Selon le rapport conjoint de la Division des droits de l'homme de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), de nouveaux « possibles crimes de guerre et crimes contre l'humanité » auraient été perpétrés dans la ville de la province d'Equatoria Central entre juillet 2016 et janvier 2017.
Le rapport conjoint documente des cas de violations et d'abus dans lesquels des civils ont été pris pour cible par les deux parties au conflit en raison de leur origine ethnique et/ou de leur soutien présumé à l'autre partie.
« L'ampleur des abus commis par les groupes d'opposition armés demeure peu claire en raison du manque d'accès aux zones où ces groupes sont actifs », a déclaré devant la presse la Chef de la Section Afrique Australe et Orientale du HCDH, Julie de Rivero.
Les Nations Unies pointent cependant la responsabilité des forces pro-gouvernementales (SPLA) dans la majorité des abus recensés. Le rapport recense 114 attaques contre des civils perpétrées par des forces pro-gouvernementales, mettant en cause directement ces dernières comme étant les auteurs de 114 assassinats.
Selon l'ONU, les civils sud-soudanais ont été victimes de bombardements indiscriminés, de tortures, d'assassinats ciblés, de pillage et de destructions de biens et d'incendies ainsi que de violences sexuelles. « Des cas de violence sexuelle contre les femmes et les filles, y compris celles fuyant les combats », a fait remarquer Mme de Rivero.
Les civils qui ont fui les combats ont également été touchés par les violences, précise le rapport. Un camp de réfugiés a notamment été visé. « Même si les populations ont fui la violence, des récits laissent entendre que les parties armées ont harcelé, volé et ciblé les personnes civiles alors qu'elles se dirigeaient vers l'Ouganda afin de s'y réfugier ».
Les images satellites utilisées pour corroborer les allégations montrent de nombreuses maisons et commerces incendiées entrainant un déplacement forcé de dizaines de milliers de civils, souligne le rapport qui documente les souffrances humaines profondes causées par le conflit en cours et l'exploitation des divisions locales et ethniques à des fins politiques.
Pour le HCDH, « le conflit à Yei, en particulier, met en lumière le niveau d'impunité au Soudan du Sud, ce qui a contribué à nourrir des cycles de violence successifs partout dans le pays ». Or jusqu'à une date récente, Yei était en grande partie une ville paisible, où vivaient entre 200.000 et 300.000 habitants d'ethnies différentes.
La Division des droits de l'homme de la MINUSS et le HCDH rappellent qu'après le début des violences en juillet 2016, le dirigeant de l'opposition su-soudanaise, Riek Machar, avait été contraint de fuir, avec un petit groupe de partisans à travers les régions d'Equatoria jusqu'en République démocratique du Congo (RDC). Alors qu'ils étaient poursuivis par les forces gouvernementales, des combats ont éclaté le long de leur route, en particulier à Yei.
Selon l'ONU, cette violence a alimenté de fortes divisions à caractère ethnique entrainant des assassinats ciblés, des arrestations, des viols ainsi que le déplacement massif de plus de la moitié de la population de la ville.