L’Unité Mixte d’Intervention rapide et de Répression des violences sexuelles faites aux femmes et aux Enfants, (UMIRR), est, comme la définit celui qui la dirige, le Capitaine Paul Amédée Moyenzo, une entité qui a « vocation à promouvoir en RCA un cadre propice pour la prévention et la répression des infractions relatives aux violences basées sur le genre et aux violations des droits de l’enfant. »
Créée par Décret n0 15.007 du 8 janvier 2015, avec une compétence qui s’étend sur toute l’étendue du territoire centrafricain, l’UMIRR est une unité mixte, composée de gendarm--es, de policiers et de personnel médical et social, et placée sous l’autorité conjointe du ministère en charge de la Justice et de celui de la sécurité publique.
La mission de cet organe se décline sous plusieurs aspects, à savoir : la mise en place de mesures préventives contre les violences sexuelles et basées sur le genre ainsi que les violations des droits de l’enfant ; application et vulgarisation des outils et les principes standards en matière d’enquêtes et de prise en charge des victimes ; contribution à la chaine pénale dans la répression de la violence sexuelle basée sur le genre et des violations des droits de l’enfant.
L’institution bénéficie de l’appui des partenaires impliqués dans le Projet Conjoint d’Appui à la lutte contre les violations des Droits de l’Homme et à la Relance de la Justice en Centrafrique, notamment, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la MINUSCA, l’UNFPA, Physiciens for Human Rights (PHR), Team of Experts (TOE) en ce qui concerne la formation des cadres, qu’ils soient de la justice, de la santé ou d’autres secteurs, intervenant dans le cadre de l’institution.
C’est ainsi que, le 29 juin 2017, s’est tenu un atelier à Bangui un atelier sur la complémentarité et la coopération entre UMIRR et la Cour pénale spéciale et qui a réuni les partenaires précités autour des responsables de l’UMIRR dans la perspective d’une collaboration plus accrue entre ces deux entités dans le cadre de la poursuite de tous les auteurs de crimes et dans le souci de l’aide aux victimes.
En février 2017 déjà, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en partenariat avec le PHR, avec l’appui financier du bureau de la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies sur la question des violences sexuelles en période de conflit, avait conduit une formation sur l’expertise médico-légale en la matière. Depuis lors, les acteurs judiciaires et pénitentiaires centrafricains, les magistrats de tous ordres, les personnels de santé, policiers et gendarmes sont régulièrement formés, permettant ainsi la reprise progressive de la chaine pénale en Centrafrique.
Rappelons qu’en presque cinq années de conflits, les groupes armés ont utilisé la violence et l’esclavage sexuel comme arme de guerre en Centrafrique, et les enfants n’ont point été épargnés par cette hécatombe. En 2016, le nombre de cas de violences sexuelles était estimé à plus de onze mille. L’impunité ayant perduré durant toutes les années de crises qu’a traversées le pays est l’une des principales raisons de l’accroissement des cas de violences sexuelles.
UMIRR représente donc la réponse nationale à ce triste constat. Consultante internationale et Chargée de Projet de l’opérationnalisation de l’UMIRR, Christine Meta Mpinda informe que « plus de 400 personnes, principalement des femmes ont été reçues auprès de l’Unité jusqu’au 30 septembre 2017. », et d’ajouter qu’ « à ce jour, l’UMIRR compte 101 cas de violences sexuelles et basée sur le genre, transférées au parquet de Bangui et de Bimbo. »
Il est par ailleurs important de souligner que la coopération entre UMIRR et la Cour pénale spéciale (CPS) fut d’ailleurs l’objet d’un séminaire. Pour Christine Meta Mpinda, cette coopération « est excellente : les Officiers de police judiciaire rattaches a la CPS ont été récemment nommés. Des formations sont en cours à l’ intention des OPJ de l’UMIRR et ceux de l’Unité spéciale de la Police Judiciaire (USPJ) pour continuer à assurer cette complémentarité dans l’intervention sur les cas de violence sexuelles liées au conflit. ». D’ailleurs, dans les conditions fixées par la Loi organique N0 15.003 du 03 juin 2015, créant la CPS, il est envisagé que l’USPJ pourra agir avec l’appui de la Police de la MINUSCA, de la Police ou de la gendarmerie nationale ou des structures spécialisées de l’UMIRR.
Une complémentarité qui rassure quant à la restauration de la chaine pénale dans un pays abimé par des années de guerre et d’impunité et qui place UMIRR au cœur de la stratégie de répression des crimes liés aux violences sexuelles et basées sur le genre et sur celle des infractions aux droits des enfants.