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Le Kosovo entre dans une « période d'incertitude » et un « vide » de gouvernance, prévient le Chef de la MINUK

Suite aux élections législatives anticipées du 11 juin dernier, qui se sont déroulées sans « irrégularités ou incidents majeurs », le Kosovo est entré dans une « période d'incertitude » marquée par la reconfiguration de son paysage politique et un « vide fonctionnel », a prévenu mercredi devant le Conseil de sécurité le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, Zahir Tanin.

« La phase de transition s'est avérée être semée d'obstacles. La principale coalition n'a pas été en mesure de parvenir à une majorité absolue, certaines des parties ont accru leur représentation de manière marginale et l'opposition de longue date a pris un élan significatif », a résumé M. Tanin, venu présenter au Conseil le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation au Kosovo, qui couvre la période allant du 16 avril au 15 juillet.

Mais ce scrutin a mis à jour un « changement de mentalités » chez de nombreux votants, en particulier les jeunes, davantage préoccupés des problématiques de l'accès à l'emploi ou à l'éducation que de la « rhétorique ethno-nationaliste », qui a échoué à mobiliser l'électorat comme par le passé.

Une nouvelle donne qui informe d'ores et déjà la prochaine campagne électorale, celle des municipales prévues en octobre prochain, a relevé le Représentant spécial, qui dirige également la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).

« Aucun parti ni aucune coalition préélectorale n'ayant obtenu une majorité en état de gouverner, aucune alliance postélectorale n'a été constituée afin de former un gouvernement », a constaté le Secrétaire général dans son rapport, une impasse déplorée aujourd'hui par la majorité des membres du Conseil.

Si le rapport conclut qu'au cours de la période considérée, le dialogue entre Belgrade et Pristina mené sous les auspices de l'Union européenne (UE) a peu progressé, le Représentant spécial a toutefois fait état d'un nouveau développement le 24 juillet, après que le Président de la Serbie, Aleksandar Vucic, a affirmé que la viabilité des progrès dans son pays passe par le règlement de la situation au Kosovo.

Le Chef d'État, a poursuivi M. Tanin, a prévenu qu'à moins de résoudre « le conflit historique entre Serbes et Albanais », les deux peuples seraient confrontés à l'échec.

Pour le Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, Ivica Dacic, la relance du dialogue de haut niveau tiendra à la volonté des deux parties de faire des compromis, volonté qui a selon lui fait défaut jusqu'à présent à l'autre partie, qui préfère les mesures unilatérales.

À l'inverse, Vlora Çitaku, du Kosovo, a dénoncé l'attitude « très agressive et peu constructive » de la Serbie, qui ne cesserait d'entraver la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade, citant notamment le soutien apporté par la Serbie aux « structures parallèles serbes » au Kosovo. Soulignant la dangerosité de solutions reposant sur une base ethnique, Mme Çitaku a mis en garde contre le rejet du multiculturalisme.

La réconciliation politique ne peut, pour le Représentant spécial, faire fi de toutes les divisions et doit s'accompagner d'une réconciliation populaire et sociétale, que la MINUK s'est efforcée de promouvoir par de multiples initiatives au cours des mois écoulés.