Avec une fréquence de trois séances par semaine, cette formation concerne toutes les unités d’intervention et départementales de la PNC. / Photo police MONUSCO
« Cette formation arrive à point nommé. Nous en avions besoin, en ce moment précis, où le pays s’apprête à aller aux élections », affirmait vendredi 8 septembre dernier le commandant de la Police nationale congolaise (PNC) du district d’Oicha, chef-lieu du territoire de Beni au Nord-Kivu.
C’était à l’ouverture d’une session de formation organisée par UNPOL, la police de la MONUSCO, en faveur de 1730 éléments de la PNC, dont 700 d’Oicha et 1000 pour la ville et le territoire de Beni.
« Il est important d’outiller nos policiers avec certaines pratiques, telles que la gestion d’une foule hostile, les meetings politiques et les possibles débordements que ceux-ci peuvent engendrer entre candidats ou leurs sympathisants… C'est important pour nous qui faisons de la police de proximité, [sachions] que nous sommes près des habitants, et que ces derniers ne sont pas nos ennemis », a-t-il estimé.
Pendant trois mois, soit de septembre à novembre 2023, la police de la MONUSCO va former et/ou recycler ces agents de la police congolaise en maintien et rétablissement de l’ordre public (MROP), mais également en gestes et techniques professionnels d’intervention (GTPI).
Renforcer les capacités opérationnelles de la PNC
L’objectif de cette formation est de « participer au renforcement des capacités opérationnelles de la PNC en matière d’intervention et de sécurisation du processus électoral dans le respect du cadre légal et des libertés publiques », affirme Comlan Germain Oreko, le chef du secteur ad intérim de la police MONUSCO/Beni.
Avec une fréquence de trois séances par semaine, cette formation concerne toutes les unités d’intervention et départementales de la PNC. A l’issue de cette formation, les policiers congolais devaient être en mesure de :
Maîtriser les techniques professionnelles appliquées en maintien et rétablissement de l’ordre public, en gestes et techniques professionnels d’intervention ; Assimiler les diverses techniques de défense et d’interpellation ; Intervenir avec discernement en préservant l’intégrité physique des personnes interpellées ; Adopter un comportement professionnel respectueux des droits de l’Homme ; Avoir la maîtrise de soi en toutes circonstances.Mieux vaut prévenir que guérir « Cette formation est préventive par rapport aux troubles qui pourraient subvenir lors des prochaines élections. Le but, c'est d'anticiper la gestion d'éventuels troubles qui pourraient avoir lieu avant, pendant et après les élections », a prévenu le chef de secteur a.i. de la police MONUSCO/Beni. Les périodes électorales étant généralement source de tensions et de joutes de toutes sortes, elles conduisent parfois à la violence entre candidats ou leurs sympathisants. La région de Beni n’y échappe pas. Depuis l’annonce du dépôt des candidatures par la Commission nationale électorale indépendante, CENI, pour les élections prévues en décembre prochain, il s’observe déjà une certaine effervescence au sein du microcosme politique local. Il en résulte une fébrilité qui s’empare des différentes couches de la population. Butembo, par exemple, ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Beni, en est l’exemple typique : plusieurs incidents y ont en effet opposé des sympathisants de candidats aux législatives nationales et provinciales. Alors même que la campagne électorale proprement dite n’a pas encore officiellement commencé. Tout cela fait craindre des troubles à l’ordre public aux conséquences imprévisibles.
C’est justement pour anticiper les actions de la police, premier garant de la gestion des troubles à l’ordre public et de la protection des personnes ainsi que de leurs biens, que la police de la MONUSCO a initié cette formation.
« Vu que la zone est réputée dangereuse, il faut prendre des dispositions en amont en renforçant les capacités de nos partenaires en maintien et rétablissement de l'ordre public et les techniques d'intervention au cas où la situation dégénèrerait. En d’autres termes, il faut que la PNC soit professionnellement aguerrie et en mesure de faire face et de savoir maîtriser une foule afin d'éviter l'usage des armes », a-t-il expliqué.