Le marché de Dzudda, ayant récemment repris du service, était fermé depuis 2022 suite à des violences intercommunautaires entre Hema et Lendu.
« Toutes les communautés se retrouvent ici ». Christine Gbosi est vendeuse au marché de Dzudda depuis plusieurs années. Si son visage rayonne malgré la chaleur accablante, c’est parce qu’elle peut à nouveau exercer la seule activité qui lui permet de subvenir à ses besoins. Comme d’autres marchés en Ituri, celui de Dzudda ferme dès que la violence surgit et divise les communautés. Afin de briser ce cycle, la MONUSCO a initié des cadres de dialogue pour rapprocher les populations et à promouvoir les échanges commerciaux comme alternative au conflit.
Le marché de Dzudda était fermé depuis 2022 à la suite des violences intercommunautaires entre Hema et Lendu qui ont causé de nombreuses pertes humaines.
Réunir les communautés
En temps normal, plusieurs centaines de personnes s’y retrouvent chaque jour pour vendre ou acheter des légumes, du bétail ou des biens manufacturés. Haut lieu de négoce à Djugu, sa fermeture avait plongé de nombreuses familles dans la précarité. D’où la joie qui illumine le visage de Christine en cette fin de matinée ensoleillée de mai. Le marché a rouvert le mois dernier. « Je suis très contente, car toutes les communautés se retrouvent ici. Le marché est plein. C'est ce que nous voulions. Nous y trouvons tout ce qu’il nous faut », se réjouit Christine.
Cette réouverture est le fruit de plusieurs mois de médiation et de discussions menées par la section des Affaires civiles de la MONUSCO. Consciente de l’importance des espaces publics tels que les marchés, les écoles ou les hôpitaux dans la vie communautaire, la Mission œuvre pour que ces lieux restent accessibles, afin de favoriser la cohabitation pacifique, le dialogue et la résilience des populations.
« Nous voulons la paix »
Pour parvenir à ces résultats, la MONUSCO collabore étroitement avec les autorités locales, les chefs coutumiers et les leaders communautaires. À l’issue de semaines de concertation, des engagements ont été signés et des recommandations formulées. Quatre marchés ont ainsi pu rouvrir : Dzudda (fermé en 2022), Masumbuko (fermé depuis un an), Gina et Nyampala.
« Nous apprécions la réouverture de ce marché, fermé à cause des atrocités. Cette reprise a été rendue possible grâce à l’intervention de la MONUSCO. C’est un signe encourageant. Cela dit, j’invite les communautés Lendu et Hema à éviter les comportements qui compromettent la paix. La cohésion sociale repose sur des interactions continues. Il faut que les deux communautés maintiennent le contact », souligne Héritier Dhesa Dezunga, de la société civile de la chefferie des Bahema Nord, habitué à fréquenter le marché de Dzudda.
Christine, pour sa part, redoute par-dessus tout le retour des violences. Pour elle, seule la paix permet de faire de bonnes affaires. « Nous ne voulons plus de guerre, nous voulons la paix », martèle la jeune commerçante en déambulant entre les étals. Au sein du site de déplacés de Rhoo, l’impact de ces réouvertures est également palpable. Privées d’accès à leurs villages d’origine, les populations y trouvent une opportunité de relance économique et un moyen de subvenir aux besoins de leurs ménages.
Des patrouilles pour dissuader les milices
Les marchés de Gina et Nyampala, fermés durant trois mois, ont également rouvert. Le 9 mai, la section des Affaires civiles de la MONUSCO, accompagnée des Casques bleus népalais, a réuni les forces vives locales, les chefs communautaires et les autorités des deux villages pour relancer le dialogue entre Hema et Lendu.
Ce processus de réconciliation est soutenu par un volet sécuritaire. Depuis la réouverture, les Casques bleus mènent des patrouilles régulières, parfois conjointes avec la police et l’armée nationales, pour garantir la sécurité des civils se rendant sur ces marchés. Un soulagement pour les habitants, qui retrouvent ainsi leurs lieux d’échange, de rencontre et de vie. Cette dynamique est saluée par les notables locaux qui considèrent ces espaces commerciaux comme des leviers essentiels pour la réconciliation et la paix durable dans la région.