Le Maire de Botto, Jean Noël Gouté, est un homme heureux. Il y a deux ans, il vivait, avec des milliers de ses concitoyens, sur un site abritant des personnes déplacées devant la base de la MINUSCA à Kaga-Bandoro. Le 24 octobre 2024, il a célébré, devant la Mairie de Botto, le 79e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies, coorganisée par la MINUSCA et les agences, fonds et programmes des Nations Unies représentés dans la préfecture de la Nana-Gribizi. Cette célébration est vue, par le Maire, comme une consécration pour Botto dont la quasi-totalité de la population qui était déplacée est désormais de retour dans ses villages respectifs. Cela a été rendu possible grâce aux efforts conjoints et mutualisés du système des Nations Unies et des autorités locales.
M. Gouté ne cache pas sa joie en souhaitant la bienvenue à la forte délégation venue de Kaga-Bandoro, ainsi qu’aux habitants des villages environnants, tous réunis pour célébrer la Journée des Nations Unies. « C’est un honneur et un grand plaisir pour la population de Botto, et pour moi-même, de vous accueillir chez nous pour cet événement important qu’est la célébration de la Journée des Nations Unies 2024. Nous sommes ravis du choix que vous ayez porté sur notre commune pour organiser cette célébration », a-t-il dit dans son discours de bienvenue.
Botto : Une réussite de la coopération entre les Nations Unies et les autorités locales
Le choix de ce village, situé à 11 km à l’ouest de Kaga-Bandoro, est le fruit d’un consensus entre la MINUSCA et les agences, fonds et programmes des Nations Unies représentés dans la Nana-Gribizi, car la commune de Botto est l’exemple d’une stabilisation réussie grâce à une approche intégrée du travail de la MINUSCA et des agences de l’équipe de pays des Nations Unies en partenariat avec les autorités locales. Tout d’abord, la MINUSCA a contribué à la protection des civils, notamment à travers les patrouilles régulières menées par sa Force. De même, le déploiement des Forces de sécurité intérieure a créé un climat de confiance pour les populations des villages situés sur l’axe Kaga-Bandoro - Botto.
« En plus de la sécurisation et la stabilisation, la MINUSCA nous a fortement appuyés pour assurer la restauration et l’extension de l’autorité de l’État. À travers ces projets à impact rapide, la Mission a construit pour nous ce joli bâtiment flambant neuf pour la Mairie, qui nous permet de travailler dans d’excellentes conditions (…) En outre, la MINUSCA a construit deux ponts sur cet axe, ce qui facilite la libre circulation des personnes et des biens entre les différents villages » a déclaré le Maire.
Dans le cadre de son projet d’appui au retour des personnes déplacées internes dans la préfecture de Nana-Gribizi, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a construit des centaines d’abris pour les ménages qui avaient fui leurs villages dans la commune de Botto durant la crise. En partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), la MINUSCA a également mis en œuvre un projet d’appui au retour des personnes déplacées internes pour favoriser la reprise des activités génératrices de revenus, à travers la remise de bœufs et d’outils agricoles afin de permettre la réinsertion sociale des personnes retournées.
Grâce à la mise en œuvre de ces différents projets, le site qui abritait des milliers de personnes déplacées internes devant la base de la MINUSCA à Kaga-Bandoro a été fermé et tous les ménages ont pu rentrer chez eux. Aujourd’hui, avec le retour des déplacés, tous les villages sur l’axe Kaga-Bandoro - Botto grouillent de monde. Hommes et femmes ont repris le chemin des champs tandis que les enfants sont à l’école et osent rêver d’un avenir meilleur pour leur pays.
« Maintenant que nous sommes de retour chez nous, nous reprenons nos activités économiques et nous comptons sur votre appui continu pour assurer le relèvement et le développement durable de nos communautés », a dit le Maire, faisant référence au thème choisi cette année pour la Journée des Nations Unies en Centrafrique : « Du relèvement au développement durable et inclusif de la République centrafricaine ».
Vers un développement durable et inclusif
En partenariat avec la radio communautaire La Voix de Kaga, la MINUSCA a saisi l’occasion de la célébration de cette Journée des Nations Unies pour organiser une table ronde avec les représentants des différents agences, fonds et programmes des Nations Unies et de la MINUSCA. Cette conférence leur a permis d’échanger avec plus de130 participants, dont 17 chefs de villages, sur le thème 2024 de la Journée, mais aussi sur la complémentarité des différentes institutions onusiennes présentes sur le terrain et l’importance du partenariat avec les autorités locales pour la mise en œuvre de leurs mandats respectifs.
