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Haïti : l'envoyée de l'ONU plaide pour une large réforme institutionnelle pour consolider la stabilité

S'exprimant pour la dernière fois au Conseil de sécurité en sa qualité de chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Sandra Honoré a affirmé jeudi qu'elle n'avait aucun doute sur la poursuite du partenariat entre le pays et la communauté internationale en vue de consolider les acquis de ces 13 dernières années.

« Lorsque la MINUSTAH a été établie, Haïti connaissait une profonde instabilité, une violence politique endémique et un climat d'anarchie et d'impunité qui avaient des conséquences négatives sur la vie quotidienne des Haïtiens », a rappelé la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le pays.

« Aujourd'hui, treize ans et demi plus tard, à la veille de la fermeture de la MINUSTAH et de la transition vers une mission de maintien de la paix plus petite, la MINUJUSTH, le 15 octobre 2017, Haïti a une toute autre allure, malgré les nombreux défis qu'il doit relever », a-t-elle ajouté.

« Ces succès, s'ils sont significatifs, ne sont que des premiers pas »

La Représentante spéciale a insisté sur la stabilité accrue et la diminution considérable de la violence politique. Les gangs armés ne tiennent plus la population en otage, grâce à une police nationale forte de 14.000 éléments. Toutes les branches du pouvoir sont en place, les pouvoirs exécutif et législatif étant de nouveaux fonctionnels, a-t-elle dit.

« N'ayons pas le moindre doute : ces succès, s'ils sont significatifs, ne sont que des premiers pas », a prévenu Mme Honoré, en insistant sur les efforts que tous les acteurs haïtiens devront consentir pour consolider les acquis.

Mme Honoré s'est dite encouragée par la direction que suit désormais le pays sous la férule du Président Jovenel Moïse qui a fait part de sa volonté de moderniser l'État pour mieux servir la population. Elle a ainsi mentionné le programme-phare du gouvernement haïtien intitulé « Caravane du changement » qui vise notamment à revitaliser l'économie et noté l'engagement du Président à combattre la corruption.

Renforcer les structures démocratiques par un dialogue ouvert

La vaste majorité de la population n'a néanmoins pas encore touché les dividendes de ces améliorations, a-t-elle reconnu. Elle a insisté sur les désaccords autour du rétablissement des forces armées haïtiennes, la faiblesse des institutions, la dégradation des relations entre la branche exécutive et l'opposition, comme autant d'éléments négatifs. « Je suis convaincue que le pays pourra pleinement saisir l'occasion qui se présente à lui grâce aux efforts de stabilisation du passé », a-t-elle néanmoins assuré.

Mme Honoré a plaidé pour une large réforme institutionnelle pour consolider la stabilité et a souligné l'importance qu'il y a à tout faire pour que les divisions du passé ne resurgissent pas. Elle a prôné le renforcement des structures démocratiques du pays sur la base d'un dialogue ouvert, auquel se joindraient toutes les voix du pays, y compris les partis politiques, à la fois pro-gouvernementaux et d'opposition. « Ces voix devront néanmoins se montrer ouvertes au consensus politique, qui est vital pour tout processus de réforme ».

Pour la Représentante spéciale, la tâche la plus urgente est d'assurer la stabilité et le développement de long terme du pays. « Cela sera difficile sans le respect de l'Etat de droit et des droits de tous les Haïtiens et sans un pouvoir judiciaire pleinement fonctionnel et une police nationale non partisane », a-t-elle prévenu.

La MINUJUSTH opérationnelle le 16 octobre

Mme Honoré a indiqué que la MINUJUSTH serait opérationnelle dans quatre jours et se tenait prête à jouer un rôle efficace en vue d'appuyer les réformes institutionnelles pour renforcer l'état de droit.

L'adoption rapide d'un cadre juridique sur le statut de la MINUJUSTH sera un pas important pour une bonne coopération entre la Mission et le gouvernement, a-t-elle noté. « L'ONU continuera de faire tout son possible pour aider les autorités à atténuer les souffrances causées par l'épidémie du choléra », a-t-elle souligné.