« Les membres d'une vaste coalition, comprenant des éléments anti-Balaka, ont attaqué des populations civiles, en particulier les musulmans, dans le quartier Tokoyo à Bangassou », a indiqué samedi la MINUSCA dans un communiqué. Le bureau régional de la mission onusienne à Bangassou a également été attaqué pendant la nuit par les membres de cette coalition.
Les soldats de la paix ont tenté de répondre à l'attaque sur le quartier de Tokoyo pour protéger les civils malgré les tirs nourris contre le bureau de la MINUSCA. Un Casque bleu du contingent marocain a été tué au cours des échanges de tirs survenus dans la matinée du 13 mai.
Selon de premières informations recueillies par la MINUSCA, des civils déplacés ont fui vers la mosquée, l'église catholique et l'hôpital de l'organisation non-gouvernementale Médecins sans Frontières. À ce stade des évènements, la mission de maintien de la paix peut difficilement faire le point sur la situation humanitaire à Bangassou. Des sources crédibles ont toutefois confirmé un nombre indéterminé de victimes civiles.
La mission onusienne envoie actuellement des renforts à Bangassou pour sécuriser la ville et protéger les civils et travaille avec les partenaires humanitaires pour assurer la sécurité des civils déplacés.
« La MINUSCA fera tout son possible avec les autorités centrafricaines légitimes pour arrêter les auteurs de ces actes horribles », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSCA, Parfait Onanga-Anyanga. « La communauté internationale sera implacable en appréhendant les auteurs de ces crimes et tous leurs commanditaires - j'insiste sur leurs commanditaires - y compris certains instigateurs qui pourraient parrainer ces attaques de Bangui ».
Une mission de protection de civils de plus en plus difficile
Il s'agit de la deuxième attaque meurtrière contre la MINUSCA dans le sud-est de la RCA en moins d'une semaine. Cinq Casques bleus (quatre Cambodgiens et un Marocain) ont perdu leur vie et 10 autres ont été blessés lors d'une attaque survenue lundi contre un convoi de la mission onusienne sur l'axe Rafai-Bangassou. En déplacement à Bangui pour honorer la mémoire des Casques bleus tués, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix avait réaffirmé l'appui des Nations Unies au travail difficile du personnel de la MINUSCA.
La ville de Bangassou avait jusqu'à présent été épargnée par les attaques intercommunautaires, même aux pires moments de la crise en République centrafricaine.
Les attaques systématiques et délibérées à l'arme lourde à l'encontre des Casques bleus rendent difficile leur mission vitale de protection des populations civiles et les détournent de leur principale vocation de sauvetage de vies humaines.
« Le sang des soldats de la paix et le sang des innocents centrafricains ne sera pas versé en vain dans ce pays », a souligné M. Onanga-Anyanga. « La justice, un jour ou l'autre, et plus tôt que tard, mettra la main sur tous les auteurs de ces horribles actes ».
La MINUSCA a tenu à rappeler que les actes de violence liés à des motifs ethniques ou religieux peuvent constituer des crimes de droit international passibles de poursuites dans des tribunaux nationaux ou internationaux.