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Soudan du Sud : malgré une situation instable, l'ONU voit dans le dialogue national une occasion d'avancer vers la paix

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, David Shearer, a décrit mercredi au Conseil de sécurité une situation toujours très instable sur le terrain et a fait le point sur le déploiement, qui a débuté il y a trois semaines, de la Force de protection régionale (FPR) chargée de sécuriser Juba et les alentours de la capitale sud-soudanaise.

Alors que le pays souffre toujours de conflits intercommunautaires, il a salué les efforts de médiation de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) qui ont culminé avec la signature, mardi, d'un accord de cessation des hostilités.

L'exposé de M. Shearer intervenait après l'adoption, au cours de la séance précédente, de la résolution 2353 (2017) par laquelle le Conseil de sécurité a reconduit les mesures de sanction à l'égard du Soudan du Sud et prorogé le mandat du Groupe d'experts chargé de cette question, respectivement pour un an et 13 mois.

Début de la saison des pluies

« Il peut sembler inhabituel de commencer par un bulletin météorologique, a dit le Représentant spécial, mais il est important de savoir que les pluies sont arrivées au Soudan du Sud », a dit le Représentant spécial. Comme les pluies saisonnières dictent tous les aspects de la vie dans ce pays, et même le cycle d'un conflit, on assiste aux dernières tentatives de positionner les forces avant que les routes ne deviennent impraticables.

M. Shearer a décrit les mouvements militaires importants dans le nord et l'est du pays, ainsi que des combats à faible intensité menés par l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) dans l'ancien État de l'Unité, au centre du pays où sévit déjà une famine déclarée.

Dans l'ouest du pays, il a signalé des incidents entre l'APLS et le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l'opposition, qui a conduit 22.000 personnes à se déplacer.

Dans le sud, il a fait état des affrontements entre l'APLS et les milices, avec des violences sans relâche à Yei, comme l'atteste un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme qui recense 114 assassinats commis par les forces gouvernementales.

Le travail humanitaire se poursuit dans des conditions risquées

Sur le plan sanitaire, M. Shearer a fait état des craintes relatives à l'augmentation du risque de choléra avec la saison des pluies. Il y a 7.700 cas déclarés, a-t-il dit, mais les agences humanitaires ont pu aider 20.000 civils à quitter la région, tandis que les équipes médicales ont permis de sauver de nombreuses vies.

Le Représentant spécial s'est d'ailleurs félicité du rôle que jouent les agents humanitaires, dans « un des endroits les plus difficiles et isolés de la planète ». Il a salué en particulier les actions du Programme alimentaire mondial (PAM), mais il a déploré que les travailleurs humanitaires soient menacés, arrêtés, détenus, attaqués et même parfois tués.

Par ailleurs, le déploiement de la FPR a commencé, a souligné M. Shearer, en précisant que le plus gros des effectifs arriverait en juillet. Le déploiement de cette force de 4.000 soldats intégrée à la MINUSS avait été autorisé le 12 août 2016 par le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2304 (2016), à la demande de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

Lancement du dialogue national

Sur le plan politique, M. Shearer a remarqué des signes d'évolution et quelques changements au sein de l'APLS. Il a rappelé que le Président sud-soudanais, Salva Kiir, avait officiellement lancé lundi le dialogue national, ce, à Juba, après avoir réitéré le cessez-le-feu et s'être engagé à examiner la question des prisonniers politiques.

À l'instar des membres du Conseil, le Représentant spécial a souligné l'importance d'une participation inclusive au dialogue national, notamment avec les éléments de l'opposition.

Invité à s'exprimer devant le Conseil, le représentant sud-soudanais, Joseph Moum Majak Ngor Malok, a indiqué que le chef de l'État avait donné des instructions aux commandos sur le terrain pour permettre l'accès aux agences humanitaires.

Ayant pris note du renouvellement du mandat du régime de sanctions contre son pays, M. Malok a exprimé ses doutes quant au recours aux sanctions qui, à son avis, n'est « pas la meilleure solution pour régler le conflit ».