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L’ONU préoccupée par l'augmentation de la violence et des discours de haine dans l'est de la RDC

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, et la Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, Alice Nderitu, ont exprimé aujourd'hui leur profonde inquiétude quant aux conséquences de la récente recrudescence des hostilités entre le groupe armé M23 et les forces armées de la République démocratique du Congo (RDC) envers la population locale dans l'est du pays. Les deux hauts fonctionnaires ont demandé que toutes les attaques contre les civils cessent immédiatement.

Le M23 a repris les hostilités contre les troupes de la RDC en novembre 2021. Depuis lors, de multiples escarmouches ont eu lieu avec les forces armées congolaises dans la province du Nord-Kivu. Depuis mai 2022, au moins 23 civils ont été tués et 16 blessés et de nombreux autres ont été déplacés de chez eux. Parmi eux, trois enfants ont été tués lorsque leur école a été bombardée par des combattants du M23.

"Nous appelons toutes les parties à respecter le droit international des droits de l'Homme et le droit international humanitaire", ont souligné Bachelet et Nderitu. "Nous demandons instamment au gouvernement de veiller à ce que les responsables des abus et des violations commis répondent de leurs actes."

Michelle Bachelet et Alice Nderitu ont également exprimé leur inquiétude quant aux récents développements à Bunagana, dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, où des restrictions à la liberté de mouvement, ainsi que des pillages et saccages de bâtiments officiels, d'entreprises privées et d'organisations de médias par des combattants du M23 ont été signalés.

"Nous avons également constaté une escalade des discours de haine et d'incitation à la discrimination, à l'hostilité ou à la violence dans tout le pays - et plus particulièrement à l'encontre des personnes parlant le kinyarwanda - le gouvernement de la RDC ayant accusé le Rwanda de soutenir le M23", ont déclaré les responsables des Nations Unies.

"Le discours de haine alimente le conflit en exacerbant la méfiance entre les communautés. Il se concentre sur des aspects qui avaient auparavant moins d'importance, incite à un discours du type 'nous contre eux' et sape la cohésion sociale entre des communautés qui vivaient auparavant ensemble", ont-elles ajouté.

Jusqu'à présent, l'ONU a recensé huit cas de discours de haine et d'incitation à la discrimination, à l'hostilité ou à la violence. Les discours de haine ont été diffusés, entre autres, par des personnalités de partis politiques, des leaders communautaires, des acteurs de la société civile et des membres de la diaspora congolaise.

"Les périodes de tensions politiques accrues et de conflits armés tendent à être corrélées à une utilisation accrue des discours de haine et d'incitation à la discrimination, à l'hostilité ou à la violence", ont déclaré les deux hauts responsables. "Les messages haineux augmentent le risque de violence, y compris les crimes d'atrocité visant des groupes spécifiques de personnes. L'utilisation de tels discours de haine doit être fermement condamnée par les plus hautes autorités nationales et endiguée”.

Les hauts fonctionnaires de l'ONU ont encouragé le Parlement à accélérer le processus de discussion et d'adoption du projet de loi sur "le racisme, la xénophobie et le tribalisme" afin de renforcer le cadre juridique pour traiter et contrer les discours de haine.

Elles se sont félicitées des déclarations publiques du gouvernement de la RDC condamnant la diffusion continue des discours de haine et l'ont appelé à renforcer les mécanismes de prévention existants, y compris les comités nationaux et provinciaux de prévention du génocide, en adoptant un cadre juridique ferme pour leur existence, en nommant tous leurs membres et en fournissant les ressources nécessaires à leur fonctionnement, ainsi qu'à redoubler ses efforts en partenariat avec la MONUSCO pour lutter contre la violence intercommunautaire dans tout le pays.