Bienvenue aux Nations Unies

Point de Presse de la MINUSMA du 16 avril 2020

Porte-parole : Olivier Salgado

Bienvenus à tous au point presse de la MINUSMA, votre travail et la circulation de l’information dans le pays en ces temps de crise sont extrêmement importants, merci pour votre participation. Bonjour aux auditeurs et auditrices de Mikado FM qui nous écoutent et merci pour votre fidélité.

Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir Monsieur Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies au Mali pour faire un point sur le travail de la Mission pendant cette pandémie du Covid-19. Le Chef de la MINUSMA répondra à vos questions en fin d’intervention.

Sans plus tarder Monsieur le Représentant spécial je vous laisse la parole.

Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies au Mali : Mahamat Saleh Annadif

Bonjour à tous. Bonjour chers auditeurs de la radio Mikado et nos amis journalistes grâce auxquels nous arrivons à communiquer. Le Porte-parole vous accueille le plus souvent avec de temps en temps avec un membre de la direction. Aujourd’hui, c’est moi-même qui suis là.

Vous connaissez tous les conditions dans lesquelles le monde est. Le Mali ne fait pas exception et la MINUSMA ne fait pas exception non plus. Tout le monde essaie de faire ce qui est possible pour vaquer à ses occupations mais également faire face à cette pandémie qui met tout le monde aux arrêts en quelque sorte. Je salue le travail immense que les uns et les autres font. Nous sommes dans cette même logique.

Vous le savez très bien, depuis que cette pandémie s’est installée, depuis le 25 mars où les premiers cas ont été signalés au Mali, nous avons essayé au niveau de la MINUSMA et du système de Nations unies de façon générale, de nous adapter en faisant un plan de contingence. Dans ce plan nous avons dégagé un certain nombre d’actions à faire en fonction de l’évolution de la situation. Il comporte plusieurs phases : la première est avant qu’il n’y ait de cas au Mali. Dès qu’il y a eu le premier cas, nous avons essayé de nous réajuster. Depuis lors, la majorité de nos agents travaillent à partir de leurs lieux de résidence. Quelques-uns, pour des raisons médicales, ont préféré rejoindre leurs familles. D’autres, pour des raisons pas nécessairement familiales ont également pu, grâce à des arrangements avec leurs ambassades, rejoindre leurs lieux de résidence habituels mais ils continuent à travailler à distance comme s’ils étaient physiquement présents à la MINUSMA.

Au niveau de nos bureaux, nous avons essayé d’alléger au maximum. Pratiquement 80 à 90% d’entre eux travaillent à partir de leurs maisons. Evidemment, il y a d’autres catégories comme les conducteurs, les mécaniciens et un certain nombre de fonctions qui font que l’intéressé est obligé d’être à son lieu de travail, comme nos docteurs et nos infirmiers. Nous essayons donc de nous réajuster au fur et à mesure que les choses avancent. Jusque-là, ça marche bien. Nous faisons tout pour que l’incidence du Covid-19 ne puisse pas arrêter notre travail.

Le deuxième point qui est une contrainte. Comme vous le savez, la majorité des cas sont déclarés à Bamako. Nous n’avons pas voulu être un vecteur de transmission ou de propagation de plus pour les régions où nous sommes déployés. Nous avons donc suspendu tous nos vols pour le transport des passagers. Nous avons quand même maintenu les vols pour le transport de l’approvisionnement de nos fonctionnaires. Nos cargos continuent de façon périodique à aller vers les régions. Nous avons UNHAS qui fait partie du système des Nations Unies et qui fait des vols humanitaires lorsque les gens tombent malade. Nous avons également des cas qui se déclarent positifs et UNHAS aide à transporter les prélèvements vers Bamako. C’est autant d’activités que nous sommes en train de mener parallèlement.

