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A trois mois de la clôture de la MINUSTAH, Haïti demeure sur la voie de la stabilisation, selon l'ONU

À un peu moins de trois mois de la clôture, prévue le 15 octobre 2017, de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), à laquelle succèdera la Mission des Nations Unies pour l'appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), le pays demeure sur la voie de la stabilisation, a indiqué mardi la Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce pays, Sandra Honoré, devant le Conseil de sécurité.

Après avoir finalisé dans sa quasi-intégralité le cycle électoral entamé plus tôt cette année, le gouvernement haïtien semble désormais avoir les « coudées franches » pour s'attaquer au nombreux défis auxquels le pays fait face, y compris les causes de l'instabilité, de la pauvreté, de l'exclusion et de l'impunité, a-t-elle expliqué aux membres du Conseil, notant que des premières mesures ont été prises pour résoudre des problèmes de longue date en matière de gouvernance, d'état de droit et de développement socio-économique.

Le Président haïtien, Jovenel Moïse, et son Premier Ministre, Jack Guy Lafontant, s'attachent actuellement à mettre en œuvre les promesses faites pendant la campagne électorale, à savoir moderniser l'État haïtien et ses structures, a poursuivi la Représentante spéciale.

Si ces engagements doivent encore s'accompagner de réalisations concrètes, Mme Honoré a noté l'adoption récente d'un programme gouvernemental basé sur l'amélioration de la sécurité, la justice, l'énergie, l'éducation, la santé, l'agriculture et la décentralisation.

Par ailleurs, suite à l'organisation des élections, la polarisation politique dans le pays a diminué, ce qui s'est traduit par une amélioration des relations entre les pouvoirs exécutif et législatif et, ainsi, une collaboration accrue entre les deux branches du pouvoir. Dans ce cadre, le gouvernement a réduit la subvention d'État aux carburants et au pétrole, ce qui a permis de diminuer la pression fiscale sur le pays.

De nouvelles mesures seront nécessaire pour consolider ces gains, a toutefois mis en garde la Représentante spéciale. Elle s'est cependant dite encouragée par la volonté du Président haïtien de lancer un dialogue à l'échelle nationale, incluant tous les intervenants clés du pays, dont les acteurs politiques, le secteur privé et la société civile. Elle a aussi appelé à simplifier le processus électoral et à stabiliser les institutions démocratiques du pays.

Restaurer en priorité le pouvoir judiciaire

S'agissant de ces réformes institutionnelles, Mme Honoré a appelé les autorités à restaurer en priorité le pouvoir judiciaire en veillant à ce qu'il soit davantage indépendant. Elle a en effet jugé troublant que « la troisième branche du pouvoir ne fonctionne pas encore clairement », notant que des postes clés dans le secteur judiciaire n'avaient toujours pas été pourvus, ce qui a des conséquences négatives sur la population et décourage les investissements étrangers dans le pays, au détriment de la croissance.

Mme Honoré a en outre appelé les autorités à adopter un nouveau code pénal. Sans un système de justice adapté, a-t-elle expliqué, la police nationale haïtienne ne pourra pas préserver la sécurité des citoyens. Il faut également professionnaliser cette police et allouer des ressources adéquates à l'administration pénitentiaire, a-t-elle insisté.

Alors que la situation sécuritaire demeure stable, y compris dans les zones où la MINUSTAH s'est retirée, Mme Honoré a prôné la mise en œuvre d'un dialogue ouvert, une condition importante selon elle pour ouvrir la voie à une bonne transition vers la MINUJUSTH. « La responsabilité de consolider ces acquis incombe pleinement au peuple haïtien et à son gouvernement », a-t-elle ajouté, sachant que la nouvelle Mission n'aura plus sous sa responsabilité certaines questions dont la MINUSTAH était saisie, telles que la décentralisation, la gestion des frontières, la justice des mineurs et certaines questions de police de proximité spécialisée.