Moussa Sory, chef de bureau par intérim de la MINUSCA, qui a délivré le message du Secrétaire général des Nations Unies, a souligné l’importance d’une approche intégrée des interventions des Nations Unies pour plus d’efficacité et un plus grand impact. « Le thème de cette année illustre notre ambition commune de voir ce pays sortir des cycles de conflits violents pour s’engager résolument sur la voie de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du développement durable. Un long chemin a été parcouru au cours des dix dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire. Nous devons donc garder le cap et travailler tous ensemble pour réaliser cet objectif », a-t-il ajouté.
Le maire de Botto a profité de l'occasion pour plaider auprès du Gouvernement en faveur du développement. « Nous invitons également le Gouvernement de notre pays à accorder davantage d’importance aux zones rurales reculées, car pour que le développement soit durable dans notre pays, nous devons aider les agriculteurs à développer ce secteur vital pour notre économie », a souligné Jean Noël Gouté, avant d’ajouter : « Pour que ce développement soit inclusif, aucune région, aucune préfecture, aucune commune ne doit être laissée derrière. Qu’un enfant naisse à Bangui ou à Botto, il doit avoir les mêmes chances de réussir dans la vie. Et cela commence par une éducation de qualité, la santé, et la sécurité », a-t-il soutenu.
Complémentarité des agences, fonds et programmes de l’ONU et partenariat avec les autorités locales
Cheikh Mousseit de l’OIM, Serge Gbokou de l’UNICEF, Micheline Metemale du HCR, Eric Remadere du Programme alimentaire mondial (PAM), Prisque Aubierge Bongolé de l’UN-OCHA ont tous souligné l’importance de la complémentarité et du partenariat dans l’appui que les Nations Unies apportent aux autorités locales et aux populations vulnérables, qui ont besoin d’assistance humanitaire. Ils ont promis de continuer les efforts qui ont déjà porté leurs fruits de manière visible dans la commune de Botto, toute la Nana-Gribizi et dans toute la région couverte à partir de Kaga-Bandoro. Toutefois, Prisque Bongolé a tenu à informer les participants que les sources de financement commencent à se tarir pour l’aide humanitaire en RCA. « En raison du manque de financement, certaines ONG sont obligées d’arrêter leurs opérations et de se retirer. Nous devons nous préparer à voir de plus en plus d’acteurs humanitaires partir. Par conséquent, les autorités locales et les communautés doivent s’organiser pour envisager des approches et initiatives locales en vue de faire face à certaines situations », a-t-elle expliqué.
Le sous-préfet de Kaga-Bandoro, et préfet par intérim de la Nana-Gribizi, Jean-Marie Maleyombo, qui a pris fonction il y a deux mois, s’est félicité de cette célébration de la Journée des Nations Unies à Botto, où il dit avoir été impressionné par la qualité des réalisations de la MINUSCA et des Nations Unies en général. « Je félicite la MINUSCA et toutes les agences des Nations Unies pour le travail remarquable qu’elles ont fait ici à Botto, ainsi que dans toute la Nana-Gribizi. Vous pouvez compter sur mon entière collaboration pour poursuivre ensemble ce travail », a-t-il soutenu.
Camp médical gratuit au profit de 645 résidents des villages de la commune de Botto
Dans le cadre des activités civilo-militaires (CIMIC) que la MINUSCA organise régulièrement, notamment à l’occasion de la célébration des journées internationales, le contingent médical bangladais, ainsi que l’équipe médicale du contingent pakistanais et celle de l’unité de police constituée du Rwanda ont organisé le 24 octobre, un camp médical pour offrir des consultations, ainsi qu’un traitement médical à la population de Botto. Au total, 645 personnes, dont 277 femmes et 135 enfants, ont bénéficié de cette assistance médicale gratuite. Le Maire a remercié la MINUSCA pour cette initiative qui apporte un réel soulagement à de nombreuses personnes malades, qui ne peuvent pas se rendre à l’hôpital préfectoral parce que ne disposant pas de ressources financières pour leur prise en charge.