Etabli en février 2013, cet accord-cadre, dit Accord d'Addis-Abeba, décrit les principales mesures prises aux niveaux national, régional et international pour mettre fin aux cycles récurrents de violence dans l'est de la RDC et dans la région.
Signé par 13 pays africains, l'ONU, l'Union africaine (UA), la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADEC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), l'Accord d'Addis-Abeba offre un espace de collaboration entre les pays de la région, les organisations régionales et la communauté internationale pour travailler ensemble et s'attaquer aux causes structurelles de l'instabilité en RDC et dans la région des Grands Lacs.
Quatre ans et demi après sa signature, l'Envoyé spécial estime que l'ONU en tant que garant de l'accord, avec l'Union africaine (UA), la SADEC et la CIRGL, « ont fait de leur mieux » pour renforcer les acquis et le travail qui a été fait les années précédentes. « Mais il reste encore beaucoup à faire », a reconnu M. Djinnit dans un entretien accordé à ONU Info, « parce qu'au cur de l'instabilité dans la région, il y a la présence continue des forces négatives à l'est de la RDC ».
Le groupe armé ADF (Allied Democratic Forces) reste une menace pesante non seulement pour la RDC, « mais aussi pour la région parce que de plus en plus, on parle de recrutement dans la région au-delà de la RDC et de l'Ouganda », a dit M. Djinnit. « Les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) sont également actifs et au-delà de cela la situation s'est détériorée dans le Kasaï et dans d'autres régions (de la RDC) », a-t-il ajouté.
Si les rapports entre les pays de la région des Grands Lacs se sont beaucoup améliorés depuis la signature de l'Accord d'Addis-Abeba, des questions résiduelles de méfiance persistent entre certains d'entre eux, a reconnu l'Envoyé spécial. « C'est pour cela que nous estimons que les Etats doivent encore faire davantage pour honorer les engagements qu'ils ont pris dans le cadre de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba notamment en matière de collaboration entre eux et de coopération pour renforcer la confiance », a dit M. Djinnit.
'Force négatives' : des progrès mais la menace persiste
Début septembre, M. Djinnit s'est rendu dans l'est de la RDC, une région où il s'est rendu à plusieurs reprises, dans le cadre d'une mission conjointe de l'ONU, de l'UA, de la SADEC, et de la CIRGL – les garants de l'Accord d'Addis-Abeba. « Mais (nous nous y sommes rendus) aussi avec des représentants des Etats signataires de l'accord », a précisé le diplomate onusien. « Nous voulions associer les Etats membres dans l'exercice de cette revue ».
L'objectif de cette mission conjointe était de constater les progrès réalisés dans la neutralisation des 'forces négatives' que sont les groupes armés et de se rendre compte des défis posés dans le rapatriement des ex-combattants.
Concernant la neutralisation des forces négatives, « force est de constater que des progrès importants ont été réalisés, malgré tout », a dit M. Djinnit, « mais encore une fois ce sont les questions résiduelles » qui posent problème.
L'Envoyé spécial a souligné que les FDLR continuent de commettre des crimes dans les régions où ils sont présents, à commettre des violations de droits de l'homme et à exploiter de façon illicite les ressources naturelles.
Du côté de la frontière avec l'Ouganda, les ADF continuent de sévir. Le 9 octobre, deux Casques bleus ont été tués et 18 autres soldats de la paix blessés lors d'une attaque menée par les ADF contre une base de la MONUSCO à Manundioma, dans le Nord-Kivu.
Les populations et les autorités que M. Djinnit et sa délégation ont rencontrées leur ont fait part de leurs préoccupations, soulignant que la menace des 'forces négatives' persiste. « D'autant plus que selon les autorités de la RDC, les recrutements se font bien au-delà de leur pays, et de l'Ouganda (…) Ils attirent donc notre attention sur le fait que cette menace est régionale et donc c'est pour dire que le travail n'est pas fini », a dit le représentant onusien.
S'agissant du rapatriement des ex-combattants, l'Envoyé spécial a rappelé que les ex-FDLR qui ont accepté de se rendre volontairement ont été placés dans des camps de transit provisoires en attendant leur rapatriement vers le Rwanda. « Près de trois ans après ils y sont toujours », a-t-il déploré.
Lors de cette mission, M. Djinnit s'est également rendu dans les camps où se trouvent les ex-combattants du SPLA-IO (Armée populaire de libération du Soudan en opposition ), le mouvement d'opposition sud-soudanais qui relève de Rick Machar - « un problème qui s'est accumulé depuis » - et a pu constater que la question du groupe armé M-23 « n'est pas entièrement réglée ».
A Brazzaville, l'ONU, l'UA et leurs partenaires sous-régionaux doivent présenter aux Etats leurs recommandations pour que des mesures décisives sur le rapatriement des ex-combattants soient prises.
