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Vers l’informatisation de la gestion des établissements pénitentiaires du Mali

La MINUSMA a soutenu la création et l’utilisation d’un logiciel informatique de gestion des établissements pénitentiaires maliens. À l’essai dans plusieurs établissements au Mali, un atelier a été organisé par la Direction nationale de l’Administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée (DNAPES), afin d’en valider son utilisation dans tout le pays. Soutenu par la MINUSMA, cet atelier de validation s’est tenu à Bamako les 28 et 29 janvier dernier et a réuni 52 participants.

Organisé par la DNAPES, avec le soutien et l’appui de la section des Affaires judiciaires et pénitentiaires (SAJP) de la MINUSMA, le but de cet atelier de deux jours était d’évaluer et de valider le projet pilote d’informatisation. Celui-ci reposait sur l’opérationnalisation d’un logiciel de recueil informatisé des données administratives et de la détention, dénommé AGIDERM, au sein de quelques établissements pénitentiaires et de l’éducation surveillée du Mali. L’atelier a réuni 52 participants. Parmi eux, des responsables du ministère de la Justice, de l’Administration pénitentiaire, des magistrats de quelques juridictions, des techniciens et ingénieurs informaticiens du ministère de la Justice, les Partenaires Techniques et Financiers du secteur pénitentiaire dont le Comité international de la Croix-Rouge  et le Programme des Nations Unies pour le Développement, des ONG, des institutions nationales en charge de l’informatique et la technologie (Agence des Technologies de l’Information et de la Communication (AGETIC), la CPS (Cellule de Planification et des Statistiques du Ministère de la Justice)). Des recommandations utiles pour la pérennisation du système ont été formulées à l’issue de cet atelier.

Comprendre AGIDERM, le projet pilote et l’atelier 

Ce projet initié par la SAJP/MINUSMA, est un projet test qui a consisté en la conception et l’installation d’un logiciel de recueil informatisé des données, ainsi qu’à la formation du personnel choisit dans sept prisons, à Bamako, au centre et au Nord du Mali. Le contenu de l’atelier a reposé essentiellement sur la présentation et la manipulation du logiciel AGIDERM. AGIDERM est une application informatique qui sert à gérer, à suivre, à stoker les informations et données administratives, sanitaires et de la détention. Elle permet aussi d’évaluer le risque sécuritaire et de classifier les détenus le tout, assorti d’un système d’alerte sur les cas de dépassement de délais de détention et autres disfonctionnements, notamment sur l’état de santé des détenus. Ce logiciel, développé conformément aux règles internationales, notamment les règles Mandela, les règles de Bangkok, les outils du CICR, de UNICRI (Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice) et de l’ONUDC (Office des Nations Unies Contre la Drogue et le Crime), enregistre à ce jour près de 3000 personnes détenues au Mali, y compris les cas de terrorisme.

Une communication sur le schéma directeur d’informatisation du ministère de la justice a également permis de situer cette application dans ce schéma, ainsi que les différentes responsabilités à réunir pour la réussite et la pérennisation de ce système d’informatisation. Un rappel sur les défis ainsi qu’une session de discussion de groupes ont été faits pour identifier comment relever les défis et réfléchir sur les perspectives de pérennisation de ce système.

Selon le chef de la SAJP Ahmed Ghanem, AGIDERM a été développé par la SAJP/MINUSMA et utilisé en version pilote dans les établissements pénitentiaires à Bamako (Maison Centrale d’Arrêtet Bollée femme) ; Koulikoro, Mopti, Gao, Tombouctou, Bandiagara. Pour Babou Togora, représentant le Ministre de la Justice à la clôture, l’atelier a permis d’analyser, d’évaluer, de compléter et valider le logiciel, « afin d’assurer une continuité dans sa mise en œuvre pour que désormais ce logiciel soit apte à être opérationnel dans tous les établissements pénitentiaires ».

Au bout des deux jours de travaux, le système a été validé et une feuille de route pour assurer une transition avec "le projet Mandela" dans le cadre du "Global Focal Point" a été adoptée. Rappelons que ce projet continuera pour l’ensemble des prisons inscrites dans le portefeuille du projet Nelson Mandela, piloté conjointement par la SAJP et le PNUD dans le cadre du Global Focal Point.

Un appui majeur à l’administration pénitentiaire du Mali

Dans son discours d’accueil, le directeur adjoint de la DNAPES, a remercié la SAJP/MINUSMA pour, « son appui constant et pour la conception, la mise en place de ce logiciel ainsi que la dotation des établissements pilotes en matériels informatique ». Il a rappelé l’utilité de ce projet et surtout « l’innovation qu’apporte ce logiciel dans la réforme de la prison et la gestion du carcéral ». Le représentant du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Diakariaou Doumbia, avant d’ouvrir la séance a félicité la qualité de la collaboration entre la SAJP/MINUSMA et la DNAPES. Il a notamment salué la dotation en matériel informatique des sept prison, couverte par le projet, la formation du personnel et l’installation du logiciel. Le représentant du Ministre a qualifié « d’exemplaire » les relations entre les deux entités. Il a également indiqué que « la SAJP a permis aux prisons maliennes d’être en conformité avec les normes internationales », il a insisté « sur la formation et le suivi quant à ce système » et a promis « un investissement personnel du Ministère de la Justice pour valoriser ce logiciel et assurer une transition réussie ». Enfin, Pour lui : « la validation de ce système par cet atelier, permettra de mettre en route le chantier très important de l’informatisation du système pénitentiaire ».

Pour le chef adjoint de la SAJP, ce projet « doit apporter le changement » tant souhaité dans la gestion, le fonctionnement des prisons par sa capacité à stoker, à recueillir les informations. Le chef adjoint de la SAJP a en outre mis l’accent sur la pérennisation de ce projet à travers « le nécessaire besoin d’implication du Ministère de la justice qui devra s’approprier de ce programme d’informatisation ». Il a en outre expliqué que ce système « profitera à l’administration pénitentiaire, mais surtout permettra à la société, aux justiciables d’avoir un service public pénitentiaire simplifié et capable de produire des statistiques et des informations plus sûres ».