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Soudan du Sud : l'ONU dresse un bilan alarmant de la situation humanitaire et sécuritaire

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, a dressé jeudi devant le Conseil de sécurité un bilan alarmant de la crise humanitaire au Soudan du Sud, où la situation sécuritaire est également jugée préoccupante par le chef des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix.

Si plus de deux millions de personnes ont fui le pays depuis le début du conflit, sept millions – soit les deux-tiers de la population restante – continuent d'avoir besoin d'assistance dans le pays, a souligné M. Lowcock devant les membres du Conseil. Sur 1,9 million de déplacés internes, 210.000 ont trouvé refuge dans les sites de protection des civils administrés par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).

« En cette fin d'année, 1,25 million de Sud-Soudanais se trouvent en situation d'urgence, soit deux fois plus que l'année dernière à la même époque », a prévenu Mark Lowcock, qui est aussi le Coordonnateur des secours d'urgence.

Au début de l'année 2018, la moitié de la population dépendra de l'aide alimentaire d'urgence avant que la saison maigre ne favorise dès le mois de mars la famine dans différentes régions du pays.

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, s'est dit « extrêmement préoccupé » par la situation sécuritaire au Soudan du Sud et a prévenu du « risque d'escalade » du conflit et des affrontements intercommunautaires à l'approche de la saison sèche, avec des répercussions catastrophiques potentielles sur la population civile.

Des vols de bétail et des litiges fonciers sont à l'origine d'incidents intercommunautaires meurtriers. Les dernières échauffourées entre Murle et Dinka, le 28 novembre, ont fait 45 morts et 19 blessés, sans compter les huttes et les maisons incendiées par centaines.

Le conflit entre dans sa cinquième année

« Le conflit au Soudan du Sud entre dans sa cinquième année. Nous sommes convaincus que seuls le Forum de revitalisation de haut-niveau et le Dialogue national peuvent enrayer l'aggravation de la crise. Mais les combats ne peuvent se poursuivre simultanément aux efforts pour faire advenir une paix durable », a dit Jean-Pierre Lacroix. « Plus que jamais, j'exhorte ce Conseil à rester vigilant et à redoubler d'efforts pour condamner et faire cesser la violence, à protéger les civils et à faciliter d'urgence un règlement politique du conflit ».

Le chef du maintien de la paix de l'ONU a assuré que ces derniers mois, les Casques bleus de la MINUSS se sont mobilisés pour protéger les installations humanitaires, faciliter la livraison de l'aide dans les zones dangereuses et contribuer à l'évacuation des travailleurs humanitaires piégés par les affrontements.

L'Envoyé spécial de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), Ismail Wais, s'exprimant par vidéoconférence, est, pour sa part, revenu sur les propositions faites avec « 48 parties prenantes » lors des consultations préalables à la tenue du Forum de revitalisation de haut-niveau.

Il a précisé que toutes les parties prenantes avaient proposé la signature d'une « charte politique de renonciation à la violence » avant la tenue du Forum plus tard ce mois-ci. M. Wais a également mentionné les trois propositions à l'étude pour une restructuration du pays : un « retour à dix Etats fédérés » ; le « maintien du nombre actuel de 32 Etats et une renégociation du partage des pouvoirs » ; ou « un retour aux trois régions de Bahr El Ghazal, de l'Équatoria et du Nil supérieur ».

S'agissant du futur gouvernement de transition, a poursuivi l'Envoyé spécial, cinq options sont sur la table : le maintien du statu quo ; le retour au statu quo antérieur au 8 juillet 2016 ; la reconstitution de l'Accord de paix pour inclure de nouvelles parties ; la formation d'un nouveau gouvernement transitoire composé de technocrates ; la formation d'un nouveau gouvernement transitoire hybride composé à la fois de technocrates et de politiques.

Enfin, dans le cas d'un système de gouvernance rénové, deux options ont été proposées pour la Présidence pendant la période intérimaire, dont la durée pourrait varier entre deux et 10 ans : une présidence tournante ou une présidence « symbolique » avec un Premier ministre chargé du pouvoir exécutif.