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À Mopti, les enfants appellent à plus d’actions en faveur de ceux qui vivent dans les zones de crise 

Le 25 novembre dernier, Mopti a commémoré la 31ème édition de la Journée Internationale des droits de l’enfant, sous le thème « Agir pour Protéger les Enfants Touchés par les Conflits Armés », en présence d’une centaine de personnes. Au-delà de la journée, il s’agit d’un thème qui entre dans le cadre d’une vaste campagne des Nations Unies entamée en juillet 2019 au Mali et dont l’objectif est de sensibiliser et mobiliser les communautés pour prévenir et mettre fin aux six violations graves commises contre les enfants pendant les conflits armés.

La Division des droits de l’homme et de la protection de la MINUSMA (DDHP), la Direction régionale de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille (DRPFEF), et le bureau régional du parlement des enfants de Mopti se sont associés pour cette célébration. Une journée marquée, dans un premier temps, par une table-ronde tenue dans la salle de conférence de la Maison des artisans de Sévaré. Cette première activité, présidée par le maire-délégué de la commune de Mopti, Albachar MAIGA, a réuni une cinquantaine de personnes parmi lesquelles, la présidente du parlement des enfants, Mariam Yada dite Claire KASSOGUE, le Directeur régional de la DRPFEF, Moussa DOUMBIA, le Représentant de la Cheffe du Bureau la MINUSMA, Jens Christensen, ainsi que d’autres partenaires intervenants dans la protection de l’enfant dans la région.

Les droits de l’enfant, une question transversale au sein de la MINUSMA

Dans ses propos liminaires, le Représentant de la Cheffe du Bureau de la MINUSMA, Jens Christensen, a brièvement rappelé l’historique de cette journée instituée le 20 novembre 1954 par l’Assemblée générale des Nations Unies. C’était avant l’adoption de la Convention des droits de l’enfant (CDE), le 20 novembre 1989, à travers la résolution 44/252. Cette convention est axée sur quatre principes fondamentaux, à savoir la non-discrimination, la priorité donnée à l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit de vivre, de survivre et de se développer, ainsi que le respect des opinions de l’enfant. Elle comporte 54 articles et deux Protocoles facultatifs énonçant les droits fondamentaux des enfants du monde.

L’Assemblée générale des Nations Unies a ainsi articulé cette convention autour de la Déclaration des droits de l’enfant, entrée en vigueur cinq années plus tard, jour pour jour après la création d’une Journée internationale des droits de l’enfant, soit le 20 novembre 1959. Aussi, a-t-il été souligné l’importance de la CDE qui, non seulement occupe la première place parmi les traités les plus ratifiés en matière de droits de la personne humaine mais aussi, s’avère être le premier instrument juridique international ayant force obligatoire. Selon le principe de la force obligatoire, la CDE, en tant qu’instrument juridique s’impose dans le fond, tel que voulu au départ par les Etats signataires. Ces derniers sont donc tenus de respecter tous les droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux des enfants tel qu’énumérés dans la Convention des Droits de l’Enfant.

Plus loin, M. Christensen a mis en exergue l’importance de cette journée au cœur de laquelle s’inscrit le droit et la protection de l’enfant. Une question transversale prioritaire au sein de toutes les composantes des Missions de maintien paix onusiennes, y compris la MINUSMA. Par ailleurs, le thème au centre de ces célébrations fait écho à celui retenu au niveau national, portant sur la « Protection de l’Enfant en période de crises, une responsabilité partagée » et qui s’aligne avec la vision du Secrétaire général de l’ONU. À ce sujet, la MINUSMA et ses partenaires ont ainsi dédié cette journée à la promotion des droits des enfants exposés aux graves violations notamment, à travers la campagne de sensibilisation sur les six violations graves dont sont victimes les enfants en temps de conflit armé. Ces six violations comprennent le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats, le meurtre et la mutilation d’enfants, le viol et les violences sexuelles sur les enfants, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, ou encore les enlèvements d’enfant. « Au Mali, l’envergure de cette tragédie doit mobiliser notre attention et une réponse collective appropriée afin de protéger ces enfants forcés de commettre ou à être témoins ou victimes de violations et violences graves. Cette situation met en danger leur développement physique et affectif et constitue un frein à toute paix pérenne », a déploré le Chef de Bureau par intérim de la MINUSMA à Mopti.

Le Directeur de la DRPFEF s’est, pour sa part, réjoui de « cette journée de réflexion, avec et pour les enfants et pour laquelle, il faut continuer à mobiliser les communautés afin qu’elles jouent leurs rôles dans la promotion et la défense les droits de l’enfant malien ».

Encore et toujours agir pour protéger les enfants

Après la série d’allocution, les enfants ont tenu à exprimer leur gratitude au présidium. Se mettant debout, alors que le reste de l’assistance était assis, les membres du parlement des enfants de Mopti ont manifesté leur joie, en alternant chauds applaudissements et mots de remerciements lancés à l’endroit des autorités régionales et de la MINUSMA.

La table-ronde tenue à la première phase de ces célébrations, portait sur « la Protection de l’Enfant en période de crises, une responsabilité partagée ». « Un thème qui interpelle la conscience collective et demande plus d’actions en faveur des enfants, notamment ceux vivant dans les zones de conflits », selon la présidente du parlement des enfants. Les débats ont suscité toute une série de questions : « Combien de mes camarades sont victimes de la crise qui sévit dans la région du Centre jusqu’à ce jour ? Que dirons-nous à ceux privés des services sociaux de base dans la région ? Est-il possible de ramener la cohésion sociale après les crises et saurions nous convaincre les enfants orphelins de la nécessité de ces crises ? ». Des questions que se posent les enfants et qui, « si elles ne sont pas résolues par les gouvernants, demeureraient autant de défis à relever par les générations futures », s’inquiètent-il. Cette activité leur a permis d’en apprendre davantage sur leurs droits et les instruments juridiques mis en place pour les protéger.

Une séance de sensibilisation sur les droits de l’enfant au sein du groupe scolaire Bocary OUELEGUEME de Sévaré a également été organisée. Elle a vu la participation de plusieurs dizaines d’élèves, en présence des autorités scolaires, des parents d’élèves, et des membres des organisations de défense des droits de l’enfant. À la suite des messages diffusés sur les six violations graves des droits de l’enfant, les plus jeunes participants ont débattu des types de violence souvent commises contre les enfants dans la communauté. Enfin, un quiz leur a permis de qualifier ces violences dont ils ont été témoins ou ont entendu parler : châtiments corporels, la mendicité des enfants, la déscolarisation, les viols, l’implication dans les conflits etc. Enfin et à l’unanimité, les enfants ont exprimé leur souhait de voir la réouverture de toutes les écoles de la région de Mopti.