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Après le départ de l'ONUCI, la Côte d'Ivoire doit s'assurer que sa population bénéficie des dividendes de la paix, selon l'envoyée de l'ONU

A l'approche de la clôture effective de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), la Représentante spéciale du Secrétaire général dans le pays, Aïchatou Mindaoudou, a salué vendredi devant le Conseil de sécurité « un jour historique » dans les relations entre cet Etat d'Afrique de l'ouest et le Conseil.

La Représentante spéciale a félicité Abidjan pour son élection plus tôt dans la journée comme membre non permanent du Conseil de sécurité. Le mandat de la Côte d'Ivoire au Conseil doit commencer en janvier 2018 pour une durée de deux ans.

Depuis son dernier rapport au Conseil comme Chef de l'ONUCI, Mme Mindaoudou a rappelé qu'un nouveau gouvernement avait été mis en place en Côte d'Ivoire, suite aux élections législatives de décembre 2016. Elle a précisé que la mise en place du Sénat était en cours et que, pour la première fois dans l'histoire du pays, les trois principaux partis politiques de Côte d'Ivoire, à savoir le Rassemblement des républicains (RDR), le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) et le Front populaire ivoirien (FPI), avaient présenté des candidats.

La discipline au sein des forces armées doit être améliorée

L'envoyée de l'ONU a souligné que, dans son dernier rapport, elle avait jugé la situation sécuritaire du pays stable, malgré les mouvements d'une catégorie de soldats survenus en janvier et février 2017. Elle a indiqué que, depuis lors, des mouvements similaires s'étaient produits, les 12 et 14 mai, lorsqu'une faction de l'armée basée à Bouaké, composée majoritairement d'ex-membres des Forces nouvelles, avait réclamé des paiements pour sa participation à la résolution de la crise post-électorale de 2010-2011.

La Représentante spéciale a souligné que ces perturbations s'étaient étendues à plusieurs régions du pays, entraînant notamment la mort d'une personne et faisant plus de 20 blessés. Les 22 et 23 mai, a-t-elle ajouté, des ex-combattants démobilisés des Forces nouvelles, considérés auparavant comme « associés » dans l'armée, ont érigé des barricades et manifesté à Bouaké et dans d'autres régions du pays. Elle a précisé que trois ex-combattants avaient été tués à cette occasion lors de confrontations avec la police.

Ces mouvements ont paralysé les activités économiques du pays, a regretté Mme Mindaoudou, estimant que, s'ils ne menaçaient pas la stabilité du pays, ces évènements représentaient malgré tout une menace pour la population civile. Elle a estimé que ces évolutions étaient représentatives des défis qui attendaient le pays, à moins d'un mois du retrait de l'ONUCI prévu le 30 juin 2017.

« Il est urgent que le gouvernement, avec l'accompagnement de ses partenaires améliore la discipline au sein des forces armées et mette en œuvre les réformes prévues par la loi de programmation militaire 2016-2020 », a souligné la Représentante spéciale qui juge également impératif d'assurer une pleine intégration des ex-combattants dans la société.

« Ces incidents mettent en exergue d'une part, les risques qu'entrainent l'impunité au sein des forces armées et d'autre part, l'impérieuse nécessité de mettre un terme à l'impunité quant aux violations des droits de l'homme commises lors de la crise postélectorale par les deux parties en conflit et le besoin d'une justice impartiale », a-t-elle dit.

Des progrès notables enregistrés sur tous les chapitres

La chef de l'ONUCI estime toutefois que les derniers événements en Côte d'Ivoire ne doivent pas faire perdre de vue les acquis enregistrés après plus de 14 ans de maintien de la paix avec l'appui régional et international.

« En avril 2004, au moment du déploiement de l'ONUCI, la Côte d'Ivoire était un pays divisé en deux, le long d'une zone de confiance sécurisée par les forces onusiennes et les forces françaises. Les violations du cessez-le-feu ainsi que de graves violations des droits l'homme étaient récurrentes », a rappelé Mme Mindaoudou.

« Depuis la fin de la crise post-électorale qui a ébranlé la Côte d'Ivoire, il y a de cela six ans, des progrès notables ont été enregistrés sur tous les chapitres », citant l'amélioration de l'environnement politique – « même si beaucoup reste encore à faire particulièrement dans le domaine de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale », les progrès enregistrés en matière de droits de l'homme et de justice transitionnelle – « quoique de manière inégale et timide » et la poursuite de la croissance économique.

La Représentante spéciale a toutefois souligné que des mesures doivent encore être prises pour assurer un partage équitable des ressources « afin que toutes les couches sociales bénéficient des dividendes de la paix ».

Si la situation sécuritaire s'est largement améliorée, Mme Mindaoudou toutefois souligné que des efforts restent encore à faire pour mettre en place des forces de sécurité responsables bénéficiant de la confiance des populations.

Mme Mindaoudou a par ailleurs affirmé que tout était en ordre pour assurer la clôture de l'ONUCI, le 30 juin 2017, sachant qu'il reste seulement une équipe réduite de huit civils et que tout le personnel en uniforme de la Mission a été rapatrié.