pas tomber dans des infractions d’incitation à la haine, puisque c’est punissable par le droit congolais. Cela va nous aider encore davantage à recadrer  les choses, surtout quand on traite de sujets qui touchent aux communautés, car le micro que nous tendons aux gens peut apporter la paix ou pousser à brûler le pays », souligne-t-il.

Pour rappel, les Nations Unies définissent le discours de haine comme « tout type de communication (orale, écrite, comportementale) constituant une atteinte ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l'égard d'une personne ou d'un groupe en raison de leur identité (religion, race, ethnie, nationalité, couleur de peau, genre, ascendance, etc. ».

Enfin, il a été rappelé que la lutte contre le discours de haine exige une action coordonnée permettant de s'attaquer aux causes profondes et aux éléments moteurs qui en sont à l'origine, ainsi qu'aux conséquences sur les victimes et la société.