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Abdoul Aziz Thioye : « le rapport sur les violences à Djugu n’est pas dirigé contre une communauté »

Rencontre entre le Directeur du BCNUDH, Abdoul Aziz Thioye, et les autorités locales et la population de Bunia le 15 janvier 2020. Photo MONUSCO/Jean-Tobie Okala

Bunia, le 15 janvier 2020 – Le Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Abdoul Aziz Thioye, a effectué une brève visite à Bunia en Ituri mardi 14 janvier 2020, afin de rencontrer les autorités locales et la population après la publication, 4 jours plus tôt, à Genève, en Suisse, du rapport sur les violences dans le Territoire de Djugu par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme.

Ces violences, survenues entre « décembre 2017 et septembre 2019, avaient fait 701 victimes, 168 blessés et occasionné 142 victimes de violences sexuelles, dans le contexte de tensions interethniques entre les communautés Lendu et Hema », note le rapport.

D’emblée, Abdoul Aziz Thioye s’est voulu clair : « ce rapport n’est pas dirigé contre une communauté spécifique. La responsabilité pénale n’est pas collective mais plutôt individuelle. Ce n’est pas une communauté qui est stigmatisée, mais des individus, qui appartiennent à une communauté, et qui se sont rendus coupables d’atrocités et d’actes de barbarie qui pourraient être constitutifs de crimes contre l’humanité », a-t-il précisé face à la presse, qu’il rencontrait à la Salle de Conférences de la MONUSCO à Bunia.

La responsabilité pénale n’est pas collective mais plutôt individuelle.

Répondant aux critiques qui avancent que le rapport ne satisfait aucune des deux communautés, ou qu’il semble avoir sous-estimé l’ampleur des violences, le Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme en RDC a affirmé qu’il s’agissait avant tout d’un rapport des droits de l’homme et non d’une enquête judiciaire.

Et d’ajouter : « Nous sommes en mesure d’apporter des preuves de tout ce que nous avançons dans ce rapport. Le bilan de ces atrocités est peut-être plus élevé comme certains pourraient l’affirmer, mais nous n’avons rapporté que ce que nous avons pu documenter ». 

Justice, développement, stabilisation et réconciliation

Beaucoup de sang a coulé dans le Territoire de Djugu. Aussi, pour les Nations Unies, en plus de la nécessaire justice, les efforts doivent désormais être tournés aussi vers le développement, la stabilisation et la réconciliation communautaire.

C’est le sens de l’appui que la MONUSCO apporte aux efforts des autorités provinciales et nationales en vue de la pacification de Djugu et de l’Ituri en général, afin que la paix s’installe dans les cœurs et entre les communautés.

Ainsi, sous les auspices du Gouvernement provincial de l’Ituri, rien qu’en 2019, la MONUSCO a facilité l’organisation de 6 dialogues communautaires en Territoire de Djugu (Fataki, Nizi, Drodro, Lita…), incluant les différentes communautés, et ultérieurement, une large campagne de sensibilisation au sein de la communauté Lendu.

Ces activités ont permis aux communautés de maintenir la communication entre elles et d’atténuer l’ampleur de la violence dans ce Territoire. Comme autre impact de ces dialogues, les participants ont pu identifier les causes des violences et se sont accordés sur des pistes de solution pour ramener la stabilité dans leur Territoire.

Le rapport sur les violences à Djugu fait d’autres recommandations qui vont dans le sens, notamment, de la résolution pacifique de conflits, des campagnes de sensibilisation, la réconciliation communautaire pour promouvoir le « vivre ensemble », la démobilisation, la Justice transitionnelle, etc. Il demande aux autorités congolaises de s’attaquer aux racines de conflits et d’identifier les principaux auteurs des violences en Ituri afin qu’ils répondent de leurs actes devant la justice.

C’est aussi l’un des objectifs de ce rapport qui, pour le Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme, est un instrument de plaidoyer. Ainsi, « personne ne pourra dire… je ne savais pas », a-t-il conclu.