Les 4 et 5 octobre, la préfecture de la Haute-Kotto a organisé la conférence préfectorale sur la transhumance à Bria, en vue de mobiliser l’ensemble des autorités et tous les acteurs de la filière, afin de trouver, à la lumière de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation (APPR) en RCA, des solutions pour une transhumance apaisée, facteur de développement économique et de cohésion sociale.
Au terme de l’article 14 de l’APPR, « les Parties conviennent de la mise en place d’un mécanisme de gestion efficace de la transhumance pour en faire une activité sécurisée et pacifiée, essentielle au développement économique harmonieux des éleveurs et des agriculteurs, basée sur un schéma directeur national et des schémas locaux qui seront développés en concertation avec les communautés concernées ».
La transhumance n’est pas un long fleuve tranquille. Pour l’année en cours, 13 cas de conflits entre agriculteurs et éleveurs ont été recensés par le Comité de gestion des conflits liés à la transhumance, présidé par les ministères de l’Agriculture et de l’Élevage. Les principales causes des conflits sont la dévastation des champs et le vol de bétail. Sur les 13 cas enregistrés, huit ont été résolus pacifiquement, un a été référé à la justice, et quatre restent non résolus.
Le forum de Bria était donc très attendu pour explorer des solutions permettant une transhumance pacifique et collectivement bénéfique.
Pour Rosalie Blitchi, Présidente du Comité local Paix et Réconciliation, « mon attente à la fin de cette conférence est que les éleveurs évitent de faire paître leurs bœufs là où les agriculteurs cultivent, et que les agriculteurs ne cultivent plus là où passent les bœufs. Au gouvernement de sécuriser nos frontières, car certains éleveurs transhumants viennent des pays voisins ».
De son côté, Arthur Nganaba, président de l’Association des bouchers, a remercié le gouvernement pour « cette initiative de revenir au niveau local pour trouver des solutions aux problèmes entre éleveurs et agriculteurs ». Il a ajouté que sa principale attente est que « la cohésion pacifique revienne entre les deux parties pour permettre d’avoir de la viande de bœuf à un prix raisonnable pour la population de Bria ».
À la fin des travaux des cinq groupes, les 114 participants, dont 21 femmes, ont prôné une transhumance pacifique, facteur de développement et de cohésion sociale. « Tout le monde a compris que la transhumance est une opportunité. Bien organisée, elle peut être très bénéfique pour l’économie du pays ainsi que pour la réconciliation et la cohésion sociale », a déclaré Bara Dieng, Chef du Bureau de la MINUSCA dans la Région Fertit, à la presse.
Pour atteindre ces objectifs, plusieurs recommandations ont été retenues, parmi lesquelles :
- La création d’une commune d’élevage pour sédentariser les éleveurs et régler les problèmes liés à la protection des populations, notamment les femmes et les enfants qui ne peuvent pas aller à l’école car ils bougent constamment avec leurs parents.
- La réactualisation des couloirs de transhumance et la délimitation des zones de culture et de pâturage.
- La construction d’infrastructures agropastorales (parcs de vaccination, parcs à bétail, pharmacies vétérinaires, marchés hebdomadaires, magasins de stockage, aires de séchage et abreuvoirs).
- Le renforcement des dispositifs de sécurisation des frontières de la RCA.
- Le renforcement des capacités de tous les acteurs de la filière sur la prévention, la gestion et la résolution des conflits, ainsi que sur les textes réglementaires.
La conférence préfectorale pour une transhumance apaisée et prospère a été organisée par la Préfecture de la Haute-Kotto, avec l’appui de la MINUSCA. Elle fait suite à la conférence de haut niveau tenue à Bangui le 13 mai 2024, sous le patronage du Président centrafricain et à l’initiative du gouvernement, avec pour recommandation de dupliquer cet exercice dans chaque préfecture.