Bienvenue aux Nations Unies

Verbatim des échanges avec la presse du Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’UA, du SG adjoint de l’ONU aux opérations de paix et du DG Afrique du Service européen pour l’action extérieure de l’UE suite à leur réunion avec le président de l’AN

  

Verbatim des échanges avec la presse du Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine (UA), l’Ambassadeur Smail Chergui, du Secrétaire Général adjoint des Nations Unies aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, et du Directeur général Afrique du Service européen pour l’action extérieure de l’Union européenne (UE), Koen Vervaeke, suite à leur réunion avec le président de l’Assemblée nationale.

 

Bangui, le 17 avril 2019

 

Presse parlementaire : Monsieur l’Ambassadeur Chergui Bonjour. Vous êtes arrivés à Bangui ce week-end et vous étiez à Bambari et Bangassou. Aujourd’hui vous venez à la rencontre du Président de l’Assemblée nationale. Essayons de nous faire une idée de ce que vous vous êtes dit.

 

Smail Chergui : D’abord, c’est toujours un honneur et un privilège de pouvoir discuter avec les représentants de la Nation. Au-delà de la sortie sur le terrain qui évidemment nous conforte dans l’effort que nous jugeons capital et vraiment très important pour consolider les acquis de l’Accord de paix. Sur le terrain nous avons pu assister au lancement des processus de mise en œuvre et de suivi de l’Accord au niveau préfectoral. Nous avons également vu que les populations centrafricaines croient en cet Accord et se mobilisent. Donc aujourd’hui au niveau de l’Assemblée nationale, nous avons tenu également à clarifier un certain nombre de choses et surtout nos attentes par rapport à l’adoption d’un certain nombre de textes comme sur la décentralisation, le Code électoral, pour que ces textes soient à la hauteur de la situation actuelle. Je voudrais saisir l’occasion pour dire que pour le Code électoral, nous attendons à ce qu’il y ait une avancée de qualité par rapport à la représentation des femmes au niveau de l’Assemblée nationale et au niveau de tous les secteurs de l’Etat. Ces entretiens ont été très positifs. En plus de cela, aussi bien les Nations unies, l’Union européenne et l’Union africaine, vont continuer à aider en matière de communication, en matière de formation et de renforcement des capacités.

 

Presse parlementaire : Monsieur l’Ambassadeur vous parliez de l’Accord du 6 février mais apparemment les violences se poursuivent sur le terrain.

 

Smail Chergui : Il nous semble que ce ne sont pas les violences que nous avons connu par le passé. Certains de ces agissements, et mon ami Jean-Pierre Lacroix est là et le Représentant spécial de la Minusca peuvent me corriger, c’est le fait d’un certain nombre de criminels qui essaient de profiter de la faiblesse de citoyens innocents pour essayer de les taxer ou de leur enlever leurs biens. Je pense que cette situation ne va pas continuer parce que nous avons un Accord de paix et nous avons les moyens de contrôler et d’agir. Je dis plutôt à tous ces gens-là que le temps du désordre est passé et force sera à la loi.

 