J’espère que nous pourrons dépasser cette période. Aujourd’hui, il est vrai qu’il y a un certain nombre de pays qui en souffrent plus que d’autres. Comme j’ai l’habitude de le dire à mes collègues, cela n’arrive pas qu’aux autres. Il faut se prémunir. La prévention est la chose la plus importante. Dans ce cadre, je me permets de louer notre coordination et notre collaboration avec les autorités maliennes qui se démènent jour et nuit. Je loue le travail immense que font les médecins, les infirmiers et les autres travailleurs de la santé qui font un travail extrêmement important. C’est dans ce cadre que les cas que nous avons eu jusqu’à présent, nous les avons d’abord mis dans les institutions maliennes. Par la suite, en fonction des complications et de l’état de santé, nous les reprenons. Nous avons un centre de transit. Pour ceux qui suivent les informations, nous l’avons visité il y a deux jours avec les autorités maliennes parce que nous voulons avoir le même protocole tout en restant une roue de secours pour les autorités maliennes. Nous sommes en train de développer des capacités pour au moins les prendre en charge, s’il y a des cas à la MINUSMA qui ne sont pas très graves. Nous coordonnons le tout avec les autorités maliennes. De ce point de vue, il y a de quoi se réjouir et jusque-là le Mali n’est pas classé dans le haut sur l’échelle. Nous avons certes depuis hier plus de 150 cas et nous prions pour qu’il n’y ait pas une augmentation même si nous ne sommes pas naïfs. Ce chiffre peut augmenter. Même au niveau du staff de la MINUSMA, je dis toujours à mes collègues de faire attention, de respecter les mesures barrières qui sont édictées. Nous avons jusque-là deux cas. Le premier est déjà déclaré négatif et le second est en voie de récupération mais il ne faut pas croire que nous nous arrêterons à ces deux cas. D’autres cas peuvent survenir et il faut s’armer pour pouvoir les affronter et ne pas paniquer. Il faudrait, en tous cas, adopter une attitude qui puisse faire que nous continuons à délivrer. Nous l’avons vu au niveau de Tombouctou, Gao et même Tessalit qui aujourd’hui a beaucoup de difficultés comme Kidal car ces deux régions sont voisines à l’Algérie qui a fermé ses frontières. Il y a des problèmes de ravitaillement. Nous coordonnons tout cela avec les autorités maliennes pour qu’il y ait le moins de contaminations possible.

Voici ce que je pouvais dire à titre introductif mais je suis à votre disposition si vous avez des préoccupations. Une fois de plus, je vous remercie.

Porte-parole : Olivier Salgado

A présent et rapidement quelques mises à jour sur la Mission de l’ONU au Mali.

Direction de la MINUSMA

Réunion de la Médiation internationale

La Médiation internationale s'est réunie hier le 15 avril pour discuter de l'état d'avancement de la mise en œuvre de l'Accord de paix, en particulier de ses aspects institutionnels et sécuritaires. Cette réunion a été l'occasion pour la Médiation internationale de renouveler son engagement envers le processus de paix notamment dans un contexte marqué par la crise sanitaire du Covid-19. La possibilité de reprendre les travaux du CSA le plus rapidement possible, à distance, en vidéoconférences a également été évoqué par les membres de la Médiation.

Appui au processus électoral

 

La MINUSMA a reçu le 14 avril dernier, près de 2 tonnes de matériel et de documents électoraux sensibles à transporter dans les régions du Nord et du Centre pour le second tour des élections législatives.

La cargaison transportée par voies aériennes contient principalement des bulletins de vote ainsi que du matériel pour les bureaux de vote. Conformément à son mandat, la MINUSMA soutient les autorités maliennes dans le processus électoral depuis 2013. Lors du premier tour des élections législatives du 29 mars 2020, la MINUSMA avait déjà apporté un soutien sécuritaire, technique et logistique, il en est donc de même pour ce deuxième tour qui aura lieu dimanche prochain. Plusieurs tonnes de matériel électoral et plusieurs fonctionnaires et acteurs électoraux ont été transportés dans le nord et le centre du pays.

Lors du premier tour des élections législatives du 29 mars 2020, la MINUSMA avait apporté un soutien logistique, technique et sécuritaire. Quelque 14 tonnes de matériel électoral (sensible et non-sensible) ainsi que 200 agents de supervision du gouvernement ont été transportés à leur demande dans les régions du Nord et du Centre du pays par la MINUSMA. De plus, 71 Assistants logistiques ont été transportées par route ainsi que près de 1 000 préfets et des sous-préfets dans les cercles.

RSS-DDR

Lutte contre l’extrémisme violent

Le 7 avril, la MINUSMA a fourni du matériel informatique et technique à deux centres communautaires et de formation des jeunes, en construction à Mopti et Gao. Le projet a été développé dans le cadre du soutien au ministère des Affaires religieuses et du Culte et de son plan d'action pour la lutte contre l’extrémisme violent. Cet appui vise à renforcer la capacité de la jeunesse locale à faire face aux facteurs de radicalisation. Ce projet y compris la construction du Centre a été financé par le Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali, à hauteur de près de 196 millions de francs CFA.

Appui aux institutions

Le 3 avril, l’Inspecteur général du Service de l’Inspection des services judiciaires du Ministère de la Justice a entamé une mission de deux semaines à Gao avec l’appui technique et logistique de la MINUSMA, pour échanger avec les autorités judiciaires et pénitentiaires sur le fonctionnement de leurs services et leurs préoccupations afin d’évaluer l’effectivité de la justice dans la région.

