Bienvenue aux Nations Unies

Projets à impact rapide : Renforcer la résilience des populations civiles

Projets à impact rapide : Renforcer la résilience des populations civiles

 

 

La Section des Affaires civiles de la MINUSCA a pour rôle de faciliter la cohésion entre les communautés au niveau local et national, et d’agir comme un lien entre la Mission, les agences des Nations Unies, le gouvernement, les autorités locales, la société civile et les communautés vulnérables dans les régions reculées du territoire centrafricain. Avec une équipe de 117 agents présents dans les bureaux de terrain de la Mission, la Section des Affaires civiles apporte une contribution essentielle dans les domaines de la protection des civils, du dialogue et de la réconciliation ainsi que de la restauration de l’autorité de l'État. De plus, la Section des Affaires civiles gère la mise en œuvre des projets à impact rapide (QIPs) au nom de la Mission. Dans cette interview, accordée le 15 juillet 2022, le directeur adjoint de la Section, Guy Saizonou, nous explique comment la MINUSCA contribue à soutenir le peuple centrafricain.

 

Par Biliaminou Alao

 

Question : Monsieur Guy Saizonou, Bonjour ! Vous êtes le directeur actuel de la section des Affaires civiles de la Minusca. Dites-nous. Pourquoi ce nom « Affaires civiles » ? Et quel est le rôle de cette Section dans la mise en œuvre du mandat de la Minusca ?

 

Je voudrais vous remercier de cette opportunité que vous donnez à la Section Affaires civiles pour échanger sur ce que nous faisons et sur ce que nous sommes. Le nom Affaires civiles vient d’une différence que nous avons voulu marquer entre les Affaires civiles et les Affaires politiques. C'est très clair que les Affaires politiques s'occupent des questions politiques au niveau institutionnel le plus élevé. Pour les Affaires civiles, ce que nous voulons, c'est quoi ? Ce que nous voulons transmettre, c'est que c'est la centralité de la société civile à travers les différents segments de la sphère civile dans la résolution des conflits. Ce qui amène les Affaires civiles à travailler au quotidien avec les associations de la société civile, avec les hommes, avec les femmes, avec les autorités locales, avec les leaders religieux et tout ce qui fait la société civile. Parce que nous estimons que pour faire la paix, il faut pouvoir faire la paix au niveau local avec la participation de toute la communauté… Donc, le travail qui se fait au niveau institutionnel le plus élevé au niveau de la capitale doit se refléter au niveau local, au plus profond des communautés pour que véritablement tout le monde soit embarqué dans la barque de la paix.

Question :  Et au cours de ces dernières années, quelles sont les grandes réalisations de la section des Affaires civiles en matière de protection des civils ? Restauration de l’autorité de l’Etat, et aussi dans le domaine du dialogue et de la réconciliation.

Oui, je parlerai en matière de dialogue et de réconciliation. Je me rappelle comme si c'était hier, en 2016, quand je suis arrivé dans ce pays et pris fonction comme directeur adjoint des Affaires civiles. Il y avait un problème majeur, c'est la crise qu'il y avait au niveau du PK5 où la communauté musulmane qui était dans cette enclave, ce qu'on appelle enclave en ce moment-là, n'avait pas accès à son cimetière qui était à Bimbo-Boing parce que c'était une enclave contrôlée par les anti-balaka. Donc il se posait un problème extrêmement grave parce qu'il s'agissait d'une question sanitaire : ne pas pouvoir enterrer dans la dignité ses morts. C’est ce qui emmenait les musulmans à enterrer leurs morts dans les maisons, dans les espaces privés et cela était très dangereux. Ensuite, cela renforçait la crise et la méfiance entre les communautés. Cette situation pouvait déboucher sur un massacre, une situation que personne ne pouvait contrôler. Donc il fallait agir et agir vite.

Et qu'est-ce que nous avons fait ? Nous avons mobilisé toute la communauté. Nous avons parlé avec Monseigneur Nzapalainga, nous avons parlé avec les imams. Nous avons parlé avec les autres leaders religieux. Nous avons parlé avec le groupe d'auto-défense de PK5. Nous avons parlé avec les anti-balaka. Nous avons réussi à mettre tout le monde ensemble. Et au prix d'efforts inlassables, de discussions, de dialogues qui se faisaient au quotidien pour arrondir les angles, nous avons pu amener les gens à s'entendre, à se comprendre les uns et les autres, à comprendre que la Centrafrique est unique et indivisible. Et que ce soit musulman ou chrétien, nous avons l'obligation de vivre ensemble. On ne peut pas jeter les musulmans ou les chrétiens en dehors des frontières centrafricaines. Donc il faut trouver un modus vivendi. Et cela a fini par payer. Un pacte de non-agression a été signé entre les musulmans et les chrétiens, ce qui a donné l'accès au cimetière, aux musulmans. Et cela a été quelque chose d'extraordinaire, quelque chose de magique. Je pense, à mon humble avis, que c'est l'une des plus belles victoires de la Mission des Nations unies en République centrafricaine.