Jean-Pierre Lacroix : Je voudrais dire que le contact avec le Président de l’Assemblée nationale, les vice-présidents et les élus de la Nation a été très important car nous sommes tous conscients du rôle des députes qui est irremplaçable pour faire avancer cet Accord qui est occasion exceptionnelle et historique pour faire revenir la paix en République centrafricaine. Nous sommes encouragés de voir qu’il y a beaucoup de motivation et de mobilisation du côté l’Assemblée nationale, beaucoup de volonté de faire partager avec toute la population le contenu et l’esprit de cet Accord de paix qui est un Accord réaliste mais ambitieux en même temps, le meilleur Accord que l’on puisse trouver pour ce pays en même temps. Déjà, nous voyons des premiers effets parce que le niveau de violence, depuis la signature de l’Accord, a baissé sensiblement et il faut le dire. Ce ne veut pas dire que toute violence a disparu mais il faut le dire, déjà on voit les effets positifs. Tout l’enjeu, c’est d’aller plus loin et plus vite. Et c’est pour ça, qu’avec les parlementaires nous avons discuté de la manière dont les projets de loi essentiels qui ont été évoqués par mon ami Smail Chergui, iront rapidement vers l’adoption. Nous avons parlé de la politique de sensibilisation et de communication à l’égard de tous. Nous avons aussi réitéré le rôle que nous continuerons à jouer, les Nations unies, l’Union africaine et l’Union européenne pour aider à ce processus. Notre détermination est totale et avec de la bonne volonté, du dynamisme, de la proactivité. Il ne faut pas attendre que les évènements nous obligent à réagir, il faut anticiper, avec tous ces efforts et tout ce bon état d’esprit, nous pouvons faire revenir la paix en République centrafricaine. Je voudrais hommage à cette occasion à la MINUSCA, au chef de la MINUSCA, Mankeur Ndiaye, qui vient de prendre ses fonctions et à toute l’équipe parce que leur rôle est essentiel pour faire avancer la paix et pour aider le retour des institutions de légitimes de la République centrafricaine partout dans le pays, retour qui sera indispensable pour la tenue des élections.

 

Koen Vervaeke : Notre feuille de route ici c’est la paix, c’est l’Accord de paix et c’est une feuille de route que nous partageons avec l’Union africaine, avec les Nations Unies. Nous jouons ici dans la complémentarité et la synergie. Nous ne pouvons pas réussir si nous ne y travaillons pas ensemble ici en République centrafricaine, nous le faisons avec détermination et conviction. Mais même notre apport ne parviendra pas si ce ne sont pas les Centrafricains qui s’approprient de cet accord.  Je crois que les entretiens que nous avons eu hier avec le Gouvernement avec le Premier ministre et aujourd’hui avec le Président de l’Assemblée nationale nous renforcent dans cette conviction que la République centrafricaine veut aller vers la paix. Nous avons discuté en concret comment nous pouvons soutenir les membres de l’Assemblée nationale d’aller sur le terrain, d’expliquer, de faire en sorte qu’ils soient représentés dans les Comités de suivi de l’Accord et ainsi de suite. C’est cette synergie et cette cohérence d’action qui nous rend forts. Les élections de 2015 étaient une étape importante pour la sortie des crises. Nous espérons et nous comptons et nous ferons pour que les élections à venir soient aussi une étape importante avec une plus grande participation des femmes évidemment vers la paix et la stabilité dans ce pays. Merci.

 

Guira FM : Il y a cette question de code électoral, la loi sur la décentralisation, tout ce processus envisage des moyens financiers. Est-ce que l’Union européenne partenaire de la République centrafricaine serait toujours prête à soutenir ce processus ?

 

Koen Vervaeke : Evidemment, nous soutenons ce pays dans tous les domaines, vous le savez, des domaines d’action à court terme, solution de la crise en soutien de l’Accord de paix mais aussi le soutien plus structurant d’établissement de l’état partout dans le pays. Et comme je disais, les élections font partie importante dans cette voie vers la paix et nous y allons soutenir financièrement mais pas uniquement financièrement, aussi avec l’expertise avec le soutien aux organisations qui peuvent aller sur le terrain sensibiliser l’électorat, convaincre tout le monde à participer parce que c’est une partie de la solution vers la stabilité.

 

Presse parlementaire : Vous parlez du financement de l’UE. L’Union européenne voudrait que le financement soit groupé comme ça été au Libéria ou dans d’autres pays ?

Koen Vervaeke : C’est exact, tout d’abord l’Union européenne n’est pas seulement financier, nous sommes un acteur ici et c’est ça aussi la beauté de notre engagement politique, sécuritaire et financier. Nous faisons tout dans ce pays. Et je crois qu’il y a une bonne cohésion de tous les acteurs internationaux ici, y inclus les pays de la région. C’est très important pour mettre ensemble nos moyens en complémentarité. Nous ne pouvons rien faire sans les Nations unies, c’est clair. Nous ne pouvons rien faire sans l’Union Africaine qui a fait un gros travail pour arriver à l’accord et nous apportons ensemble cette contribution. Merci.