« Les chefs d'Etats doivent nous soutenir dans des mesures très décisives, (…) il va falloir en finir avec ces ex-combattants qui ne sont pas désirables dans la région de l'est de la RDC », a souligné M. Djinnit. « Les autorités locales, les populations, la société civile souhaitent leur départ rapide parce qu'ils considèrent qu'ils constituent une menace à la stabilité de la région ».
RDC : « un pouvoir élu et bien établi a la légitimité d'agir et de faire face aux menaces »
En RDC, le gouvernement et les forces politiques n'ont pas encore trouvé un terrain d'entente sur la mise en uvre de l'Accord du 31 décembre devant mener à des élections.
M. Djinnit rappelle « qu'il n'y a pas de lien direct » entre la crise politique liée à la fin du mandat officiel du Président congolais, Joseph Kabila, et les «'forces négatives' dans l'est du pays qui y étaient présentes bien avant cette crise, « mais en même temps, tout se tient ».
« Lorsqu'un pouvoir est élu et bien établi, il a la légitimité d'agir et de faire face aux différentes menaces », a dit l'Envoyé spécial. « C'est pour cela que nous pensons que la mise en uvre de l'Accord du 31 décembre et l'installation d'un pouvoir à l'issue des élections conformément à cet Accord sera de nature à mobiliser les forces de ce pays pour régler les problèmes qui restent à savoir ceux de l'est de la RDC ».
M. Djinnit a tout de même souligné qu'il faut en même temps reconnaître que les forces armées de la RDC déploient des efforts considérables dans la lutte contre les groupes armés avec le soutien de la MONUSCO et de sa brigade.
ONU-UA : une coopération nécessaire, indispensable et qui donne des résultats
L'Envoyé spécial du Secrétaire général pour les Grands Lacs s'est félicité du renforcement de la coopération entre l'ONU et l'UA dans le domaine de la paix et de la sécurité.
« Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, veut mettre un accent particulier sur cette coopération, ce qui me semble être une très bonne chose », a dit M. Djinnit, qui fut Commissaire paix et sécurité de l'UA de 2003 à 2008. Une coopération qui selon lui a déjà donné ses fruits, a un grand potentiel et répond à une demande importante et très forte.
« Dans la région des Grands Lacs, nous collaborons très étroitement avec l'Union africaine en tant que Nations Unies sur l'essentiel de ce que nous faisons et en particulier d'abord sur la mise en uvre de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba », a-t-il dit, rappelant que son poste d'Envoyé spécial de l'ONU pour la région des Grands Lacs est né de cet accord.
« La RDC prend des engagements, la région prend des engagements et la communauté internationale prend des engagements », a dit M. Djinnit. « Nous ne le faisons pas seuls parce que l'Accord-cadre d'Addis-Abeba est non seulement porté par les Nations Unies mais aussi par l'Union africaine ». Il a rappelé que les deux organisations co-président le mécanisme régional de suivi.
Sur les questions spécifiques à la RDC, l'ONU et l'UA travaillent « main dans la main », a rappelé l'Envoyé spécial. Lorsque le premier dialogue a été instauré sous la houlette du facilitateur de l'UA, Edem Kodjo, la MONUSCO et l'Envoyé spécial étaient présents auprès des parties prenantes et du facilitateur pour les aider à obtenir un accord.
« Lorsque le dialogue a été ré-ouvert pour rechercher une plus grande inclusivité. Là aussi nous étions aux côtés de l'UA pour les soutenir, travailler ensemble », a dit M. Djinnit. « Lors des moments de difficultés dans le dialogue nous n'avons pas hésité ensemble avec l'UA à faire des démarches conjointes auprès des parties prenantes pour les encourager à aller de l'avant pour le dialogue ».
La coopération entre les deux organisations est également concrète au Burundi où le facilitateur du dialogue politique, l'ancien Président tanzanien, Benjamin Kappa, sous la houlette du médiateur, le Président ougandais, Yoweri Museveni, travaille avec le soutien de l'UA et de l'ONU.
« Michel Kafando, l'Envoyé spécial de l'ONU pour le Burundi, et son équipe ainsi qu'Ibrahima Fall, l'Envoyé spécial de l'UA pour la région des Grands lacs et son équipe, constituent les partenaires immédiats du facilitateur et travaillent ensemble », a dit M. Djinnit. « La collaboration entre l'ONU et l'UA est nécessaire, indispensable et donne des résultats ». @media only screen and (min-width: 760px), screen\9 { #PhotoHolder3 #PhotoCrop { max-height: 770px; /* sets max-height value for all standards-compliant browsers */ width: 134%; margin-left:-161px; margin-top: -717px; } #story-headline { font-size: 5em; line-height: 1.15em; color:#fff; position: relative; top: 20px; margin-left:-1.8em; text-shadow: 5px 5px 5px rgba(0,0,0,0.8); width:45%; text-align:left; } } #sidebar {display:none;} div#story-content .span8 {width:100% !important} #fullstory p { font-size: 14px; line-height: 1.8em; } #fullstory h5 { font-size: 140%; padding-top:1.5em; } blockquote { font-size: 1.6em; line-height: 1.5em; font-style:italic; color:#000011; width:38%; }