La gestion des frontières, en matière de sécurisation, protection, contrôle et développement, est un impératif national important intégré dans plusieurs cadres stratégiques de la République centrafricaine. Ces cadres incluent le Plan national de relèvement et de consolidation de la paix (RCPCA), la Politique nationale de sécurité, la Stratégie nationale de la réforme du secteur de sécurité (RSS) ainsi que la feuille de route de la Conférence internationale des Grands Lacs pour la paix en RCA.
Contexte des frontières centrafricaines
La République centrafricaine, pays enclavé, partage ses frontières terrestres avec plusieurs nations voisines : le Tchad, le Soudan, le Soudan du Sud, la République du Congo, la République démocratique du Congo et le Cameroun. Ces frontières sont essentielles pour le contrôle et le développement des ressources naturelles, forestières, fauniques et minières. Toutefois leur porosité favorise également les activités criminelles transfrontalières, entraînant une évasion des revenus nationaux vers des réseaux criminels.
Politique nationale de gestion des frontières et création de la CNCGF
Pour répondre à ces défis, le Gouvernement a mis en place une politique de gestion et sécurisation des frontières. En 2021, par décret, la Commission nationale en charge de la gestion des frontières (CNCGF) a été établie et est devenue opérationnelle en 2023.
Soutien de la MINUSCA
Entre septembre et décembre 2023, la MINUSCA a apporté un soutien important à l'élaboration du plan d'action décennal de la politique nationale de gestion des espaces frontaliers (PNGEF). Dans une déclaration au Conseil de sécurité des Nations Unies le 21 février 2024, la Cheffe de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza, a exprimé sa reconnaissance envers le gouvernement centrafricain pour l'adoption de sa politique nationale décennale (2024-2034) pour la gestion des zones frontalières, soulignant l'importance d'une coopération transfrontalière pour activer les commissions frontalières.
Renforcement des capacités et appui institutionnel
En décembre 2023, avec le soutien de la MINUSCA, le Ministère de l’administration du territoire, de la décentralisation et du développement local a organisé un atelier de renforcement de capacités à l'intention de 25 fonctionnaires et agents de l'État du Secrétariat général de la CNCGF. Cette initiative visait à améliorer leur efficacité dans l'exercice de leurs fonctions régaliennes.
Le 16 août 2023, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies, Joanne Adamson, a officiellement remis les clés du nouveau siège du Secrétariat général de la CNCGF à la Ministre de l’urbanisme, des réformes foncières et de l’habitat, Nicole Koue. Rénové et équipé de matériels bureautiques, informatiques et mobiliers à hauteur de plus de 72 millions de FCFA par la MINUSCA, ce projet vise à renforcer l'opérationnalisation de la Commission nationale chargée de la gestion des frontières, contribuant ainsi à restaurer et étendre l'autorité de l'État.
Réunion plénière et perspectives
Le 17 avril 2024, sous le patronage du Premier ministre Felix Moloua et en présence de la Cheffe de la MINUSCA, la Commission nationale a présenté son plan national de gestion des espaces frontaliers ainsi que son plan d'action. Le Premier Ministre Felix Moloua a souligné l'importance de la Commission dans la résolution des défis sécuritaires, administratifs et autres aux frontières.
Amélioration de la situation aux frontières
Le Colonel Léonard Mbele, préfet sortant de la Vakaga, a observé une amélioration notable de la sécurité locale, marquée par un redéploiement efficace des fonctionnaires et l'instauration de la paix depuis la signature de l'Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation (APPR) en février 2019 et de la feuille de route de Luanda. Toutefois, selon lui, des défis persistent, notamment à Amdafok, à la frontière avec le Soudan, où les restrictions liées à la crise soudanaise entravent la libre circulation des biens et des personnes.
Projets futurs
La MINUSCA envisage la construction d'un poste frontalier inter-agences à Bembere, à l'ouest de la frontière avec le Tchad, pour un coût estimé à 400,000 dollars américains. Ce poste pourra accueillir huit agences de gestion des frontières, renforçant ainsi les capacités de contrôle et de sécurité dans la région.