Avant sa fin de Mission au sein de la MINUSMA, la compagnie d'infanterie mécanisée suédoise a effectué ses deux dernières opérations du 11 au 14 octobre et du 6 au 7 novembre 2022, en escortant des équipes de la MINUSMA qui se sont rendues dans plusieurs communes de la région de Gao. En direction d’Ansongo, ces visites de terrain avaient pour objectif de mener des entretiens avec la population locale et recueillir des informations sur la situation sécuritaire. Ces missions avaient aussi un but préventif, eu égard aux menaces des groupes armés terroristes qui pèsent sur la population des villages desdites communes.
« Les missions intégrées civils et militaires sont très importantes pour nous. Elles nous permettent de recueillir directement les informations auprès des populations pour mieux adapter nos réponses dans le cadre de la protection des populations civiles, » déclare Badarou MAIGA du bureau de la MINUSMA à Gao. Pour permettre à ces équipes civiles d’interagir en toute sécurité avec les populations, les soldats de la paix suédois, comme à leur habitude, ont pris toutes les dispositions sécuritaires nécessaires. « Notre rôle dans cette mission est de faciliter le travail du pilier civil de la MINUSMA dans ses interactions avec les populations le long du parcours. Nous nous assurons qu’il soit en sécurité » affirme le Capitaine Sante NATHANSON.
Rassurer par la présence et réconforter par l’écoute
Avant d’atteindre Ansongo, la mission conjointe de la MINUSMA a fait halte dans plusieurs villages pour échanger directement avec les populations. « Je suis très content que la MINUSMA soit venue ici pour échanger avec nous sur nos préoccupations et sur la paix. Cela permettra de trouver une solution à nos problèmes. Nous sommes des pêcheurs, des éleveurs et des agriculteurs et ce que nous demandons à la MINUSMA, c’est de nous aider à travailler plus facilement » déclare Youcha BONCANA, Conseiller du village de Tacharane. Il souligne aussi que son village n’a pas été épargné par la dégradation la situation sécuritaire dans la région. « Nous subissons les enlèvements de notre bétail. Nous avons accueilli des personnes déplacées qui ont fui l’insécurité dans leurs localités. Ici à Tacharane, il y a au moins un déplacé dans chaque famille » précise Youcha BONCANA.
La Suède, un des éléments clés du Groupement des forces mobiles de la MINUSMA
Constituée de 220 soldats, d’officiers d’infanterie et de commandos de la marine suédoise, cette compagnie se trouve en première ligne de la protection des populations dans la région de Gao, au Nord du Mali. « Notre particularité réside dans nos patrouilles de longue portée. Nous sommes autonomes et pouvons faire des missions allant jusqu’à deux semaines. Nous disposons de la logistique nécessaire pour cela », explique Douglas, le Commandant de la compagnie qui dirige la mission.
S’adapter aux réalités du terrain
« La chaleur est un grand défi pour mes hommes et le matériel, mais nous avons des hommes engagés qui s’adaptent aux conditions », indique Douglas. À cela s’ajoute l’immensité du territoire du Mali. « Faire un plan détaillé afin d’utiliser la logistique adaptée pour nos opérations, exige beaucoup de rigueur et de temps », affirme-t-il. Tous les soldats et officiers de sa compagnie suivent une formation de six mois en Suède avant leur déploiement au Mali et font six autres mois de mission avant de repartir dans leur pays.
Les conditions sur le terrain sont certes difficiles, mais comparées au but recherché qui est de « protéger les populations », aucune place n’est laissée à la démotivation. Après chaque opération, le sentiment d’avoir rassuré, assisté et protégé des populations, reste une satisfaction morale sans égale.
Parmi les militaires de l’escorte, Ebba est un exemple de cette motivation. Agée de 22 ans et native de la région de Stockholm (capitale de la Suède), ce soldat de deuxième classe est l’une des 26 femmes présentes au sein de la compagnie. Déployée au Mali depuis cinq mois, elle est motivée pour accomplir sa mission : « protéger les populations ». Conductrice de blindés et tireuse d’élite à la tourelle, Ebba se sent aussi bien à l’intérieur qu’au-dessus d’un blindé. Ce jour, elle raconte son expérience sur les terres rocailleuses à l’entrée de Tin Tafagat, un village aux environs de Hin Hamma. « Dans l’armée suédoise, il n’y a pas de différence fondamentale entre une femme et un homme », dit-elle pour expliquer ses capacités d’adaptation aux conditions climatiques.
Tout au long du trajet, tout comme à l’entrée des villages, les démineurs passent au crible les différentes pistes. Il faut s’assurer qu’il n’y a pas de mines ou d’engins explosifs dissimulés sous les pistes. Dans les villages de Tin Tafagat et Madjibou, quelques habitants sont encore sur place alors que la majorité a fui à cause des menaces terroristes pour s’installer dans des bourgades près de Tin Hamma. Au crépuscule, après plusieurs heures de patrouilles entre les principales localités, la compagnie campe à proximité de Tin Hamma, chef-lieu de la commune.
Mid November our Swedish Mechanized Infantry Company-Reconnaissance (MIC-R) concluded its final operation, marking the end of the Swedish operational contribution to our mission. Many thanks for many years of professional work! You were an invaluable part of our team.@SwedenUN pic.twitter.com/sJwLeLY8oc
— Kees Matthijssen (@KeesMatthijssen) November 26, 2022
Depuis le début de l’année, Douglas et son équipe ont mené huit grandes opérations et de nombreuses missions de courte durée dans la région de Gao. Des unités effectuent des patrouilles en permanence sur le terrain pour rassurer les populations.
L’engagement des soldats suédois dans la région de Gao est très apprécié du commandement du Groupement des forces mobiles de la MINUSMA. Selon le commandant de cette force de réaction rapide, le Colonel Mohammed Mohashim REZA, « la compagnie mécanisée d’infanterie et de reconnaissance suédoises a été excellente dans la conduite des opérations dans lesquelles elle a été engagée. Les soldats ont démontré la présence de la MINUSMA dans les localités reculées et ont toujours assuré la protection des populations civiles en cas de besoin. Ils l’ont fait avec efficacité et professionnalisme ».
Un départ programmé
La compagnie suédoise est en fin de mission au Mali. Elle intervient tel que convenu depuis son arrivée en novembre 2014. La nouvelle équipe qui arrive avec la prochaine relève aura pour mission d’organiser le retrait définitif du contingent.
Interrogé sur la contribution suédoise à la Force de la MINUSMA, le Général de Corps d’Armée, C.J. (Kees) MATTHIJSSEN a remercié ces femmes et ces hommes avant de déclarer que : « leur dévouement et professionnalisme ont été un atout clef au soutien du processus de paix et à la protection de la population malienne. Au nom des membres de la Force, nous leur souhaitons un bon retour au pays ».