Une question qui arrive à point nommé, selon le chef du maintien de la paix, « au moment où nous intensifions nos efforts pour rendre nos opérations plus efficaces et plus économiques, en suivant les directives données par le Secrétaire général ».
Plusieurs commandants de forces militaires des opérations de maintien de la paix ont souligné aux membres du Conseil les complexités inhérentes à la conduite de leurs missions et qui doivent être prises en comptes dans la définition et redéfinition des mandats ainsi que dans l'allocation des financements.
Le général de corps d'armée Derick Mbuyiselo Mgwebi, Commandant de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a ainsi rappelé que sa mission la plus importante en taille opère dans un pays dont la surface très étendue est comparable à celle de l'Europe occidentale. La taille de la RDC, a-t-il dit, complique fortement le déploiement des troupes sur le théâtre des opérations, à plus forte raison qu'il n'existe pas de routes fiables pour se déplacer d'un bout à l'autre de la RDC.
La Mission est donc entièrement dépendante des capacités stratégiques de transport aérien, a expliqué le général Mgwebi, ajoutant que cette réalité était source de tensions en raison des capacités de transport aérien limitées.
Si, jusqu'à présent, les troupes de la MONUSCO avaient eu tendance à rester concentrées dans l'est du pays, où les divisions ethniques sont traditionnellement les plus importantes, en particulier le long de la frontière avec les pays voisins, le général Mgwebi a souligné que les besoins de stabilisation se faisaient de plus en plus sentir sur l'ensemble du territoire de la RDC, aussi bien dans la capitale Kinshasa, en raison des violences liées aux futures élections générales, censées avoir lieu fin 2017, mais également dans le sud et le centre du pays.
Cette évolution, a-t-il estimé, est d'autant plus difficile à gérer qu'il existe des dissonances structurelles entre les intentions du Conseil de sécurité et les actions du Secrétariat, des pays contributeurs de troupes et des missions de maintien de la paix sur le terrain.
Le général Balla Keïta, Commandant de la Force de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a souligné que la « robustesse » d'un mandat devrait se traduire au niveau de tous les acteurs, du Conseil de sécurité aux troupes sur le terrain.
Le général a en effet jugé que le concept de mandat robuste a souffert d'une « déficience conceptuelle » étant donné que l'intention de mener une action robuste et agressive voire offensive ne semblait s'exprimer qu'à travers une optique strictement opérationnelle et tactique.
Or, cette volonté de fermeté aurait dû se décliner avec une force égale dans les dimensions politiques, légales et administratives de l'action des missions.
Les États Membres pourraient par exemple adopter un état d'esprit résolument déterminé à protéger les populations meurtries et accepter les risques politiques et opérationnels inhérents à l'application des mandats robustes. Le Conseil de sécurité et les organisations régionales devraient adopter des régimes de sanctions plus adaptés et plus agressifs.
La structure des missions devrait contribuer à plus de résilience et plus souplesse pour une prise de décision rapide, grâce à un allègement de la bureaucratie. « Il est tout simplement impossible de mener des opérations efficaces avec les règles administratives actuelles », a prévenu le général. Les Forces elles-mêmes devraient avoir le nombre, les équipements, la préparation opérationnelle et l'état d'esprit requis.
« La MINUSCA a été un exemple quoiqu'imparfait de robustesse mais elle aurait pu faire mieux sans certaines lourdeurs persistances », a-t-il insisté.