Malgré le contexte créé par le Covid-19 qui limite contacts et déplacements, les inspecteurs ont reçu les magistrats du Tribunal de grande instance et les juges de paix à compétence étendue d’Ansongo et de Bourem, ainsi que les autorités pénitentiaires.

La mission du ministère de la justice dans la région de Gao fait suite à celle effectuée le 1er et le 2 avril dans la ville de Kidal. Elle dénote la volonté marquée des autorités nationales, avec le soutien de la MINUSMA, de soutenir le retour de l’autorité de l’Etat et de ses services, y compris les autorités judiciaires et pénitentiaires, pour un accès effectif à la justice, socle de la cohésion sociale et la paix.

Droits de l’Homme et Protection

Du 4 au 10 avril, la Division des droits de l'homme et de la protection de la MINUSMA a documenté 15 cas de violation des droits de l'homme et abus. Cela représente 12 cas de moins que la période précédente et au cours de laquelle de nombreux abus avaient été enregistrés dans le cadre du premier tour des élections législatives. Les cas ont été documentés dans les régions de Gao, Kayes, Kidal, Ménaka, Mopti, et Tombouctou. Ces violations ont entraîné la mort d'au moins cinq hommes, l'enlèvement de deux autres et ont occasionné des blessures à 26 personnes. Plusieurs maisons et autres biens ont été pillés ou détruits. Les principaux auteurs étaient des éléments extrémistes violents, des groupes armés signataires et non signataires, ainsi que les forces de sécurité nationales.

Activités de la Police de la MINUSMA

Du 8 au 15 avril 2020, la Police des Nations Unies a effectué 67 patrouilles conjointes avec les Forces de sécurité maliennes et huit patrouilles de longue portée dans le District de Bamako et dans toutes les autres régions du Centre et du Nord du pays. Des patrouilles nocturnes ont été conduites dans les régions de Bamako, Gao, Ménaka, Tombouctou, Mopti et leurs périphéries. L’objectif est de ces patrouilles est de dissuader toute personne susceptible de poser un acte criminel au sein des populations.

Dans le cadre de la lutte contre la contagion et la propagation du Covid-19, la Police de la MINUSMA a procédé le 12 avril à l'assainissement des Maisons d’arrêt de Bamako, conjointement avec la Plateforme nationale malienne de réduction des risques et catastrophes Covid-19.

Plusieurs marchés ainsi que les Commissariats des 15ème et 10ème arrondissements ont aussi été concernés le 15 avril.

Activités de la Force de la MINUSMA

Opérations militaires

Malgré la dégradation de la situation sécuritaire au centre du Mali et les contraintes liées à la lutte contre la pandémie du Coronavirus, les activités de la Force de la MINUSMA ne faiblissent pas.

Ainsi, sur l’axe Ansongo- Labezanga, les Casques bleus intensifient leurs activités dans le cercle d’Ansongo suivant le dispositif de l’opération Seka qui a pour objectif de dissuader toute forme d’attaque ou de violence contre les populations et leurs biens. Cette dernière semaine, 16 patrouilles de longue portée ont été conduites et 13 postes de contrôle ont été érigés.

Il est important de noter que, en vue de soutenir la stratégie nationale de lutte contre le covid-19, les contacts physiques avec les responsables communautaires ont été limités à leur strict minimum.

Quant à l’opération Buffalo, elle se poursuit au centre du Mali, renforcée par un appui aérien. Les Casques bleus ont ainsi patrouillé ces derniers jours dans près de 17 localités. Plusieurs bases temporaires ont été érigées dans la région pour renforcer la protection des populations malgré la dégradation de la situation sécuritaire notée ces dernières semaines, caractérisée par des attaques d’individus armés non identifiés.

Au cours de la semaine écoulée, la Force a mené sur l’ensemble de sa zone d’opération, 632 patrouilles (patrouilles de jour et de nuit, de longues et de courte portées) et érigé des dizaines de check points. Ces patrouilles aussi bien terrestres qu’aériennes, contribuent à réduire les violences sur les populations et à ramener le calme dans les zones où les tensions communautaires sont signalées.

Evacuations médicales

Le 9 avril, la Force a évacué des blessés de Koro à Mopti suite à l’explosion d’un engin explosif improvisé ayant visé le convoi du sous-préfet de Dinangourou. L'attaque a fait cinq morts, dont le sous-préfet et 4 blessés.

Le même jour à Ogassogou Habbe, dans le cercle de Bankass, la Force a pu éviter un affrontement intercommunautaire lorsqu’elle a été alertée des tensions naissantes. Elle a pu ainsi protéger les populations contre toute violence conformément à son Mandat. Félicitations à nos Casques bleus, et c’est sur cette note positive que nous allons nous quitter cette semaine.