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Les jeunes maliens s’approprient la politique de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme

Afin d’appuyer la mise en œuvre par le Gouvernement, de la politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme (PNLEVT) et son plan d’action, la MINUSMA a organisé un atelier de vulgarisation, les 21 et 22 janvier dernier à Bamako. Initié en collaboration avec la Plateforme pour l’Engagement des Jeunes dans la Réforme du Secteur de la Sécurité et le Désarmement de la Démobilisation (PEJ/RSS-DDR), la MINUSMA, à travers sa Section RSS-DDR, souhaitait évaluer l’état de mise en œuvre de cette politique. L’atelier avait également pour but de faire des propositions à même d’accélérer l’exécution de son plan d’action triennal et de préparer des messagers capables de véhiculer de la façon la plus efficace, la vision du gouvernement malien à travers la PNLEVT. 

Selon le Rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali, en date du 1er octobre 2019, la situation sécuritaire demeure complexe dans le Nord et le Centre du Mali. Les attaques perpétrées par des groupes terroristes ont continué de viser les Forces de défense et de sécurité nationales, la MINUSMA et les forces internationales, mais aussi les populations. La situation politique et les conditions de sécurité au Sahel et en Libye continuent d’affecter négativement le Mali et les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.

Le 26 février 2018, le gouvernement malien a adopté la politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme (PNLEVT) et son plan d’action 2018-2020 élaboré en décembre de la même année avec l’appui des partenaires internationaux, en l’occurrence la MINUSMA. Cette politique s’ajoute à la loi de juillet 2008 portant la répression du terrorisme au Mali.

Immersion dans la politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme

C’est donc pour permettre de rendre cette politique plus lisible et son application plus efficace, qu’une cinquantaine de jeunes issus d’organisations de la société civile des régions de Ségou, Koulikoro et de Bamako, ont pris part à cet atelier. Tous membres de la plateforme PEJ/RSS-DDR ont travaillé deux jours, sous la direction de Cheickné Kamissoko, Secrétaire permanent de la PNLEVT au Ministère des Affaires religieuses et du Culte (MARC), de Abdoul Karim Fomba, Coordonnateur de l’ONG Think Peace Mali et Anicet Allamadingaye, membre et ancien coordonnateur de la PEJ/RSS-DDR. Paul Youmele de la Section RSS-DDR de la Mission des Nations Unies au Mali a quant à lui, présenté l’appui de la MINUSMA au processus RSS-DDR au Mali.

Tout en mettant l’accent sur les différents piliers de la RSS tels que la réforme de la défense et de la sécurité, M. Youmele a aussi mis l’accent sur la veille démocratique du secteur de la sécurité, la gestion de la sécurité des frontières et l’appui à la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC). Enfin, il a insisté sur les différentes contributions de la MINUSMA à l’élaboration de la stratégie nationale intégrée de prévention de l'extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme.

Dans son discours, le Secrétaire général (SG) du MARC a salué la coopération fructueuse avec la MINUSMA, à travers la section RSS-DDR, qui accompagne son département depuis 2016 dans l’élaboration et la mise en œuvre de la PNLEVT. Le Coordinateur de la Direction Nationale des Affaires Religieuses et du Culte (DNARC) a lui aussi remercié la MINUSMA pour son soutien effectif dans l’ouverture des antennes régionales de la DNARC dans les régions de Mopti et de Gao.

Prévention, Protection, Poursuites, Réponse et Cohésion sociale sont les cinq Piliers de la Politique Nationale de Lutte contre l’Extrémisme Violent et le Terrorisme. Ils ont été présentés par le Secrétaire permanent de la PNLEVT, qui a également exposé ses moyens de mise en œuvre. L’état des lieux de la mise en œuvre du Plan d’action de ladite politique a quant à lui été fait par l’ONG Think Peace, à travers son Coordinateur, Abdoul Kassim Fomba.

Quand les jeunes font des propositions pour rendre la politique plus efficiente

Lors de la seconde journée, les participants réunis en groupes de travail ont identifié des actions concrètes en vue d’améliorer la mise en œuvre de la politique. Améliorer le système éducatif ; promouvoir l’entreprenariat des jeunes et des femmes ; assurer le suivi et la réinsertion des jeunes radicalisés ; formaliser les prêches dans les lieux de culte ; créer un climat de confiance entre la population et les forces armées ; réviser la loi 2008 en matière de lutte contre la corruption, ou encore renforcer l’authenticité des pièces d’identité et le système d’alerte au niveau des frontières de la zone CEDEAO, sont les recommandations qu’ils ont formulé. Selon ces jeunes, il faut aussi réactualiser les textes en matière de poursuite et de ratification des conventions internationales dans le domaine.

« En tant qu’acteur de la société civile, je pense que l’État doit mettre la jeunesse au cœur de la politique PNLEVT, parce que près de 70% des terroristes sont des jeunes et issus des milieux défavorisés et des jeunes diplômés sans emploi, » a déclaré Mohamadou Doucouré, membre de l’association démocratie 101, branche de la plateforme PEJ/RSS-DDR.

Le Coordonnateur de la PEJ, Boubakar Maiga, n’a pas caché son inquiétude sur le retard de la mise en œuvre du plan d’action. Il a précisé que la cohésion sociale permet non seulement de recoudre le tissu social déchiré à cause du conflit mais surtout, elle assure la collaboration civilo-militaire et renforce la confiance entre les populations et les forces de l’ordre.

Le Secrétaire permanent de la PNLEVT, Djoubeirou Oumarou Diallo, a précisé que « chaque département ministériel est en train d’identifier ses actions pour la mise en œuvre du plan d’action mais il manque de la coordination. La société civile pourra nous aider à savoir le degré de la mise en œuvre et aller vers des activités de proximité suivant une approche participative accrue des jeunes, avant juillet 2020 date de l’évaluation de la politique ».

« Face à la dégradation et la complexité de la situation sécuritaire au centre du Mali, un contexte ayant contribué à semer l’amalgame au sein de la couche juvénile, la relance d’une sensibilisation des organisations de jeunesse s’avère nécessaire, » a expliqué Paul Youmele de la Section RSS-DDR de la MINUSMA.