Question :  Parlons maintenant de la priorité du mandat de la MINUSCA, la protection des civils.

Oui, la protection des civils est majeure et j’essaie de ne pas construire des murs entre les questions de restauration de l’autorité de l'État, les questions de protection des civils et les questions de réconciliation. Tout est lié. Quand vous réussissez à restaurer l'autorité de l'État, c'est que l'État est présent. C'est que les forces de défense et de sécurité sont présentes et sont capables de jouer leur rôle. C'est que les préfets et les sous-préfets sont présents et peuvent mobiliser pour la reconstruction du pays et sont capables de délivrer les services urgents, c'est à dire l'eau, l’électricité et la santé. À partir du moment où vous réussissez ça, c'est que dans cette communauté, vous créez la paix et l'harmonie. Mais naturellement, nous ne sommes pas encore à ce niveau et il faut faire des choses. Et en matière de protection des civils, vous savez que pour pouvoir protéger les civils, il faut avoir l’information et de façon très intelligente, cette mission a mis en place ce qu'on appelle les assistants de liaison communautaire. C'est un corps de femmes et d'hommes centrafricains qui sont dans les préfectures, qui vivent avec les communautés et qui travaillent directement avec les Forces de la Minusca, les hommes et les femmes de la Minusca pour pouvoir avoir le privilège des informations, la primeur des informations pour que les vies soient sauvées. Et ce travail, nous le faisons au quotidien. Nous le faisons en communautés, en coopération avec la Force. Nous le faisons avec toute la Mission pour que, de façon prompte et sérieux, nous puissions intervenir et sauver des vies et arrêter le massacre, arrêter que véritablement l'intégrité physique et matérielle des gens soit menacée. Cela est fondamental et je pense que la mission va continuer à le faire. C'est beau de parler des Affaires civiles, mais je le dis et je le répéterai toujours, les Affaires civiles représentent un maillon dans la chaîne des réponses que cette Mission apporte pour accompagner la paix et la sécurité dans ce pays.

Sur un autre plan, certaines Affaires civiles gèrent aussi ce qu'on appelle des projets à impact rapide de l'ensemble de la Mission. Dites-nous, qu'est-ce que c'est ? Comment est-ce que cela se fait ? Et quels sont les défis et les acquis dans ce domaine ?

Oui, vous venez d'indiquer quelque chose de majeur parce que, la perception les Missions des Nations Unies, c’est quoi ? La perception, c'est que nous sommes venus pour faciliter le dialogue entre les groupes armés et les autorités légales qui sont en place. Mais le vrai nom de la paix, c'est le développement. Le vrai nom de la paix, c'est que la mission soit en mesure de pouvoir donner l'eau aux communautés qui n'en ont pas, de pouvoir donner l'électricité, de pouvoir donner les soins de santé. Que cette Mission soit capable de contribuer à la construction des marchés. Donc, c'est ainsi que les Qips, ce qu'on appelle les projets a impact rapide, ont été conçus, ont été inventés pour assurer et renforcer la crédibilité des Missions des Nations Unies. Parce que quand un pays sort de la guerre, le pays, il est généralement détruit. Et nous savons que depuis l'indépendance, ce pays n'a jamais eu l'espace ni le temps de se consacrer à ces questions de développement.

Il y a eu des crises récurrentes tout le temps…donc il fallait faire quelque chose et nous-nous sommes évertués, avec le soutien de tout le monde, à pouvoir construire des routes, à construire des ponts, à travailler sur la résilience économique des communautés parce que les gens ne disposent plus de ressources pour se nourrir. Donc, les activités génératrices de revenus ont été un outil important dans le relèvement de ce pays et c'est grâce à cette modalité dont nous disposons, c’est grâce aux projets à impact rapide que la mission a les moyens de véritablement satisfaire les besoins les plus pressants des communautés en évitant toute tracasserie… Parce que quand on a un projet, ça met du temps. Car vous avez besoin de signatures, vous avez besoin de rassembler plusieurs acteurs, mais les projets à impact rapide permettent d'intervenir de façon rapide.

Et les ressources sont ainsi dégagées décaissées pour que sur le terrain, on puisse faire la différence et c'est ce que nous essayons de faire.

Monsieur Guy Saizonou, je vous remercie.

 

C'est moi qui vous dis merci.