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Goma : la MONUSCO sensibilise sur le Covid-19 à la prison centrale de Munzenze

Goma : la MONUSCO sensibilise sur le Covid-19 à la prison centrale de Munzenze. Photo MONUSCO/Myriam Asmani

Comme la plupart des pays d’Afrique, la RDC a récemment pris des mesures préventives contre la propagation du Covid-19. C’est dans ce cadre que l’Unité d’appui à l’administration pénitentiaire (UAAP) de la MONUSCO a élaboré le projet de sensibiliser les acteurs des douze prisons prioritaires du pays, dont celle de Goma.

Plantée dans le quartier populaire de Murara, à Goma, la prison centrale accueille plus de 2 300 prisonniers, dont 49 femmes et une vingtaine d’enfants de moins de six ans. Construite avant l’indépendance (1960), la prison Munzenze, comme de nombreuses autres à travers le pays, accueille plus de détenus qu’elle ne peut en contenir, même si elle a connu quelques agrandissements au fil du temps.

C’est à la faveur de ce confinement à l’intérieur même des prisons et de la pandémie de Covid-19 que l’Unité d’appui à l’administration pénitentiaire (UAAP) de la Monusco a lancé des activités de formation, sensibilisation et mise en place de dispositions de prévention contre le coronavirus dans les établissements pénitentiaires de la République démocratique du Congo.

Mesures particulières

A la maison carcérale de Goma, une série de formations a eu lieu les 4 et 5 mai 2020. La stratégie pédagogique adoptée par les organisateurs consiste à former d’abord les pairs éducateurs, qui démultiplieront ensuite ces formations auprès de leurs camarades, afin de rendre les gestes barrières compréhensibles par tous.

Le responsable de l’Unité d’appui à l’administration pénitentiaire (UAAP) à la Monusco/Goma, Koussé Abasse, estime que  «dans la lutte contre le coronavirus dans ce milieu fermé, il y a une méthode particulière à adopter, c’est-à-dire une série de mesures : prise de température à l’entrée, mise en place d’un registre pour inscrire tout mouvement des usagers de la prison, imposer le lavage des mains et le port du masque pour tous ceux qui arrivent en prison ».

Vu l’urgence de la situation dans la prévention du Covid-19, une salle d’isolement est actuellement en réhabilitation. «Elle servira à isoler les nouveaux entrants déférés par le parquet ou l’auditorat militaire pour permettre à tous les soignants de la prison de faire le suivi sanitaire de ces personnes durant 14 jours, avant de les envoyer dans les bâtiments communs où logent les autres prisonniers déjà incarcérés», explique-t-il.

Risque sanitaire accru

En exécution des mesures préventives du Covid-19 annoncées le 18 mars 2020 par Félix Tshisekedi, chef de l’Etat de la RDC, un comité de suivi de la mise en œuvre de ces mesures de prévention du Covid-19 dans les établissements pénitentiaires de la RDC a été mis sur pied le 23 mars dernier.

Afin de garantir sa mise en œuvre effective au niveau déconcentré, des sous-comités de suivi provinciaux de cette directive ont ainsi été structurés sous l’égide du ministère de la Justice.

Bien que l’expérience de la prévention de l’épidémie à virus Ebola ait permis d’équiper les établissements pénitentiaires de la RDC en dispositifs de facilités hygiéniques appropriées tel que le dispositif de lavage des mains, il reste que les infrastructures pénitentiaires congolaises, vétustes pour la plupart, sont dénuées de sanitaires et de salles de quarantaine susceptibles de répondre de façon adéquate à l’apparition de cas de Covid-19 en leur sein.

L’unité d’appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO (UAAP) a également profité de cette formation pour faire un don à la section des femmes, à savoir une dizaine de cartons contenant des serviettes hygiéniques pour les femmes ainsi que des couches pour les nourrissons et enfants en bas âge qui vivent au sein de la prison auprès de leur mère.

«Dans le quartier des femmes, nous manquons cruellement de ce genre de produits spécifiques et nous sommes ravis de ce don à leur endroit », a déclaré Brunelle Nkasa, directrice adjointe de la prison Munzenze, qui reconnaît toutes ces difficultés. Elle indique que le manque de moyens pour la plupart de femmes détenues, qui n’arrivent pas à se faire accompagner par des avocats, est également à la base des détentions prolongées.

Transmission du savoir

Selon l’UAAP, la priorité doit être donnée aux activités de transmission de savoirs en matière de sensibilisation et de prévention du Covid-19 en milieu carcéral, aussi bien aux partenaires nationaux qu’aux personnes détenues.

Pour ce faire, le projet sera structuré par phases : premièrement, la formation et la sensibilisation des acteurs (personnel, pairs éducateurs et détenus) dans les 12 prisons prioritaires et dans le lieu dédié au sein de l’auditorat militaire de Goma, où sont incarcérés les prévenus Sheka et Ndoole. Deuxièmement, la mise en place d’un dispositif physique d’isolement des nouveaux arrivants afin de les garder en quarantaine pendant 14 jours.

La stratégie de l’UAAP est bâtie autour de l’appropriation du projet par l’administration pénitentiaire elle-même, à travers le comité national de suivi du Covid-19 (mis en place par le ministère de la Justice) en collaboration avec les acteurs de la cellule de riposte contre le Covid-19 en RDC et l’expérience apportée par les conseillers pénitentiaires de la MONUSCO.