Mis à jour le 21 juin 2024
Dans le cadre des événements marquant la 3e Journée internationale de lutte contre les discours de haine le 18 juin, un nouveau rapport a été publié, examinant les discours de haine, la mésinformation et la désinformation, en particulier dans les zones de conflit et à haut risque. Le rapport révèle que la tendance à regrouper ces concepts distincts sans tenir compte de leurs différences peut compliquer la mise en place de stratégies plus efficaces pour les combattre.
Commandé par le Département des opérations de paix des Nations Unies (DPO) et le Bureau de la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide (OSAPG), et rédigé par la Dre Claire Wardle de l'École de santé publique de l'Université Brown, « Une analyse conceptuelle des chevauchements et des différences entre les discours de haine, la mésinformation et la désinformation » vise à soutenir tant ceux qui travaillent sur ces questions que le grand public, en les aidant à naviguer les discours de haine, la mésinformation et la désinformation dans des environnements complexes, en aidant à clarifier ce que ces concepts signifient, à quoi ils ressemblent et comment y répondre au mieux.
Un défi croissant
Les discours de haine, la mésinformation et la désinformation constituent un défi croissant. Dans le cadre des missions de maintien de la paix, ils représentent un danger tant pour les Casques bleus que pour les communautés qu’ils servent. En 2023, 58 % des Casques bleus de l’ONU interrogés ont déclaré que la mésinformation et la désinformation avaient eu un impact sévère ou critique sur le travail de leur mission. En effet, les informations fausses ou manipulées peuvent affaiblir le soutien aux missions de maintien de la paix, entraver leur capacité à restaurer la paix et menacer la sûreté et la sécurité du personnel de l'ONU. Les discours de haine, la mésinformation et la désinformation peuvent également alimenter les divisions dans les pays hôtes, érodant le soutien aux processus de paix et mettant en danger la sécurité des civils.
Principales conclusions du rapport
Le rapport révèle que même si les discours de haine, la mésinformation et la désinformation partagent des similitudes – telles que les tactiques utilisées pour les créer, les diffuser et les amplifier – il est essentiel de comprendre leurs différences pour y remédier efficacement. Cela inclut des différences significatives dans leur traitement en vertu du droit international, la manière dont l'identité est utilisée pour cibler des individus ou des groupes, leur considération par les plateformes en ligne ainsi que les types de préjudices causés.
Selon le rapport, brouiller ces distinctions rend plus difficile l'élaboration de stratégies de prévention appropriées, la conception de réponses et la responsabilisation des auteurs. Par exemple, la désinformation diffusée de manière stratégique et intentionnelle peut nécessiter un engagement politique, tandis que les rumeurs plus générales pouvant constituer de la mésinformation peuvent être efficacement combattues par des campagnes de communication ou de sensibilisation. Dans le cas des discours de haine, qui ciblent des groupes en fonction de leur identité, ils peuvent avoir des conséquences considérables, suscitant des préoccupations réelles et immédiates pour les victimes et les groupes ciblés. Cela inclut un risque de déclenchement de génocides, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité*. Ces menaces nécessitent des réponses concertées et adaptées.
Relever les défis
La lutte contre les informations nuisibles est une priorité pour les Nations Unies. En 2019, en s'appuyant sur des initiatives telles que le Plan d'action de Rabat et en réponse aux tendances alarmantes des discours de haine dans le monde, le Secrétaire général António Guterres a lancé la Stratégie et le Plan d'action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine, dirigés par OSAPG pour fournir des orientations stratégiques au système des Nations Unies afin de lutter contre les discours de haine aux niveaux national et mondial.
Au sein du DPO, une équipe multidisciplinaire dédiée a été formée en 2023 au sein de la Division des politiques, de l'évaluation et de la formation (DPET), travaillant en étroite collaboration avec la Section des communications stratégiques (SCS) pour soutenir les missions de maintien de la paix avec des conseils et une formation sur la surveillance, l'analyse, la réponse et l’évaluation ainsi que des ressources pratiques pour renforcer l’intégrité de l’information.
Pour aider les praticiens dans les opérations de paix, le nouveau rapport fournit un guide pratique pour aider à déterminer si un exemple de discours peut être considéré comme un discours de haine, de mésinformation ou de désinformation. Ce rapport conduira à la préparation d'une ressource pratique destinée aux praticiens du domaine, leur permettant de mieux élaborer des stratégies de réponse.
Événement de lancement
Avec le soutien des missions permanentes du Canada et de l'Uruguay, un événement de lancement du rapport aura lieu le 19 juin avec des discours de la Secrétaire générale adjointe et Conseillère spéciale pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu, du Secrétaire général adjoint aux opérations de paix Jean-Pierre Lacroix, et la Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo et Cheffe de la Mission de maintien de la paix dans le pays, Bintou Keita.
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À propos de l'auteur
Claire Wardle est cofondatrice et codirectrice de l'Information Futures Lab et professeure de la pratique des services de santé, politiques et pratiques à l'École de santé publique de l'Université Brown. Elle est considérée comme une leader dans le domaine de la désinformation, de la vérification et du contenu généré par les utilisateurs. Elle est également coauteure du rapport fondateur, Information Disorder: An interdisciplinary Framework for Research and Policy pour le Conseil de l’Europe.
*ONU Cadre d'analyse des atrocités criminelles.