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Darfour : l'envoyé de l'ONU exhorte le Conseil de sécurité à jouer de son influence pour un accord de paix inclusif

Le Représentant spécial conjoint de l'ONU et de l'Union africaine pour le Darfour, Jeremiah Nyamane Kingsley Mamabolo, a indiqué jeudi qu'il y avait une accalmie des affrontements entre le gouvernement soudanais et les mouvements armés dans cette région du Soudan mais que les efforts en vue de la négociation d'un accord de paix inclusif étaient pour l'instant peu concluants.

« J'exhorte le Conseil et les acteurs ayant de l'influence sur les parties à souligner l'importance d'un règlement politique », a-t-il dit aux membres du Conseil de sécurité.

Venu présenter le dernier rapport du Secrétaire général sur l'Opération de l'Union africaine et des Nations Unies au Darfour (MINUAD), dont il est le chef, M. Mamabolo a indiqué que la situation était restée calme, depuis les affrontements en mai et juin entre le gouvernement et l'Armée de libération du Soudan-faction Minni Minawi (ALS-MM), appuyée par l'Armée de libération du Soudan/Conseil de transition (ALS/CT) et le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE).

Il a également mentionné une réduction des incidents intercommunautaires, tandis que la violence contre les civils s'est poursuivie, mais à une échelle réduite. Des améliorations ont été recensées s'agissant des droits de l'homme, a poursuivi le Représentant, ajoutant que le Président soudanais avait gracié six défenseurs des droits de l'homme le 29 août. « Beaucoup reste néanmoins à faire pour une amélioration globale de la situation des droits de l'homme. »

Parmi les causes profondes du conflit, le Chef de la MINUAD a cité les questions foncières et du partage des ressources naturelles, qui sont exacerbées par la prolifération des armes. Il s'est félicité, à cet égard, du lancement d'un plan de contrôle gouvernemental des armes pour que seules les forces régulières en soient équipées.

Les réactions par rapport à la collecte des armes ont varié, les mouvements d'opposition et non signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour la critiquant tandis que le chef de la milice arabe Musa Hilal s'y est frontalement opposé, a-t-il déclaré.

Le Représentant spécial conjoint a indiqué que la mise en œuvre de ce document demeurait limitée, s'agissant notamment des questions des déplacements, de la gestion des ressources naturelles et des milices armées. « Les efforts du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l'Union africaine, avec le soutien de la MINUAD, pour obtenir des parties au conflit au Darfour qu'elles signent un accord de cessation des hostilités et commencent des négociations directes en vue d'un accord de paix inclusif sont restés peu concluants ».

« Dans le prolongement de mes discussions à Paris avec Abdul Wahid, Minni Minawi et Gibril Ibrahim, j'ai envoyé aux parties un rapport détaillant le processus actuel de médiation, notamment les points de blocage s'agissant de la cessation des hostilités », a poursuivi M. Mamabolo. Il a expliqué que ces mouvements armés insistent sur un séquençage des négociations, depuis la cessation des hostilités jusqu'aux discussions sur la question controversée du Document de Doha.

De son côté, le gouvernement insiste sur l'engagement en faveur dudit Document comme base des négociations et pour que Doha accueille ces négociations, a-t-il dit, ajoutant qu'Abdul Wahid maintenait son refus de joindre le processus de paix. M. Mamabolo a donc exhorté le Conseil à agir auprès des parties pour sortir de l'impasse, « afin de diminuer les souffrances des populations que celles-ci disent représenter ».

S'agissant de la Mission, le Représentant spécial conjoint a indiqué que celle-ci avait entamé la première phase de sa reconfiguration, c'est à dire la fermeture de 11 bases d'opération et la réduction de sa composante militaire, de 15.845 membres à 11.395, et de sa composante policière, de 3.403 membres à 2.888. « Depuis juin, la MINUAD a fermé six bases d'opération et les sept dernières devraient être fermées d'ici septembre ».

M. Mamabolo a précisé que la Mission développait des plans pour le déploiement d'un groupement tactique dans le Jebel Marra et avait demandé au Gouvernement soudanais l'octroi d'un terrain pour l'établissement d'une base opérationnelle temporaire à Golo.

La coopération avec le gouvernement soudanais s'est notablement améliorée, a-t-il continué, mentionnant une amélioration de l'environnement pour l'action humanitaire et une diminution des restrictions aux mouvements de la Mission.